Le Bluetooth, une technologie méconnue

Le Bluetooth, un peu d’histoire

Aujourd’hui, nous allons vous parler de la technologie Bluetooth. Très utilisée dans le monde de la téléphonie mobile et de plus en plus courante dans les PC, cette technologie est souvent mal comprise par les utilisateurs.

Un peu d’histoire, pourquoi Bluetooth ?

Petit paragraphe pédagogique. La technologie tire son nom d’un roi danois, Harald Blåtand. Ce monsieur, né en 911, a réussi à unifier des royaumes vikings (la Suède, le Danemark et la Norvège) à un moment où le monde entier était divisé en de nombreux petits royaumes.

Le nom de ce roi peut se traduire par « Dent Bleue », justement. Et comme un des instigateurs du projet n’est autre qu’Ericsson (société suédoise), le nom « Bluetooth » a été proposé pour la norme et a été accepté.

Le logo de la norme Bluetooth est une référence au nom du roi Harald Blåtand, les symboles internes sont un H et un B en runes nordiques.

Petite introduction

Le Bluetooth est souvent présent dans les téléphones et les PC portables, mais son utilité ne saute pas nécessairement aux yeux. Typiquement, c’est une norme qui permet de faire communiquer des appareils électroniques sans fil, par onde radio.

Concurrent du Wi-Fi ? Non

On compare souvent le Bluetooth à l’infrarouge et au Wi-Fi, mais ces trois technologies sont très différentes.

L’infrarouge est relativement rapide (16 mégabits par seconde) mais a une portée très courte, les périphériques doivent être alignés et se voir, et surtout l’infrarouge ne sert qu’au transfert de données. Cette norme est d’ailleurs très rare actuellement dans l’informatique.

Le Wi-Fi est une norme rapide (jusque 300 mégabits par seconde, voire plus, du moins en théorie), avec une grande portée (plus de 100 mètres) mais qui souffre d’une grande consommation et surtout qui est conçue pour créer des réseaux, pas pour connecter une oreillette, par exemple.

Le Bluetooth est modulaire

L’avantage du Bluetooth est qu’il est simple à implémenter, pas trop cher, et bien standardisé : une organisation, le Bluetooth SIG (Bluetooth Special Interest Group) s’occupe de la normalisation de la technologie.

Un des grands avantages du Bluetooth vient de sa modularité : on travaille avec ce que l’on appelle des « Profile ». Un Profile est une couche logicielle standardisée qui permet de communiquer entre deux périphériques et qui vient se placer au-dessus de la couche de transport (la norme elle-même). Pour utiliser une oreillette, par exemple, il suffit que les deux appareils soient compatibles avec le Profile HSP (Head Set Profile). Les Profiles évoluent et certains appareils peuvent même recevoir des Profiles supplémentaires au fil du temps.

Les normes et les Classe

Généralement, un appareil Bluetooth est caractérisé par deux informations : sa version de la norme et sa Classe.

Compatibilité dans tous les sens pour la norme

Mettons les choses au point : un appareil Bluetooth 2.1 + EDR (dernière version de la norme) est compatible avec un autre appareil en version 1.0b (la première utilisée commercialement). Bien évidemment, on ne tirera pas parti de certaines avancées apparues dans les dernières versions de la norme, mais ça fonctionne.

Les différentes normes

La version 1.0 du Bluetooth a été très peu utilisée et a été très vite remplacée par la version 1.0b, qui a été la première version proposée commercialement. La seule différence entre les périphériques 1.0 et 1.0b c’est que l’interopérabilité entre marques est meilleure avec la version 1.0b. Les premiers téléphones Bluetooth (comme le T68i) utilisent la norme Bluetooth 1.0b. Ils ne posent aucun problème de compatibilité avec les versions suivantes de la norme.

La version 1.1 du Bluetooth est une mise à jour mineure, qui apporte peu de choses : quelques corrections de bug par rapport à la version 1.0b, la possibilité d’utiliser des canaux non cryptés et l’ajout d’un signal permettant de connaître la puissance de réception.

La version 1.2 apporte une vitesse pratique un peu supérieure et une meilleure résistance aux interférences (en séparant bien les sauts de fréquences).

