Cloud personnel : les meilleures solutions pour ramener ses données à la maison

Un Cloud personnel pour maîtriser ses données

Le Cloud, c’est un peu comme la prose : on l’utilise tous les jours sans s’en apercevoir. Sauvegarder son iPhone sur iCloud, envoyer automatiquement ses photos sur Facebook, partager un fichier via Dropbox, écouter de la musique depuis Google Music… tous ses usages passent par le cloud. Donc par des serveurs appartenant à des sociétés tierces, qui sont toutes la cible potentielle d’un vol massif de données ou qui connaîtront un crash catastrophique ou qui sont soumises à des lois peu respectueuses de la vie privée ou…

Pour toutes ses raisons et bien d’autres encore, il peut-être intéressant de reprendre en main la gestion de ses données personnelles. Et justement, les constructeurs de NAS ont redoublé d’efforts pour permettre à tout un chacun de se construire son propre petit cloud. Quelle marque offre la solution la plus complète ? La plus facile à mettre en place ? Voici notre comparatif.

Les NAS utilisés pour ce comparatif de Cloud

Évidemment, il existe une grande variété de modèles de NAS à tous les prix. Nous avons utilisé certains modèles de référence pour tester en détail leur solution logicielle de Cloud. Mais d’autres modèles des mêmes marques offriront des fonctionnalités identiques, à condition d’avoir la même version du système d’exploitation livré avec :

Synology : Disk Station Manager 6.0
QNAP : QTS 4.2
D-Link : D-Link Sharecenter 1.06
NetGear : ReadyNAS OS 6.2
Western Digital : My Cloud OS 3
Buffalo : LinkStation System

Un NAS, c’est presque un ordinateur !

Image 7 : Cloud personnel : les meilleures solutions pour ramener ses données à la maisonAvant toute chose, reprenons la base : qu’est-ce que c’est qu’un NAS ? Un Network-Attached Storage est un espace de stockage partagé sur un réseau, à la base local. Physiquement, la bête ressemble à un petit PC comprenant une, deux, quatre baies pour des disques durs et une carte mère. Le NAS se branche en Ethernet et apparaît directement dans la section « réseau » de l’explorateur de fichiers. La capacité de stockage du NAS est accessible à tous les PC du réseau, qui peuvent y stocker ou y récupérer des fichiers.

Voilà pour la base. Mais au fur et à mesure de l’évolution de la puissance de calcul de leurs processeurs embarqués, les NAS ont appris de nouveaux tours. Ils exécutent aujourd’hui de véritables petits systèmes d’exploitation et leurs fonctions de base peuvent être étendues par des applications optionnelles. Ils sont accessibles via internet, peuvent héberger des sites web, des serveurs mail, ou transcoder des vidéos à la volée pour les diffuser sur d’autres périphériques. C’est justement ce genre de fonctions évoluées que l’on mettra à profit pour créer son cloud personnel.

Un Cloud à la maison

Cloud personnel. L’expression est sexy, trendy, mais qu’est-ce que qu’elle veut dire ? Rien de bien nouveau en fait : il s’agit de monter chez soi un petit serveur qui concentrera toutes les fonctions de divers services payants ou gratuits : stockage de fichiers, partage de fichiers entre amis ou création de liens publics, création de galeries photo, streaming de vidéos ou de musiques, synchronisation d’un dossier entre plusieurs appareils, etc.

L’avantage principal du Cloud personnel est de reprendre le contrôle de ses données personnelles. Les données ne sont plus stockées sur les ordinateurs d’entreprises multinationales dans des localisations anonymes aux côtés de celles d’inconnus, elles sont « à la maison », au chaud. On n’est plus limité par les quotas de stockage gratuits ou payants, mais toujours restreints. On peut réunir sur une seule plateforme toutes les données de tous ses appareils et y accéder depuis la maison ou l’extérieur. On évite également les publicités, les pop-up, les cookies, etc. Bref, c’est le rêve.

En contrepartie, il faut consentir un important investissement de départ aussi bien financier (entre 200 et 500 € pour un NAS d’entrée de gamme et une capacité de quelques téraoctets) que temporel (la configuration de son nuage n’est pas immédiate).

