Test : CoolerMaster Wraith Ripper, refroidir 32 coeurs à l’air ?

WRAITH Versus THREAD

Lorsque CoolerMaster m’a sollicité pour tester un radiateur conçu pour les Ryzen Theadripper de seconde génération, je n’ai pas pu résister à la tentation, d’autant plus que notre modèle 2990WX commençait à s’ennuyer. Mais est-ce bien sage de tenter de refroidir un monstre de 32 cœurs et 64 threads à l’aide d’un dissipateur ? Nous allons le découvrir avec le Wraith Ripper, et nous n’allons pas nous contenter des fréquences stock : overclocking, quand tu nous tiens !

Threadripper 2990WX

L’AMD Ryzen Threadripper 2990WX en quelques chiffres :

• 32 coeurs CPU
• 64 threads
• Fréquence de base : 3 GHz
• Fréquence Boost maximale : 4,2 GHz
• Gravure en 12 nm
• Enveloppe thermique (TDP) nominale : 250 W
• Températures maximales : 68°C
• Vitesse de mémoire maximale : 2933 MHz
• Mémoire : DDR4 sur 4 canaux
• Microarchitecture « Zen »

Une base énorme

Un monstre à plusieurs niveaux ! Nous avons déjà testé et utilisé de très gros dissipateurs, mais le Wraith Ripper surprend autant par sa taille, son nombre de caloducs… que par la dimension de sa base : de quoi couvrir l’intégralité de l’IHS d’un Threadripper. Son énorme base mesure 44,6 x 76.4 mm. Il est bien sur possible d’utiliser un dissipateur qui ne couvre pas l’intégralité de l’IHS, mais les performances ne sont alors pas optimales. Attention toutefois de s’assurer que la base recouvre au moins la surface des quatre dies ! Dans le cas du Wraith Ripper aucun soucis à se faire.

7 caloducs

La chauffe est localisée au niveau du processeur, plus les ailettes du dissipateur sont loin de la source de chaleur et moins elles sont utiles, la chaleur ne parvenant pas à les atteindre. C’est ici que les caloducs, les tuyaux qui partent de la base, interviennent. Il puisent la chaleur à la base du radiateur et la propagent très rapidement sur l’ensemble des ailettes. Sur ce dissipateur nous comptons 7 caloducs en cuivre de 5 mm de diamètre, autant dire qu’il est difficile d’en mettre plus.

Finition impeccable

Les ailettes en aluminium, tout comme l’intégralité des autres parties du radiateur sont de couleur noire. Au delà de l’aspect esthétique, que nous trouvons très réussi, cette couleur améliore les performances thermiques en rayonnement. N’espérez tout de même pas transformer votre vieux dissipateur en bête de course en modifiant la couleur, la plus grosse partie du travail est réalisée en convection, et sur la convection la couleur n’importe pas.

Vue éclatée

Maintenant que nous avons découvert les principales parties du dissipateur, cette vue éclatée nous apprendra le reste. Au centre des 2 tours, le ventilateur de 120 mm fera circuler l’air entre les ailettes. Sa vitesse de rotation maximale est de 2750 tours par minute. A sa vitesse maximale il crée un débit d’air allant jusqu’à 76,4 CFM et produit alors jusqu’à 38 dBA.

Le ventilateur et son logement sont dissimulés derrière un cache en plastique brillant très bien ajusté. Comme le reste du produit, aucun problème de qualité à signaler. Deux bandes de RGB et le logo AMD sont adressables à l’aide d’un logiciel, nous reviendrons sur ce point un peu plus tard. Pour fixer ce monstre de 150(L) x 132,3(l) x 160,5(H) mm, CoolerMaster a prévu 4 grandes tiges et nous promet un montage on ne peut plus simple.

Une seule orientation

Sous le produit, les 4 vis de fixation ne sont pas disposées en carré, ni en rectangle, le dissipateur aura donc une seule orientation possible.

Prémonté

Le socket de cette MSI MEG X399 CREATION dispose, comme toutes les cartes mères X399 de 4 points de fixation directement intégrés au socket, inutile donc de batailler avec une back plate ou tout autre kit de vis.

Simple mais TR4 uniquement

Une fois sur la carte mère, il suffit de visser en croix, les vis de fixation. CoolerMaster ne nous avait donc pas menti sur ce point, impossible de faire plus simple, mais revers de la médaille, le Wraith Ripper est uniquement compatible avec le socket AMD TR4.

Compatibilité RAM

Le dissipateur permet l’utilisation de RAM, même assez haute telle que les G.Skill Trident Z ou les Flare X. Dans le cas de module très haut, pensez tout de même à vérifier la compatibilité.

