Première mondiale : 1047 CPU Ryzen pour chauffer un immeuble !

Se chauffer au Ryzen

Nous étions à Bordeaux jeudi 18 octobre pour la visite d’un immeuble presque terminé, une première mondiale qui consiste à fournir un chauffage gratuit à ses habitants grâce à Qarnot, l’entreprise française qui a inventé le concept. On connaissait les fermes de serveurs qui dissipent leur chaleur dans l’immeuble d’à côté, mais désormais, la ferme de calculs est au sein même de l’immeuble, sur les mûrs, dans des radiateurs ultra-modernes. Visite guidée !

Immeuble écolo dernier cri

L’immeuble consiste à réduire son empreinte carbone au maximum, et il est donc conçu pour avoir une inertie thermique maximale : garder sa température le plus longtemps possible pour limiter les variations. En été, tous les espaces et les plafonds sont conçus pour faire circuler l’air frais la nuit par aération, et ainsi se passer de climatisation le jour. Même logique pour le chauffage en hiver.

Toit végétalisé

L’immeuble est aussi équipé de nombreux balcons, et surtout de plusieurs toits végétalisés, qui permettent de récupérer du CO2, mais surtout de ne pas absorber la chaleur du soleil en été. Tout un système de récupération de l’eau de pluie est aussi mis au point pour un maximum d’autonomie.

Le radiateur QH1

Le président du département de la Gironde, Jean-Luc Gleyze (PS) pose fièrement devant le fameux radiateur QRad QH1 de Qarnot, qui intègre en fait un PC complet (sans partie graphique) pour effectuer du calcul vendu sur le Cloud. La fabrication de l’immeuble se chiffre à 15 millions d’euros au total. Sa puissance de calcul a été vendue à la banque BNP, et paye ainsi la facture de chauffage, pour effectuer des simulations de risque de positions financières à long terme, face à plusieurs scénarios de crise. Un commerce juteux, car ces simulations sont obligatoires, et de plus en plus nombreuses. BNP a décidé de confier 1/4 de ses besoins de calculs à Qarnot.

Pas seulement un radiateur

Entrons dans le vif du sujet. Ce radiateur cache trois cartes mères B350 MSI, et trois Ryzen 7 1700X octocoeurs, ainsi qu’une alimentation passive 80 PLUS faite maison avec l’aide de TDK. Tous les composants qui chauffent sont collés à la façade du radiateur, qui va dissiper 500 W de chaleur : environ 40 % en chaleur radiante (devant) et le reste en convection lente (vers le haut). Chaque radiateur est relié à une prise électrique et une prise RJ45.

Accès Wi-Fi gratuit

L’immeuble est évidemment fibré de la tête aux pieds, avec une arrivée fibre pour chaque appartement, et une fibre dédiée à l’infrastructure de calcul de Qarnot. Chaque radiateur possède un point d’accès Wi-Fi semi-public géré par Qarnot. Le débit y est limité et les accès restent basiques comme sur un Wi-Fi public d’aéroport par exemple, mais il est aussi gratuit !

Le PC passif de rêve ?

Ces machines n’ont pas de partie graphique, car elles sont virtualisées dans le Cloud. Le système interne est géré par un système Linux, mais le système d’exploitation est chargé en mémoire vive via le réseau. De quoi permettre à la machine de changer de mission de calcul en un simple reboot, si elle doit allouer sa puissance de calcul à un autre client utilisant un OS différent. Il y a 2 Go de RAM par coeur (soit 16 Go par CPU). Evidemment, le PC n’est pas utilisable par l’habitant, et ses communications sont fortement chiffrées sur un réseau indépendant.

Fixation simplifiée

Les radiateurs pèsent chacun 33 kg, mais leur fixation est on ne peut plus facile, via deux attaches murales. Forcément, les composants vont s’user à forcer de turbiner, et il faudra les remplacer. Qarnot a prévu le coup, et va remettre à neuf les radiateurs tous les 5 ans, en changeant les composants internes, et en se réservant même le droit d’ajouter quelques fonctionnalités…

Capteurs intégrés

Le radiateur fait aussi office de surveillance de l’atmosphère dans l’appartement, dans chaque pièce qu’il occupe. Il récupère température, pression atmosphériques, qualité de l’air, taux de CO2, et taux d’humidité. A l’avenir, son objectif est de s’intégrer dans un vrai système de domotique.

Gestion sur smartphone

Chaque habitant aura un compte dédié à son appartement, et pourra gérer entièrement son chauffage, ainsi que consulter les données des capteurs, directement via une application sur son smartphone. Tout pourra être ainsi réglable à distance. Notez qu’en été, la fréquence des CPU diminuera pour moins chauffer, et les calculs seront alors moins intensifs.

Pas dans les pièces humides

La seule limite de ces chauffage Quarnot, c’est l’humidité. Il n’est évidemment pas question d’un chauffage dans une salle de bain par exemple. Et on retrouvera donc un bon vieux radiateur électrique. Notez que l’immeuble est un HLM, et qu’outre les QRad et son ossature réseau, son équipement reste assez sommaire.

Trois salles dédiées dans l’immeuble

Deux salles de serveurs et une salle de répartiteurs gèrent les 349 radiateurs de Qarnot présents dans l’immeuble. Cela fait 1047 Ryzen 7 1700X, donc 8376 coeurs (16 752 threads), et 16 To de RAM au total. Côté puissance de calcul, difficile de se prononcer pour des CPU qui auront différents calculs à effectuer et différentes instructions utilisées. En théorie, le 1700X tournerait autour de 200 GFLOPS sous Linpack, l’immeuble dégagerait alors un peu plus de 200 TFLOPS Linpack au total.

Une première, mais pas la dernière

Qarnot n’en est qu’à ses débuts, et ils sont plutôt prometteurs. L’entreprise nous a confié cibler particulièrement les marchés de logement dans les pays froids, en Finlande notamment. Il faut toutefois dépasser une masse critique de radiateurs pour avoir assez de puissance de calcul à proposer sur le marché. Pour les particuliers, l’offre se limite au radiateur QC1 pour le minage de cryptomonnaie, avec deux cartes graphiques Radeon RX 580 Nitro de Sapphire. Mais si vous avez un manoir à équiper, vous pouvez toujours demander à Qarnot ! Nous sommes aussi curieux de voir ce qu’un radiateur en Threadripper pourrait donner… La suite dans un prochain épisode !