Les fonctions de base

Monter son cloud personnel permet, en échange d’un peu de temps, de se tailler une solution vraiment sur mesure. La première étape est donc de définir ses besoins précisément. Nous ne saurions répondre à votre place, mais voici les fonctions qui nous paraissent indispensables si l’on veut vraiment se couper des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) et autres Dropbox.

Un espace de stockage en ligne

Image 8 : Cloud personnel : les meilleures solutions pour ramener ses données à la maisonL’interface WD Mycloud.

C’est évident, mais n’ayons pas peur d’enfoncer des portes ouvertes ! La première brique, ou plutôt la première goutte d’un cloud personnel est de disposer d’un espace de stockage accessible par internet. Tous les NAS que nous avons testés offrent cette possibilité, avec plus ou moins de bonheur.

Tout d’abord, tous proposent une passerelle d’accès facilement accessible par une URL générique (par exemple : https://www.wdmycloud.com). Il n’est ainsi même pas nécessaire de gérer soi-même la redirection de ports ou de passer par un service de DNS dynamique pour lier l’adresse IP souvent temporaire de votre connexion domestique à une URL : tout est fait automatiquement via les serveurs du constructeur.


Une fois cette redirection établie, les choix divergent. Synology et QNAP donnent accès à l’interface complète d’administration du NAS, y compris donc à son système de fichiers. WD, Buffalo et Netgear, en revanche, restreignent par défaut l’accès distant à un simple explorateur de fichiers.

La plupart des NAS permettent aussi un accès via FTP et/ou webDAV.

– WD, Buffalo et Netgear ne permettent que d’accéder aux fichiers du NAS depuis internet.
– Synology et QNAP donnent un accès plus large, y com
pris aux options de configurations.

Synchronisation PC/cloud/mobile

La plupart des grands clouds publics fonctionnent sur le même principe : une application client permet de synchroniser un dossier spécifique entre tous les PC/Mac/smartphones et le Cloud. Cette synchronisation est aussi disponible sur les NAS avec une implémentation identique : on installe une application sur chaque appareil qui va synchroniser un ou plusieurs dossiers avec le NAS. Presque tous les NAS que nous avons testés offrent cette fonction de base. Buffalo et D-Link font cavalier seul et n’offrent qu’un simple accès à un dossier partagé via leurs applications mobiles, sans synchronisation.

– Synology, QNAP, WD, Netgear mettent à disposition des applications permettant de synchroniser un ou plusieurs dossiers entre PC.
– Buffalo et D-Link ne proposent pas cette fonction.

Sauvegarde auto des photos/vidéos vers le cloud

Une des fonctions récentes et universellement répandues dans les clouds publics est la sauvegarde automatique des photos et vidéos prises depuis un smartphone. Les développeurs de NAS ont intégré eux aussi cette fonction dans leurs applications mobiles.

Synology, QNAP, WD, Netgear, Buffalo et D-Link offrent tous des applications pour iOS ou Android qui sauvegardent automatiquement les photos et vidéos capturées sur un smartphone.

Image 9 : Cloud personnel : les meilleures solutions pour ramener ses données à la maisonPartage de fichiers par lien public ou privé

Une fois qu’on a stocké un fichier dans le cloud, on souhaite pouvoir le partager facilement, via un simple lien. Cette fonction de base est heureusement prise en charge par tous les NAS testés ici. Netgear cependant a une bizarrerie dans son interface web : lorsqu’on est connecté à son NAS sur le réseau local, il est impossible de générer un lien de partage vers un fichier. Via l’application de gestion native PC ou Mac ou via l’interface web à distance, en revanche, pas de souci.

Synology, QNAP, WD, Netgear, Buffalo et D-Link permettent tous de partager un fichier via un lien public ou réservé à certaines personnes.

Création de galeries photo

Image 10 : Cloud personnel : les meilleures solutions pour ramener ses données à la maisonUne gallerie photo QNAPPour partager des photos, un lien de téléchargement n’est pas très ergonomique. Il est bien plus agréable d’atterrir sur une page affichant une galerie ou un diaporama. Et sur ce point, certains NAS se montrent bien plus doués que d’autres. D-Link, Netgear, WD ou Buffalo proposent des interfaces rudimentaires. Les Synology ou QNAP offrent un résultat plus soigné. Ils disposent même d’applications permettant une gestion complète d’une collection de photos et galeries web.