La version 2.0 est rétrocompatible avec les versions 1.x, et réduit la consommation des périphériques tout en améliorant la fiabilité des transferts (en utilisant une meilleure correction des erreurs).

La version 2.0 + EDR permet une plus grande vitesse pratique, jusqu’à 2,1 mégabits/s (au lieu de 0,7 mégabit/s avec les versions antérieures). Bien évidemment, il faut que les deux appareils qui communiquent soient compatibles EDR. C’est la version la plus courante dans les PC portables et les téléphones.

Enfin, la version 2.1 + EDR améliore certains points, donc le jumelage. Avec cette version, l’appairage est plus simple et plus rapide. De plus, quelques améliorations de sécurité sont présentes, ainsi qu’un mode de connexion « NFC » (Near Feald Contact) qui permet des liaisons à très courte portée.

Les trois Classe

La portée des équipements Bluetooth dépend en grande partie de la puissance en émission. Il existe trois classes de produits Bluetooth, en fonction de la puissance émise.

Les produits de la Classe 1 sont les plus puissants. Ils émettent avec une puissance maximum de 100 milliwatts. La portée effective de ces appareils est d’environ 100 mètres (sans obstacles). Les dongles (adaptateurs pour PC) sont en majorité des périphériques de Classe 1 (parfois Classe 2).

Les produits de la Classe 2 sont les plus courants. La puissance habituelle est d’environ 2,5 milliwatts. La portée est nettement plus courte, environ une dizaine de mètres. La majorité des PDA et des appareils les plus courants utilisent cette classe. Les téléphones récents sont en général aussi des appareils de la Classe 2.

Enfin, la Classe 3 est la moins puissante. La puissance est limitée à 1 milliwatt, et la portée est de quelques mètres au maximum. Les téléphones portables sont en général des appareils de la Classe 3.

Même si le Bluetooth utilise une fréquence proche des fours à micro-ondes, la puissance est tellement faible qu’il n’y a aucun danger réel : un téléphone portable a une puissance moyenne de 2 milliwatts en Bluetooth et un four atteint les 1000 Watts (et libère environ 1 Watt vers l’extérieur).

Mais comment ça marche ?

Le Bluetooth utilise une technologie radio pour la transmission des données, nous l’avons déjà vu. La norme utilise une bande de fréquences ISM (Industriel Scientifique Médicale) qui se trouve dans les 2,4 GHz. Pour couper court (en partie) à la polémique, rappelons que « dans la bande des 2,4 GHz » ne signifie pas 2,45 GHz — la fréquence utilisée dans les fours à micro-ondes — et qu’il ne s’agit pas non plus de la fréquence de résonance de l’eau. Au passage, les fours à micro-ondes industriels travaillent aux environs de 900 MHz.

Une bande encombrée

Une autre technologie courante travaille dans la même bande, le Wi-Fi (en version 802.11b, 802.11g et 802.11n), et les récepteurs de beaucoup de claviers et de souris utilisent aussi cette bande de fréquence.

Le Bluetooth travaille sur 79 fréquences, par pas de 1 MHz, entre 2400 et 2483,5 MHz. Il fonctionne par sauts de fréquences, c’est-à-dire que la fréquence utilisée change en permanence (toutes les 625 microsecondes, soit 1600 fois par seconde). Cette particularité permet en partie d’éviter les interférences (la bande des 2400 MHz était notamment utilisée par l’armée pour ses communications).

Les différentes versions de la norme Bluetooth améliorent en partie la gestion des interférences, la version 1.1 ajoute un signal indiquant la puissance de réception (RSSI) et la version 1.2 utilise la technologie AFH (saut de fréquences adaptatif) qui permet de réduire les interférences avec les réseaux Wi-Fi en évitant de faire des sauts entre des fréquences trop proches.

Le fonctionnement : maître – esclave

Le Bluetooth travaille avec une architecture de type maître/esclave. Un périphérique peut avoir trois rôles : maître, esclave, ou esclave en attente (parked). Un maître peut administrer des esclaves pour former un « piconet » : c’est un ensemble de périphériques qui peut contenir 8 membres : 1 maître et 7 esclaves. En plus, il peut y avoir jusque 255 esclaves « parked ».

