Séquence nostalgie : le Commodore 64

Image 1 : Séquence nostalgie : le Commodore 64

Le vénérable Commodore 64

La marque Commodore est née en 1954. Et Commodore, pour beaucoup, est synonyme de C64. Le Commodore 64 est l’ordinateur qui a révélé leur vocation à beaucoup des experts en informatique d’aujourd’hui. À l’époque, dans les années 1980, on pouvait lui adjoindre un nombre incalculable d’accessoires, de périphériques. Par exemple, l’un des modèles phares de la gamme, le Commodore 128 possédait dans sa version C128D Diesel un lecteur de disquettes 5,25″ intégré. En plus d’un moniteur couleur 80 colonnes, une imprimante matricielle, et un outrageusement cher disque dur de 20 Mo, on pouvait aussi piocher parmi une pléthore de périphériques d’entrée et de logiciels.

Cet ordinateur a conduit nombre de jeunes passionnés à négliger leurs études, et à passer des nuits blanches (mais excitantes) sur leur clavier. À cette époque, les PC x86 essayaient encore maladroitement de rattraper les parts de marché de Commodore. À cette époque l’informatique personnelle balbutiait encore, et l’engouement pour cette technologie nouvelle fut à l’origine de nombreuses carrières professionnelles dont certains rédacteurs de Tom’s Hardware. Tout petits déjà ils pianotaient sur les premiers PC et leurs précurseurs, tels que le VC20, le C16 ou le C166. Puis ils sont passés à l’Amiga 500 ou aux premiers PC 8086. Mais au panthéon de l’informatique, Commodore garde une place de choix. Alors pour les moins séniles d’entre vous, jetons à nouveau un oeil sur ce précurseur.

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Les successeurs du maître

Le successeur du C64 – la “Breadbox” de nos amis anglophones – fut le Commodore C64 II ou C64C, en vente dès 1986. Il fut vendu surtout en Allemagne à un prix de 400 DM, soit environ 1100 F de l’époque ou 270 € d’aujourd’hui. Le C64 original, lui, coutait à sa sortie en mars 1983 la bagatelle de 4000 F, ou environ 1200 €. C’était tout de même une très grosse somme à l’époque pour les écoliers et étudiants qui le convoitaient. Et n’oublions pas d’ajouter le coût du quasi indispensable lecteur de disquette externe (2900 F ou presque 900 €) et celui du moniteur couleur. La plupart des amateurs choisissaient d’utiliser leur téléviseur comme moniteur, en utilisant la sortie antenne HF du C64. La meilleure qualité d’image était cependant obtenue via la liaison composite entre la sortie A/V du C64 et le téléviseur.

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Le Commodore C64C

Bien que le Commodore C64C eut un boitier plus moderne et soigné, il ne fut pas aussi populaire auprès des amateurs et bidouilleurs que le vieux C64. Cela a conduit Commodore à faire machine arrière et à revenir au vieux format en 1987. Les bidouilleurs retrouvèrent alors suffisant de place disponible pour installer des composants additionnels dans le boitier du C64.

Avec le C64C, c’était aussi la première fois que le terme “personal computer” (PC) était employé pour les machines à destination des particuliers. Malgré une forte concurrence venant des Atari 800 XL et des percées faites par le Sinclair ZX Spectrum, le C64 était le PC préféré de beaucoup d’acheteurs. Grâce à un catalogue de programmes augmentant grossissant rapidement, cet ordinateur est devenu extrêmement populaire, et a rencontré un succès planétaire, de l’Europe aux États-Unis.

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Le Commodore C64C (suite)

On ne voit plus de designs de ce genre aujourd’hui (quoique l’Eee Keyboard d’Asus s’en approche). Le C64 se présente comme un clavier. Tous les composants sont cachés dans le boitier, sous les touches. Par comparaison avec tous les autres PC disponibles à l’époque, ce clavier était franchement robuste, mais pas vraiment ergonomique. Certaines touches envoyaient jusqu’à trois lettres ou commandes différentes, une conséquence de l’utilisation boulimique de lignes de commande par le système de Commodore.