– Synology et QNAP gèrent plus de formats de photos et proposent une interface agréable à l’oeil. Ils proposent aussi des applications de gestion poussées de création d’albums ou de galeries.
– WD, Netgear, Buffalo et D-Link permettent aussi d’afficher des photos sur le web, mais les mettent moins en valeur.

Streaming de vidéos/musiques via internet

Le partage de vidéos ou de musiques via les clouds publics est très efficace. Une vidéo stockée dans votre Google Drive par exemple peut-être lue sur n’importe quel appareil via un lecteur Web à la YouTube. Ce genre de possibilités n’est pas aussi répandu dans les clouds personnels.
La lecture de vidéos en streaming est souvent disponible dans les applications mobiles fournies par les différents constructeurs. En revanche, la lecture de vidéo via le web n’est pas toujours assurée assurée chez WD, Netgear, DLink. Buffalo la propose via son web Access, tout comme QNAP ou Synology.

– WD, Netgear, DLink ne font pas de streaming vidéo web (les liens déclenchent un simple téléchargement), uniquement via des applications tierces.
– Buffalo, QNAP ou Synology lisent les vidéos directement sur le web ou via des applications.

Sauvegarde PC/Mac/mobile vers le cloud

On l’a dit, un cloud personnel a pour avantage une capacité de stockage gigantesque par rapport aux clouds publics qui font payer trop cher les téraoctets. Grâce à cela, un cloud personnel peut servir à sauvegarder les multiples appareils qu’on possède. C’est même une des fonctions les plus anciennes des NAS. Elle est supportée par tous les constructeurs. Sur PC, il faut souvent passer par une application dédiée. Sur Mac, tous les NAS prennent en charge la sauvegarde Time Machine intégrée à OS X. Les NAS peuvent aussi sauvegarder le contenu de disques ou clés USB branchés directement.

En revanche, la sauvegarde des terminaux mobiles est limitée à certains types de contenus, comme les photos et vidéos dont nous avons déjà parlé. La sauvegarde des OS mobiles reste encore un domaine à part.

Tous les NAS permettent de sauvegarder un PC ou un Mac ou un disque dur externe. Aucun NAS ne permet de sauvegarder un smartphone.

Les autres critères de choix

Un cloud personnel peut donc répliquer les fonctions de base des grands clouds publics. C’est un premier pas vers l’indépendance vis-à-vis des géants d’internet, mais peut-on aller plus loin ? Oui avec certains NAS.

Calendrier et contact partagés

Certains modèles de NAS peuvent servir à héberger des calendriers partagés. Adieu Google Agenda, bonjour la configuration d’un serveur CalDAV. Cette fonction se retrouve chez Synology et Netgear. De même, il est possible de monter un serveur CardDAV pour synchroniser via son cloud personnel un carnet d’adresses. La configuration demandera toutefois de la patience et quelques compétences.

Les NAS Synology et Netgear sont les seuls à pouvoir exécuter un serveur cardDAV ou calDAV.

Son propre serveur mail

Documents, photos, calendrier, contacts… on a presque tout ! Restent les emails. Certains NAS (Synology et Netgear toujours) savent le faire, mais, s’il est facile de récupérer des emails, l’envoi posera problème. Pour une raison simple : le spam. Les serveurs mails du monde entier ne verront pas d’un bon oeil un message émis par un serveur inconnu, situé à une IP inconnue et faisant partie d’une plage d’adresses réservées aux clients particuliers ADSL, par exemple. Ledit message a toutes les chances de se faire traiter comme spam et donc de ne jamais atteindre son destinataire. Une solution est d’utiliser un serveur d’envoi connu (celui de son FAI ou celui d’un webmail), mais alors, pourquoi ne pas l’utiliser aussi pour la réception ?

Les NAS Synology et Netgear sont les seuls à pouvoir exécuter un serveur mail.

Station de téléchargement

Tous les NAS que nous avons essayés intègrent un gestionnaire de téléchargement via http ou sur les réseaux peer-to-peer comme bittorrent. Le plus souvent il s’agit du client multi-plate-forme Transmission. Les fichiers ainsi récupérés sont accessibles depuis tous les appareils : une excellente solution face à la capacité de stockage faiblarde des PC portables à SSD ou des smartphones.