Ensuite, les réseaux piconet peuvent être interconnectés, un maître peut être esclave d’un autre maître. En théorie, un « scatternet » peut contenir au maximum 72 périphériques : on peut chaîner jusqu’à 10 piconet, mais certains membres (8) doivent être communs pour faire effet de passerelles entre les piconet : (8 x 10) – 8 = 72.

Trois modes de transfert

Il existe trois modes de transfert en Bluetooth, la liaison synchrone, la liaison asynchrone et la liaison SCO (voix).

La liaison synchrone

Les liaisons synchrones sont utilisées pour relier deux appareils qui doivent communiquer dans les deux sens à la même vitesse, par exemple une liaison entre deux ordinateurs, ou entre un PDA et un téléphone. La vitesse de transfert en synchrone est de 432 kilobits/s en bidirectionnel. Les données sont transmises en continu et si un problème survient durant le transfert, les données sont renvoyées directement. Concrètement, ce mode de liaison ne convient pas pour des transmissions vocales, par exemple, à cause du décalage possible qui est inacceptable. En EDR, le débit est triplé, si les deux appareils sont compatibles (1 296 kilobits/s).

La liaison asynchrone (ACL)

Les liaisons asynchrones sont utilisées quand un canal nécessite plus de vitesse que l’autre. Par exemple, une connexion Internet typique travaille en asynchrone (on reçoit nettement plus que ce que l’on envoie). La vitesse de transfert en ACL est de 721 kilobits/s dans un sens et 57,6 kilobits/s dans l’autre. De la même façon que les liaisons synchrones rapides, en asynchrone il peut arriver que des paquets se perdent. En cas de problème, les paquets sont réenvoyés immédiatement, ce qui empêche de travailler en temps réel. De ce fait, les liaisons ACL ne sont pas adaptées au transfert de contenu en temps réel (voix, vidéo, etc.). On utilise les liaisons ACL pour des transferts de fichiers et pour les communications entre deux périphériques dont un demande peu de retour : une connexion Internet, une impression, etc. Comme en synchrone, on passe de 721 à 2 163 kilobits/s en EDR.

La liaison voix (SCO)

Le Bluetooth propose des canaux spécialisés pour le transfert de la voix ou des données, les canaux SCO (Synchronous Connection Oriented). Un canal propose une vitesse de transfert de 64 kilobits/s. Un esclave peut utiliser 3 canaux SCO simultanément. Contrairement aux liaisons ACL, en cas de pertes de données la liaison SCO ne renvoie pas les paquets. Du coup, elle permet le temps réel, mais avec un risque de perte de données. Comme on utilise essentiellement les liaisons SCO pour la voix, la perte de quelques bits de données est négligeable.

Les liaisons entre un téléphone portable et une oreillette utilisent une liaison de type SCO. Pour la transmission de la voix, le Bluetooth utilise un codage de type CVSDM (Continuously Variable Slope Delta Modulation). Étant donné que le canal ne fournit que 64 kilobits/s et que le CVSDM ne compresse pas le son, la qualité est assez faible : le son est transmis en monophonique, avec une fréquence d’échantillonnage de 8 kHz et une quantification en 8 bits. Pour rappel, le CD utilise une fréquence d’échantillonnage de 44 kHz en 16bits et stéréo. Concrètement, pour un usage « voix » uniquement cela suffit amplement, mais pour un usage musical c’est totalement insuffisant, ce qui explique l’existence d’un Profile dédié (A2DP).

La pile Bluetooth et les stacks

Le Bluetooth utilise une architecture qui prend la forme d’une pile : chaque couche dépend de la partie inférieure et tout est empilé.

La partie matérielle

Une partie de la pile est matérielle, gérée par le contrôleur lui-même. Ce dernier peut être une puce indépendante ou être intégré dans une autre puce (avec le Wi-Fi, par exemple). La couche radio est gérée par le contrôleur, et indique les fréquences et la puissance nécessaire aux périphériques. La bande de base indique les types de liaisons que le Bluetooth peut utiliser. Le contrôleur de liaison gère la connexion physique entre deux appareils et le gestionnaire de liaison doit gérer la sécurité et les liens utilisés entre les périphériques.