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Les connectiques du C64

Voici à quoi ressemblait le dos du C64. De gauche à droite on y trouve le port d’extension, dans lequel venait se glisser les cartouches, ou modules d’extension, juste à côté, la prise d’antenne HF pour sortie sur TV (avec présélection du canal), puis un port pour lecteur de disquettes ou imprimante, le port audio/ vidéo pour le moniteur externe, le connecteur pour lecteur de cassettes (Datasette), et enfin le “User Port”. Tous les possesseurs de C64 un tant soit peu bidouilleurs ouvraient le boitier de l’ordinateur pour pouvoir brancher encore d’autres modules additionnels directement à l’intérieur.

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Les connectiques du C64 (suite)

Sur le côté droit du boitier, on trouvait encore deux connecteurs pour joystick ou souris, un interrupteur marche/arrêt, et la prise pour l’alimentation externe. Ce bloc d’alimentation connu d’ailleurs de nombreuses modifications pendant les 11 ans de production du C64.

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La boite

Jeter un oeil à l’arrière de la boîte du C64 est comme pénétrer dans un musée de l’âge de pierre de l’informatique. Remarquez par exemple le moniteur RVB 1802, l’énorme lecteur de disquette externe 1541, et l’imprimante matricielle 80 colonnes MPS 801. Aujourd’hui ridicule, ce matériel était très onéreux à l’époque : l’ensemble (C64 compris) revenait à environ 8 000 F, soit 2400 €.

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Un Commodore C64C ouvert (1)

Voilà le C64C ouvert, pour révéler ses modifications. Au cours de sa vie commerciale, de 1982 à 1992, cet ordinateur a connu d’innombrables évolutions techniques ou esthétiques. Malgré ces changements d’une version du C64 à l’autre, il n’y eut jamais aucun problème de compatibilité logicielle notable, pendant ces 10 années.

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Commodore C64C, ouvert (2)

Par rapport à la “boite à pain” originale, le C64C était équipé d’une carte mère bien plus compacte.

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Un Commodore C64C, les tripes à l’air

Bien que le premier Commodore 64 fut équipé d’un processeur MOS 6410, fonctionnant à environ 1 MHz, le C64C embarquait un MOS 8500 à la place, fonctionnant à la même fréquence. Commodore avait en fait racheté MOS Technology, afin de s’assurer l’exclusivité de la production de ses processeurs. La carte mère possédait également une généreuse quantité de RAM (64 ko, un luxe à l’époque), ce qui permettait aux utilisateurs non seulement de jouer à des jeux, mais aussi de lancer de vrais programmes.

Chose unique en ce temps-là, la carte mère embarquait aussi une puce audio dédiée, une SID 6581, qui pouvait produire trois voix polyphoniques simultanées. Cette puce était aussi employée dans des instruments électroniques professionnels. Dans certains jeux, comme Turrican ou Turrican II par exemple, les développeurs avaient trouvé une astuce pour produire jusqu’à cinq voix différentes simultanément, en mixant de multiples échantillons sonores.

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Le lecteur 1541/1541 II

Le lecteur de disquettes externe pour Commodore 64  possédait sa propre électronique, y compris un processeur et sa mémoire locale. Commodore avait chargé DOS dans de la mémoire EPROM dans le lecteur, ce qui évitait d’avoir à charger ce code sur le C64 lui-même. En 1987, ce lecteur 1541-II coutait environ 350 € ; chaque disquette coutait 70 € !

Les programmeurs de l’époque avaient inventé une technique unique qui consistait à charger une partie des calculs demandés par leurs programmes sur les lecteurs 1541/1541 II. Il s’agissait vraiment de “calcul parallèle” avant l’heure. De nombreux des utilisateurs se souviendra sans doute aussi des programmes qui utilisaient le bruit du mouvement des têtes de lecture/écriture pour générer de la musique, ou encore de ceux qui modulaient l’intensité lumineuse des diodes d’activité du lecteur.

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Le lecteur 1541/1541 II (2)

Le lecteur 1541 utilisait des anciennes, mais très répandues, disquettes 5,25″ doubles faces, double densité. Le lecteur ne pouvait cependant enregistrer des données que d’un seul côté des disquettes, pour un maximum de 170 ko. Avec l’aide d’un outil spécial, le “disk notcher”, ou avec un peu d’habileté et un outil tranchant, les utilisateurs pouvaient malgré tout créer des “flippy disks”, soit des disquettes pouvant être retournées et enregistrées des deux côtés. Il fallait ensuite faire très attention à garder une trace écrite de ce qui était enregistré sur chaque face.