Les NAS Synology, QNAP, WD, Netgear, Buffalo et D-Link feront tous de bonnes stations de téléchargement.

Un mot sur l’ergonomie

Image 11 : Cloud personnel : les meilleures solutions pour ramener ses données à la maisonL’interface D-LinkImage 12 : Cloud personnel : les meilleures solutions pour ramener ses données à la maisonL’OS de Buffalo

Derrière des fonctionnalités et des prix similaires, les NAS dédiés au cloud personnel cachent de grandes différences de philosophie et de facilité d’utilisation. Quelques-uns comme ceux de Synology ou de Qnap sont pensés comme de vrais petits PC et se laissent piloter via une interface graphique reprenant les traits classiques d’un OS de bureau : bureau, barre des tâches, fenêtres, widgets, dock, etc. Tous les constructeurs malheureusement ne déploient pas autant d’efforts pour faciliter l’utilisation. La palme de l’austérité revient sans doute à D-Link, qui multiplie les pages au look « web de l’an 2000 » dans un fouillis souvent dur à suivre. WD et Netgear semblent s’être arrêtés au milieu du gué avec une interface propre et moderne, mais qui ne cherche pas à singer un OS classique.

– Les OS de Synology, QNAP et Buffalo sont les plus simples à utiliser et les plus réactifs.
– WD et Netgear permettent une installation sans souci mais leur interface est moins intuitive.
– L’OS D-Link souffre d’une présentation datée et confuse.

Quels sont les risques ?

L’une des forces du cloud personnel est aussi une de ses faiblesses : toutes les données sont concentrées sur un appareil, situé au domicile (ou au bureau) de l’utilisateur. Tout problème touchant cet appareil impacte directement l’ensemble des services qui en dépendent. Une coupure d’électricité ? Plus de cloud ! Une panne d’internet ? Plus de cloud ! Un cambriolage ? Plus de cloud ! Un dégât des eaux, un incendie ? Plus de cloud ! Un NAS qui tombe en panne ? Plus de cloud ! Un ransomware qui crypte tout le contenu et demande une rançon pour tout débloquer ? Plus de cloud !

Image 13 : Cloud personnel : les meilleures solutions pour ramener ses données à la maisonLe ransomware Synolocker.

Du RAID1 au minimum

Reprendre la maîtrise de ses données impose donc de nouvelles contraintes de maintenance, que l’on délègue par ailleurs bien volontiers à Google, Amazon et consorts. Avant de se lancer, il faut donc penser s’assurer d’avoir une connexion internet fiable et un environnement tranquille. Un NAS à deux baies configuré en RAID 1 nous semble le strict minimum pour se prémunir des pannes matérielles. Un modèle à vocation professionnelle munie de deux alimentations redondantes (comme le WD MyCloud DL2100) n’est pas une mauvaise idée non plus.

Sauvegarde obligatoire

Mais ça ne suffit pas : il faut surtout mettre en place une procédure de sauvegarde régulière du NAS vers un autre support. Cela peut-être un disque dur connecté régulièrement en USB, un autre NAS localisé ailleurs ou… un cloud public ! L’idée peut paraître contradictoire, mais il s’agit en réalité du meilleur moyen pour cumuler les avantages des deux systèmes sans supporter leurs inconvénients. En ce qui concerne la confidentialité notamment, les NAS chiffrent automatiquement leurs données avant de les uploader sur les clouds publics, un chiffrement côté client dont la clé reste inconnue des serveurs distants.

Image 14 : Cloud personnel : les meilleures solutions pour ramener ses données à la maisonQNAP Cloud Drive Sync permet de sauvegarder vers Onedrive, Google DRive, hubic ou DropboxLa plupart des NAS proposent cette option. Selon la quantité de données à mettre à l’abri, l’entreprise peut vite se révéler ruineuse, mais les tarifs du téraoctet en ligne baissant régulièrement, elle n’est plus totalement irréaliste pour un particulier. Les NAS Synology par exemple, peuvent utiliser le stockage Amazon Glacier ou l’offre hubic d’OVH, qui ne coûte que 50 € par an pour 10 To.

Avec une sauvegarde locale plus une sauvegarde distante, on est à peu près assuré de ne pas perdre ses données. En revanche, il faudra accepter une période d’indisponibilité assez longue, le temps de restaurer la sauvegarde le cas échéant.

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