L’interface de contrôle (HCI) est indépendante du hardware et du software. Elle sert à faire un pont entre le logiciel et le matériel. Le protocole Bluetooth permet d’utiliser des contrôleurs sur les types de liaisons suivantes : USB (le plus courant), PC Card (rare actuellement), série RS232 (généralement dans l’industrie, comme pont), UART (rare) et SD (rare actuellement)

La partie logicielle

La couche L2CAP (Logical Link Control & Adaptation Protocol) est la partie logicielle qui permet de gérer les paquets et d’utiliser les différents profils. Les Profiles sont des fonctions logicielles implémentant une fonction particulière (gestion d’oreillette, de transfert de données, etc.). Les Profiles supportés dépendent du matériel et de la stack utilisée.

La stack

La stack est le nom donné à la partie logicielle du Bluetooth. Considérée par certains comme un pilote, il s’agit en pratique d’un peu plus que ça. La stack est un pilote mais aussi une interface logicielle qui gère les Profiles. On retrouve deux types de stack, celles intégrées à un système d’exploitation et les autres. Apple et Microsoft proposent chacun une stack Bluetooth intégrée au système (depuis le Service Pack 2 de Windows XP chez Microsoft). Autant celle d’Apple est complète (depuis Léopard) avec notamment la gestion de l’audio, autant Microsoft propose une stack limitée, se limitant en pratique aux transferts de fichiers et à la gestion des claviers et des souris. Sous Linux, la stack utilisée dépend essentiellement de la distribution.

Les stacks commerciales sont nombreuses sous Windows et les fonctions dépendent essentiellement du développeur. Les trois plus connues sont les stacks Widcomm (Broadcom), BlueSoleil et Toshiba. La première est très complète et souvent livrée avec les dongles Bluetooth. Attention, la licence est payante et les mises à jour sont donc à la discrétion du constructeur du dongle. BlueSoleil est aussi livré avec certains dongles mais il est possible d’acheter une licence pour 20 €. Souvent décriée, cette stack pose plus de problèmes de compatibilité, mais l’interface est plus intuitive que les autres. Enfin, la stack de Toshiba est très complète et légère, mais assez rare car elle nécessite un dongle Toshiba ou d’une marque qui l’utilise en OEM (certains Vaio, notamment).

La sécurité et le jumelage

Le Bluetooth est un protocole sécurisé à l’origine, bien plus sûr que le Wi-Fi, par exemple.

Une sécurité implicite

La première chose qui protège le Bluetooth, c’est sa portée limitée : la majorité des équipements sont des périphériques de Classe 2, dont la portée excède rarement plus de 10 mètres. Il est possible d’utiliser des antennes directionnelles, mais cette pratique est marginale bien qu’assez simple à mettre en place : il suffit de relier le dongle Bluetooth à une antenne utilisée pour améliorer les réseaux Wi-Fi, car les fréquences utilisées sont proches. La deuxième chose, c’est que les périphériques Bluetooth sont indécelables par défaut : la majorité des périphériques doivent être explicitement placés en mode détection pour être vus par d’autres appareils que ceux auxquels ils sont jumelés.

Une sécurité explicite

Bien évidemment, le protocole Bluetooth implémente différentes méthodes de sécurisation. Un périphérique Bluetooth dispose d’une adresse unique, comme l’adresse MAC des cartes réseau. Cette adresse est formée de 48 bits : les trois premiers octets identifient le fabricant (24 bits), les 3 suivants sont ceux attribués au périphérique (24 bits). De plus, chaque périphérique se voit attribuer un type : PC, téléphone, oreillette, etc.

Trois modes pour le Bluetooth

Trois modes existent, numérotés de 1 à 3. Le niveau 1 n’a ni chiffrement ni authentification. Les appareils sont en mode « de promiscuité ». Ce niveau n’est disponible qu’à partir de la version 1.1 du Bluetooth. Le niveau 2 offre une protection au niveau de l’application (sur la couche L2CAP). La connexion s’effectue, et ensuite le gestionnaire propose l’authentification du périphérique. Le niveau 3 utilise une protection au niveau du canal de communication. L’authentification s’effectue par adresse Mac et code PIN, avant la connexion proprement dite.