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1541/1541 II : connectique

Vue arrière du lecteur 1541/1541 II. De gauche à droite on distingue le connecteur série, reliant le lecteur au C64, le port interface permettant de chaîner un autre lecteur ou encore une imprimante, l’indicateur d’activité, la prise d’alimentation et l’interrupteur marche/arrêt. Le modèle 1541 fut remplacé par le 1541 II, mis au placard à son tour par Commodore lors de la sortie du 1581 qui utilisait des disquettes 3,5″.

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Extension du port d’extension

Sur la photo ci-dessus, vous voyez une carte d’extension un peu spéciale branchée dans le port d’extension du C64. Elle permettait de brancher trois modules d’extension simultanément à l’extérieur du boitier. Cette carte était fabriquée par l’entreprise allemande Rex Datentechnik, et coutait environ l’équivalent de 140 € lors de son introduction en 1987. Sur la gauche, on distingue un bouton reset et l’interrupteur général de la carte. Il y a également un interrupteur pour chaque port d’extension.

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1 port d’extension pour 3

Avec trois cartouches branchées dans la carte Rex Datentechnik, on se rend compte de l’étendue des possibilités d’utilisation du Commodore. Les cartouches de jeux étaient de loin les plus courantes, mais d’autres utilisateurs choisissaient des programmes de traitement de texte, de conception de circuits électroniques, de composition musicale, de programmation, ou encore bien d’autres fonctions plus exotiques. Pour une liste exhaustive, reportez-vous à cet excellent site Commodore C-64 Cartridge Rarity List.

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Commodore C64 : 15 W

Pour son époque, le Commodore 64 était très économe en énergie : sa consommation totale ne dépassait pas 15 W. Cet ordinateur personnel était aussi presque totalement silencieux, puisqu’il n’intégrait aucun ventilateur.

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L’imprimante jet d’encre MPS 1270

Rares furent les possesseurs de Commodore qui pouvaient s’offrir ce périphérique : l’imprimante jet d’encre MPS 1270 (A) de Commodore. Elle communiquait avec l’ordinateur via le port série. Soyons francs, la qualité d’impression de la MPS 1270 (A) était mauvaise, même pour l’époque. Les imprimantes matricielles de HP constituaient un bien meilleur choix, même si elles aussi coutaient cher.

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L’imprimante jet d’encre MPS 1270

L’imprimante MPS 1270 utilisait aussi une interface Centronics standard (en haut à droite). Cela permettait de la connecter à un PC conventionnel via un port parallèle 25 broches.

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Le module Action Replay MK VI

Vers la fin des années 80, de plus en plus de cartouches étaient disponibles pour le C64. Celle sur la photo ci-dessus était particulière. La Action Replay MK IV se destinait aux hardcore gamers de l’époque, qui souhaitaient pouvoir sauvegarder une partie en cours, ou éliminer certains sprites dans un jeu. L’Action Replay MK VI a débuté sa commercialisation à environ 140 €.

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Disk Notcher

Quiconque se rappelle du C64 doit se souvenir de cet outil. Ce disk notcher permettait de découper très facilement une encoche dans les disquettes 5,25″ pour qu’elles puissent être enregistrées sur leurs deux faces par les lecteurs 1541. Cet outil n’était pas indispensable, une bonne paire de ciseaux pouvant faire l’affaire avec un peu d’habitude.

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Mode d’emploi du Commodore C64

Pour la vaste majorité des possesseurs de C64, ce mode d’emploi ne fournissait même pas le minimum d’informations nécessaires. Bien qu’il inclue des rudiments de programmation en BASIC et quelques données sur l’appareil, tout était trop vague pour être utile.

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The Graphical Environment Operating System (GEOS)

Un précurseur : à la fin 1986, le Commodore C64C était livré avec la version 1.2 du système d’exploitation à interface graphique GEOS (Graphical Environment Operating System). Ce système incluait des applications telles que GeoWrite (traitement de texte), GeoPaint (dessin et manipulation d’images), qui ressemblait et offrait des fonctions très similaires aux applications Macintosh du moment.

Au crépuscule du Commodore 64, en 1993, GEOS en était à sa version 2.5.