RGB maîtrisé

Par défaut, le logo du dissipateur est de couleur blanche et les bandes de RGB voient les couleurs défiler. L’effet est plutôt réussi, on pourrait presque dire que c’est discret ! Si le ventilateur utilise un simple connecteur 4 pins, le RGB a lui besoin d’un prise SATA pour l’alimentation électrique, et d’un connecteur USB interne pour la personnalisation. Si jamais le mode par défaut ne vous convient pas, ou que vous voulez jouer un peu, tout peut être configuré à l’aide du logiciel Wraith Ripper RGB Software v1.27.

100% personnalisable

Très simple d’installation et d’utilisation, le logiciel est assez efficace et propose un grand nombre d’effet. Le mode STACKED est plutôt sympa, et le MORSE CODE plutôt original.

Attention au slot PCI-E

La configuration est opérationnelle et les tests peuvent commencer. Nous n’avons pas eu de problème de compatibilité, mais notre carte graphique était très modeste. Certains utilisateurs ont rencontré ce problème de collision avec le premier port PCI-E de la carte mère. Là encore un point à vérifier avant de passer à l’achat.

Pour ce test nous avons utilisé un kit de G.skill Trident Z et notre alimentation fétiche le MasterWatt Maker 1500. Pour les tests où le processeur était fortement overclocké, un ventilateur a été placé pour refroidir les étages d’alimentation de la carte mère, mais même sans celui-ci nous n’avons à aucun moment constaté de température alarmante.

Silence et puissance

Le ventilateur étant branché sur la carte mère, nous avons définit la courbe température puissance de la manière suivante :

• Entre 0 et 30°C la vitesse est stable à 40% de la vitesse, ce qui permet à la configuration d’être discret au repos.
• Entre 30 et 50°C la vitesse augmente progressivement jusqu’à 60%.
• Enfin, au-delà de 50°C la vitesse augmente plus rapidement pour atteindre 100% dès 70°C, la température maximum du processeur étant définit à 68°C par AMD.

Un OFFSET taquin

C’est d’ailleurs la température qui nous aura donné le plus de fil à retordre, les logiciels de monitoring donnant des informations très différentes d’un utilitaire à l’autre, voir d’une version à l’autre. En cause, les offsets utilisés par AMD, offset qui est de 27°C sur les Threadripper. Sur les captures d’écran qui arrivent, la température Tdie doit être conservée. Comme à notre habitude, de nombreux autres paramètres on été relevés afin de s’assurer du bon déroulement du test.

Fréquence de base

On commence assez calmement avec les fréquences de base du Threadripper 2990WX, le Precision Boost 2 étant désactivé.

Repos :
Au repos les températures sont plutôt basses, la fréquence n’est que de 2000 MHz et la tension d’alimentation est réduite à 0,8 V. Jusque là, rien à signaler, et heureusement, on nous a promis de pouvoir dissiper 250 W, il serait triste de voir le dissipateur à la peine avec une aussi faible charge. Avec notre profil le ventilateur tourne à 1300 tr/min et se fait discret, 33,5 dBA contre 31,6 dBA à l’arrêt.

Cinebench R15 :
Lors d’un test court, mais intense, la fréquence monte à 3000 MHz et la tension d’alimentation se stabilise à 0,95 V. Grâce à ces 32 cœurs le test est balayé en quelques secondes, et un score de 4658 point apparaît. La température la plus élevée relevée est alors de 35,8°C. Le bruit émis par le dissipateur reste discret, avec un peu plus de 35 dBA

Prime95 AVX :
Voici le test le plus lourd de notre panel, avec le Precision Boost 2 désactivé la consommation ne dépasse pas 200 W, à 3000 MHz, et la température est contenue, à peine 52°C pour 0,96 V. A 1 mètre et sans boitier pour isoler du bruit, le ventilateur n’est plus discret, 41,5 dBA, c’est supportable mais pas agréable. Première phase plutôt impressionnante, si ce n’est le bruit, mais chacun pourra faire un profil à sa convenance. Voyons ce que cela donnera avec un peu plus de fréquence et de tension.

Test avec Precision Boost 2

Le Precision Boost 2 est maintenant activé dans le BIOS, ce qui devrait permettre d’améliorer les performances du processeur, au détriment de la consommation et donc, sans doute, de la température.

Repos :
Très peu de changements, la fréquence au repos est toujours la même, mais celle-ci oscille plus fréquemment. Pas de problème au niveau des températures, le ventilateur continue donc de tourner lentement.

Cinebench R15 :
La fréquence augmente de 400 MHz (3400 MHz sur tous les coeurs) et la tension d’alimentation dépasse pour la première fois les 1 V. 42,9°C en pointe, et 5056 point, une belle progression avec un volume sonore en augmentation, 38 dBA

Prime95 AVX :
En charge lourde la fréquence reste la même, 3400 MHz pour 1,11 V. La température grimpe, 59°C, mais il reste toujours de la marge avant la limite fixée par AMD. A 45 dBA, il vous faudra un boitier insonorisé ou vous éloigner lors des charges prolongées.