La norme 2.1 du Bluetooth introduit un mode supplémentaire, le niveau 4 : la connexion ne peut s’effectuer que si c’est l’appareil en mode 4 qui initialise la communication.

Le jumelage

Avec les normes antérieures à la 2.1, les appareils utilisent un code PIN pour le pairage entre deux appareils. Le pairage consiste en une procédure de connexion entre 2 appareils, pour que ceux-ci puissent communiquer. Bien que le code puisse comprendre entre 1 et 16 octets, habituellement on travaille sur 4 octets (généralement 0000).

Le protocole utilise 3 étapes pour initialiser une connexion :

Création d’une clé d’initialisation : le maître envoie un nombre aléatoire (128bits) à l’esclave. L’esclave envoie son adresse BD_ADDR (48bits). À partir de ce nombre aléatoire, de la BD_ADDR et du code PIN (entré sur les deux périphériques) une clef d’initialisation est calculée.

Création d’une clef « de lien » (Link Key) : chacun des 2 périphériques utilise la clef d’initialisation pour coder un nombre aléatoire (128bits). Les 2 nombres aléatoires obtenus sont échangés, et un algorithme permet de créer une clef de liens à partir de ces 2 nombres.

L’authentification elle-même se déroule en utilisant un quatrième nombre aléatoire : une valeur 32bits (SRES) est créée via un algorithme, elle utilise la clef de lien, le nombre aléatoire et l’adresse BD_ADDR. Les périphériques vérifient mutuellement que les valeurs SRES sont identiques.

Les problèmes de sécurité à ce niveau : Certains appareils n’ont pas de dispositifs de saisie pour le code PIN (par exemple une oreillette), donc un code est fourni automatiquement avec le périphérique, et il n’est pas modifiable. Certains constructeurs proposent un code aléatoire, indiqué dans le manuel. D’autres utilisent un code par défaut, qui est souvent 0000 ou 1234, ce qui est pose des problèmes de sécurité.

En Bluetooth 2.1

La norme 2.1 introduit une nouvelle manière d’appairer deux appareils, le « Secure Simple Pairing ».

Concrètement, les deux appareils échangent une clé publique, et créent un nombre en fonction. Si les deux périphériques sont capables d’afficher des informations (et donc s’ils sont dotés d’un écran), ils affichent le code généré. L’utilisateur doit simplement accepter la connexion si les deux nombres sont identiques. Sur les appareils ne disposant pas d’un écran (une oreillette, par exemple), l’utilisateur doit simplement accepter la connexion, sans devoir taper un code PIN.

L’avantage au niveau de l’utilisation est évident, il n’y a plus de code PIN à taper pour l’utilisateur. Pour la sécurité, le Secure Simple Pairing est mieux sécurisé à la base, et le problème des appareils avec un code fixe et connu (le classique 0000 des oreillettes) disparaît.

Le Bluetooth et les Profiles

Image 1 : Le Bluetooth, une technologie méconnueNous l’avons vu, le Bluetooth utilise une architecture basée sur des Profiles, qui offrent des fonctions précises. Techniquement, le fonctionnement est assez simple : quand deux appareils disposent du même Profile, ils fonctionnent ensemble.

En pratique

En pratique, comme tous les appareils ne gèrent pas tous les Profiles, c’est parfois assez difficile de faire fonctionner deux appareils de marque différente. L’exemple le plus courant est l’A2DP (musique en Bluetooth) : tous les téléphones ne gèrent pas la norme. De même, sur un ordinateur, le support de la norme est assez aléatoire : alors que les stacks commerciales sont compatibles, Microsoft ne fournit pas de support et Apple le limite à Leopard.

Les Profiles les plus courants

BIP – Basic Imaging Profile

Un Profil dédié à la gestion des images. Il propose plusieurs fonctions intéressantes (pas nécessairement implémentées) : envoyer et recevoir des images (avec création de vignette automatique), imprimer une image, commander un appareil photo à distance ou utiliser l’écran d’un appareil photo à distance.