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Datasette

La méthode la moins chère pour stocker des données sur un Commodore était le lecteur de magnétocassette, le Datasette. Il utilisait des cassettes audio classiques. En notant les indications du compteur de tours intégrés, les utilisateurs pouvaient retrouver et charger les programmes enregistrés. Avec l’aide de divers accélérateurs ou autres logiciels turbo, ce lecteur de bandes était presque aussi rapide qu’un lecteur de disquettes, et pouvait stocker beaucoup plus. Mais il nécessitait également de constants ajustements de l’azimut des têtes de lecture/écriture, à l’aide d’un tournevis de précision et d’un programme de réglage spécifique. Ce type de contrainte est à des années-lumière de ce que l’utilisateur moyen accepte aujourd’hui !

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The Final Cartridge III

La cartouche pour Commodore 64 qui s’est le mieux vendue fut la Final Cartridge III, produite par Riska B.V Home and Personal Computers. Elle possédait des boutons reset et freeze qui donnaient la possibilité de relancer, arrêter ou réinitialiser un programme à la demande. Elle intégrait aussi un lanceur rapide qui accélérait le lecteur de disquettes. Enfin, elle permettait de désactiver toutes les extensions et autres modifications pour les programmes qui nécessitaient un système C64 100 % original. Cette cartouche coutait environ 70 €.

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64’er Magazine

En Allemagne, le magazine le plus célèbre dans la communauté C64 était 64’er Magazine. Il fut pour de nombreuses années LA source d’informations sur la technique et sur les nouveautés. Aux États-Unis et au Canada, beaucoup de publications existaient, aujourd’hui tombées dans l’oubli. Citons Compute!, Gazette Magazine, Run, Ahoy, Commodore Power Play, ZZap!64, Commodore World, et Die Hard. La Canadian Commodore society a compilé une collection de ses journaux sur sa page Commodore Computer Magazine Articles. Certains se sont même fait une spécialité de revendre aujourd’hui des numéros de ces magazines de l’ère Commodore.

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Pour l’amour du code

En ces temps-là, une grande partie des programmes devait être entrée sous forme de codes, tapés à la main un par un, en se repérant grâce à des tables telles que celle en photo ci-dessus. Ce genre de travail prenait un temps incroyable à être réalisé, sans erreur. Le niveau de passion, d’effort, nécessaire est totalement inimaginable aujourd’hui quand on est plongé dans la culture du “toujours connecté”.

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Commodore C128D

Ça c’est du lourd ! Le Commodore C128D (alias Diesel), avec son lecteur de disquettes intégré et son clavier externe coutait l’équivalent d’environ 700 € à son lancement en 1987.

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Commodore C128D (suite)

1985 a vu l’apparition du C128, conçu au départ fort logiquement comme le successeur du C64. Contrairement à ce dernier, le C128D pouvait travailler dans trois modes différents. En plus de son mode C128 natif, il pouvait émuler un mode C64 et il intégrait un processeur Z80 à 4 MHz pour fonctionner en mode CP/M. Malgré son nom, la plupart des Commodore 128 furent utilisés en mode d’émulation C64 à cause de l’omniprésence des logiciels C64.

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Pénurie de logiciels pour Commodore C128

Le programme Superscript 128 pour Commodore C128. Les logiciels conçus spécifiquement pour Commodore 128 sont restés rares et difficiles à trouver, ce qui explique pourquoi la majorité des utilisateurs faisait tourner leur C128 en mode d’émulation C64.

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LOAD “*”,8,1

Un grand nombre de programmes C64 se basait sur des adresses mémoire absolues. Le lecteur de disquettes, 1541, 1541 II ou 1581, devait alors commencer l’exécution par une instruction LOAD “*”,8,1 comme on peut le voir sur cette disquette de Ninja Commando.

Image 31 : Séquence nostalgie : le Commodore 64

La connectique du C128D

Vue sur les ports et connecteurs du C128D. Au contraire du C64, le C128D possédait un véritable port parallèle.

Image 32 : Séquence nostalgie : le Commodore 64

Un gros gourmand

Oups ! Précurseur des PC qui allaient suivre pendant les années suivantes, le C128D avait déjà oublié de faire des économies d’énergie. Il pouvait consommer jusqu’à 60 W, soit quatre fois plus qu’un C64.

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