On donne tout

Pour cette partie, nous ne faisons plus de cadeau, on tape dedans !

Repos :
Toujours rien d’excitant à vous raconter, mais c’est plutôt une bonne nouvelle.

Cinebench R15 :
A 1,35 V, la configuration dépasse les 500 W, est-ce bien sage ? Sans doute pas, mais le Wraith Ripper tient bon, il faut dire qu’à 4200 MHz le test est fini avant même d’avoir commencé, vous n’avez pas intérêt à cligner des yeux, et le CPU n’a pas vraiment le temps de chauffer.

Prime95 AVX :
Etant beaucoup plus long, nous n’avons pas pu utiliser les mêmes réglages, nous avons du nous « contenter » de 3800 MHz pour 1,16 V, ce qui amène tout de même la consommation de la machine à 400 W pour 66,8°C en pointe. La pointe de vitesse du ventilateur est aussi remarquable, avec 47 dBA vous ne passerez pas votre journée à côté.

Alors certes, pour atteindre ce niveau de performance nous avons autorisé le ventilateur à tourner à la vitesse maximale possible, mais la performance reste impressionnante, avec une température ambiante de 24°C et une température en pointe de 67°C le delta et de seulement 43°C, une prouesse possible grâce au DIE soudé à l’IHS et à la très grosse surface de contact.

6736 points

Avant de démonter le dissipateur, nous nous sommes autorisés un ou deux Cinebench supplémentaires en désactivant les logiciels de monitoring, et avec pour objectif de faire grimper le score. Finalement nous avons obtenu 6736 points, pas si mal pour un score en air ! Il est sans doute possible de faire mieux en travaillant les timings RAM et en montant d’avantage la fréquence, nous avons frôlé les 4300 MHz à 1,4 V…

Bon contact

Le Wraith Ripper est livré avec une pâte thermique pré appliquée. Lors du démontage, nous avons vérifié que le contact était bon, et c’était le cas comme en atteste la photo. Si vous voulez la remplacer, bien que nous ne jugions pas cela nécessaire, prévoyez une seringue assez grande, il y a de la surface à couvrir.

Watercooling

Afin de déterminer si oui ou non le Wraith Ripper est efficace, nous lui avons opposé un watercooling custom assez musclé :

• Pompe Thermaltake PR22-D5 Plus à pleine puissance.
• Radiateur CL360, un monstre de 360 mm très épais. (voir notre test du Pacific CL360)
• Waterblock du kit MasterLiquid Maker 240

Pour faire simple, nous avons pris les meilleurs composants disponibles dans notre laboratoire.

7°C de moins

Finalement, nous sommes surpris des bonnes performances du Wraith Ripper face à notre kit de watercooling custom de 360 mm. A 3800 MHz, ce dernier fait seulement 7°C de moins, ce qui est relativement peu, et encore, avec tous les ventilateurs à 100 % de leur vitesse et un niveau sonore de 45 dBA. Pas de mystère, pour évacuer autant de Watt il faut un débit d’air important.

Nous pouvons d’ailleurs nous en rendre compte qu’au ralenti, les ventilateurs sont discrets (33,6 dBA), mais ils ne sont pas parvenus à garder la température en dessous de la limite de 68°C.

Conclusion

On aime

– Gros potentiel de dissipation
– Design et finition
– Simplicité d’installation

On n’aime pas

– Bruit élevé à haute vitesse
– Prix / Disponibilité (pour l’instant ?)
– Uniquement pour socket TR4
– Attention à la hauteur de la RAM

Conclusion

Ce Wraith Ripper nous a fait bonne impression est ce dès les premières minutes. Un design réussi, une qualité de fabrication à la hauteur, des RGB juste comme il faut, et un système de fixation tellement simple !

Sur le plan des petits moins, nous citerons le prix et la disponibilité : presque 200 euros chez Amazon, alors qu’il était annoncé à 119 euros. Nous aurions également apprécié une compatibilité plus grande que l’unique socket TR4, mais le montage aurait alors été plus compliqué. Avant un achat éventuel, pensez aussi à vérifier que votre mémoire ne touchera pas le dissipateur, et que le premier slot PCI-E ne soit pas condamné, du moins si vous avez besoin de l’utiliser.

Si nous sommes parvenus à refroidir correctement notre 2990WX, le Wraith Ripper fera bien entendu l’affaire sur des processeurs pourvus de moins de cœurs. Un dissipateur impressionnant donc, qui aura bien concurrencé notre watercooling.

Au final, le plus pénalisant reste la température maximum imposée par AMD. 68°C c’est peu, et avec une température ambiante élevée, le delta sera si faible que n’importe quel système de dissipation risque d’être en difficulté. En effet, n’oubliez pas que la chaleur, avant d’atteindre le système de refroidissement, a du chemin à parcourir. Les cœurs sont donc toujours plus chauds que le dissipateur, peut importe son principe de fonctionnement.