Image 2 : Le Bluetooth, une technologie méconnueBPP – Basic Printing Profile

Un Profil pour l’impression. Il a été créé pour être utilisé d’une façon bien précise : imprimer vers une imprimante compatible Bluetooth nativement à partir d’un terminal de type GSM ou PDA. Pour les impressions depuis un PC, le Profil HRCP est nettement plus adapté.

CTP – Cordless Telephony Profil

C’est un Profil permettant d’utiliser un terminal (GSM, PDA, PC) pour téléphoner en utilisant une passerelle reliée au réseau commuté. En utilisant une base intégrant ce Profil, vous pourrez ainsi utiliser un GSM via le réseau téléphonique classique.

DUN – Dial Up Networking Profile

Le DUN permet d’utiliser un modem via le Bluetooth. Le modem peut être un modem RTC, mais est plus généralement un modem GPRS ou UMTS intégré dans un téléphone mobile.

FTP – File Transfer Profile

Ce Profil permet de visualiser la liste des fichiers et des répertoires d’un client, et d’envoyer ou recevoir des fichiers à celui-ci.

GAP – Generic Access Profile

C’est le Profil de base en Bluetooth, il permet à deux périphériques de communiquer entre eux. Tous les Profils dépendent du GAP.

HCRP – Hardcopy Cable Replacement

Ce Profil permet d’émuler une connexion parallèle (IEEE1284) via le Bluetooth. Un adaptateur Bluetooth est placé sur le port parallèle de la machine cible (imprimante ou scanner) et le système pourra utiliser le Bluetooth pour communiquer avec ce périphérique. Surtout utilisé pour les imprimantes qui n’ont pas le Bluetooth en natif.

Image 3 : Le Bluetooth, une technologie méconnueHID – Human Device Interface

Ce Profil permet d’utiliser des périphériques compatibles avec la norme USB HID via le Bluetooth. Par exemple un clavier, une souris, une manette de jeux, etc. La PlayStation 3 utilise ce Profil pour ses manettes. Transformer un périphérique USB en version Bluetooth demande très peu de travail aux constructeurs, il suffit de rajouter une puce Bluetooth.

PAN – Personnal Area Network

Un Profil permettant de créer un réseau ad hoc entre deux périphériques. Il émule une connexion de type Ethernet. Pratique pour utiliser une connexion Internet fournie par un routeur, par exemple. Le PAN est normalisé sous le nom IEEE 802.15.1 Il remplace le LAP, qui est obsolète et retiré de la norme Bluetooth 1.2.

PBAP – Phone Book Access Profile

Un Profil qui permet d’accéder au répertoire d’un GSM via un autre périphérique, par exemple une oreillette.

SAP – SIM Access Profile

Un Profil créé essentiellement pour les téléphones de voiture. Il permet à un système embarqué d’utiliser la carte SIM d’un autre téléphone connecté en Bluetooth. Cela évite de devoir changer la carte de téléphone ou de devoir utiliser deux cartes différentes.

SPP – Serial Port Profile

C’est un des Profils de base, qui permet d’émuler une liaison série RS232 entre 2 périphériques Bluetooth. Les récepteurs GPS utilisent ce Profil par exemple.

Les Profiles audio

Avant de parler des Profiles audio, une parenthèse au sujet d’une croyance fausse : l’A2DP (Bluetooth stéréo) n’est absolument pas tributaire d’une version de la norme. C’est un Profile qui est indépendant de la norme utilisée et il est techniquement possible d’utiliser de l’A2DP avec une puce 1.0. La raison simple qui explique que ce Profile est généralement couplé à des appareils récents (et donc Bluetooth 2.0) vient des ressources nécessaires, assez importantes.

A2DP – Advanced Audio Distribution Profile

Un Profil dédié à la transmission audio de qualité. Contrairement aux Profil HSP et HFP, l’A2DP utilise une liaison ACL pour la voix, et offre une meilleure qualité. En A2DP, plusieurs codecs sont possibles : le MP2 et MP3, l’AAC, les différentes variantes Atrac et le SBC. Étant donné que ce codec (SBC) est le seul obligatoire, c’est lui qui est le plus souvent utilisé. Le SBC est un codec similaire au MP3 (compression avec pertes). Un périphérique A2DP classique (casque, oreillette, etc.) travaille généralement avec du SBC en 44 kHz ou 48 kHz en 16 bits et en stéréo, avec un débit de 128 kilobits/s. Le débit peut monter jusque 345 kilobits/s, mais généralement on travaille en 128 kilobits/s pour des raisons de compatibilité. Par exemple, certaines oreillettes travaillent en mode 345 kilobits/s avec les téléphones de la même marque, et en 128 kilobits/s avec les autres.

Il faut donc bien prendre en compte que même si la qualité est en hausse par rapport aux autres Profils, il y a compression des données, et donc pertes. Ce n’est donc pas l’idéal au niveau de la qualité, d’autant que la majorité du temps on part de fichiers déjà compressés.

Autre particularité, le micro n’est pas pris en compte en même temps que le casque en mode A2DP, car le Profil est uniquement prévu pour de la musique. Il est possible d’utiliser un micro en A2DP, mais sans les écouteurs (c’est l’un ou l’autre).

Le principal problème de cette norme vient du fait que le son est compressé par la source : cette dernière doit être capable d’encoder en temps réel, ce qui pose parfois problème. Typiquement, un PC utilisera quelques % de son processeur pour la compression des données et certains téléphones fonctionneront en mode dégradé (interface moins fluide ou perte de fonctions).

AVRCP – Audio Video Remote Control Profil

Un Profil permettant de commander un appareil Bluetooth avec une télécommande. Ce Profil est en général associé au Profil A2DP. Techniquement, il reprend les signaux et les commandes associés à la technologie IEEE-1394 (FireWire) pour la commande des caméras et propose le changement de pistes, le contrôle du volume, etc.

HFP – Hands Free Profile

Le Profile HFP est très proche du Profil HSP (HeadSet) mais offre plus de possibilités de contrôle. Il est prévu spécifiquement pour les systèmes mains libres dans les voitures. La gestion audio est identique au HSP, mais on peut commander le GSM à partir du système : composer un numéro, rappeler le dernier numéro, changer le volume, etc. Ces commandes utilisent les fonctions AT des téléphones. Le décrochage automatique nécessite d’utiliser ce Profil, tout comme l’identification de l’appelant sur l’oreillette. Pour identifier une oreillette HFP, c’est très simple : elle dispose de deux boutons, pour décrocher et raccrocher.

HSP – HeadSet Profile

Un des Profils les plus courants, il permet d’utiliser une oreillette sans fil avec un téléphone. Le son est transmis via un canal SCO (64 kilobits/s), en CVSDM. Le système utilisé convient très bien pour la voix, mais n’est pas très utile pour transférer autre chose (par exemple de la musique) même si c’est possible. Les fonctions HSP sont très limitées, l’oreillette peut décrocher et raccrocher, via un unique bouton.

Conclusion, le futur

Nous espérons que ce dossier sur la technologie Bluetooth vous a plu et qu’il vous a montré que loin d’être un cousin du Wi-Fi en plus lent, le Bluetooth est surtout une technologie très complète et efficace.

Le futur

Dans le futur, outre le fait de passer en UWB (Ultra Wide Band) dans le Bluetooth 3.0, le Wi-Fi et le Bluetooth pourrait être couplés. L’idée d’utiliser le Bluetooth pour les usages classiques et de passer automatiquement sur du Wi-Fi pour les gros transferts a été proposée par le consortium qui gère la norme (Bluetooth et Wi-Fi couplés dans le futur). Par ailleurs, une version filaire du Bluetooth semble aussi prévue (Du Bluetooth en Wi-Fi ou du Bluetooth filaire ?), pour un usage professionnel quand les ondes radio sont interdites.

Dans un futur proche, on devrait surtout voir débarquer des appareils capables de prendre en charge la norme 2.1 et sa gestion simplifiée du jumelage : certaines marques proposent déjà des oreillettes qui s’appairent sans utiliser de code PIN (entre appareils de la même marque).

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