Peut-on jouer avec une tablette d’entrée de gamme ?

Introduction

La majorité de la rédaction préfère jouer sur PC que sur console, non pas par un quelconque sentiment de supériorité technologique mal placé (quoique…), mais par affinité avec la logithèque des PC. De même, nous préférons les sensations de contrôle procurées par un clavier et une souris à celles d’une manette. Le PC permet d’atteindre une sophistication qui serait difficile à reproduire sur une console.

Ceci étant dit, les PC sont nettement moins influents quand il s’agit de jeu nomade : les portables sont trop grands pour les transports que l’on emprunte au quotidien et à moins d’être en première classe avec une prise à proximité, ils ne sont pas franchement pratiques pour jouer dans l’avion ou en TGV.

Nintendo a su investir cet espace il y a plus de 25 ans avec sa Game Boy, laquelle a évolué pour devenir la 3DS XL que l’on connait aujourd’hui. En 2004, Sony a lancé la Playstation Portable, laquelle a été remplacée par la PS Vita. Bien entendu, les smartphones et tablettes pèsent de plus en plus lourd dans le secteur du jeu nomade, grâce aux évolutions de leurs composants graphiques ainsi qu’aux API standardisées permettant de maintenir une compatibilité. La Shield de NVIDIA mérite également d’être mentionnée vu qu’elle propose de jouer dans son environnement natif (Android) et sous Windows, à condition de posséder une des GeForce compatibles ainsi qu’une connexion Wi-Fi suffisamment rapide.

Image 1 : Peut-on jouer avec une tablette d'entrée de gamme ?

Toutes ces consoles portables ont leurs qualités, mais aucune n’est capable de proposer la déclinaison mobile de l’expérience PC : on ne peut pas jouer à un titre comme Dota 2 sur une 3DS. NVIDIA est celui qui se rapproche le plus de cette cible avec des portages étonnamment fidèles de Half-Life 2 et Portal, mais la librairie de jeux disponibles sous Android reste limitée. La firme au caméléon continue d’implémenter des technologies innovantes avec GameStream et Grid cloud gaming, mais l’une comme l’autre nécessitent des connexions réseau ultra rapides pour garantir un débit d’images fluide. Un jour peut-être, le partage de connexion Internet et le Wi-Fi dans les avions et TGV seront suffisamment rapides pour cela, mais nous n’y sommes pas encore.

Les tablettes Windows 8 ne sont pas marketées comme étant des plateformes de jeu, ce qui n’a rien d’anormal : leurs composants sont généralement modestes, surtout au niveau des circuits graphiques. De plus, leur espace de stockage est souvent assez limité. Dans de nombreux cas, des périphériques de base ne peuvent y être branchés à défaut d’une simple connexion USB. Enfin, les jeux PC ne sont pas conçus pour être utilisés avec des commandes tactiles. D’emblée, le jeu sur tablette Windows s’avère être un joyeux capharnaüm.

Nous avons cependant essayé d’en faire la déclinaison mobile de l’expérience PC. Soyons clairs : il ne s’agit pas de jouer à Angry Birds ou Halo : Spartan Assault. Certains des jeux optimisés pour les commandes tactiles sous Windows sont corrects : Cold Alley, GTA: San Andreas, Armed!, Asphalt 8: Airborne, et Skulls of the Shogun permettent quelques heures plaisantes et sont disponibles sur le Windows Store. Mais là non plus, ces titres ne correspondent pas à ce que l’on entend par « expérience PC » sur une plateforme mobile.

Dell Venue 8 Pro

Il faut bien commencer quelque part et la Dell Venue 8 Pro est idéale sur certains points. Le format 8 pouces est indéniablement taillé pour la mobilité, tout en proposant une surface et/ou une définition plus importantes que les écrans 5 pouces de la PS Vita et de la NVIDIA Shield : avec une définition native de 1280×800, la Venue 8 Pro fait nettement mieux que les 960×544 de la PS Vita et un tout petit peu plus que la portable de la firme au caméléon.

La tablette Dell embarque un Atom Z3470D avec IGP HD Graphics ainsi que 2 Go de DDR3 en single channel, trois caractéristiques qui limitent potentiellement ce à quoi l’on peut jouer dans des conditions acceptables. Nous avons essayé un panel de jeux plus ou moins récents, sachant qu’il ne faut pas pour autant faire la fine bouche sur des jeux plus anciens. Ceci étant dit, il existe une quantité colossale de jeux PC fantastiques qui ne demandent qu’à être (re)découverts, sachant que bon nombre d’entre eux sont disponibles à prix très raisonnables.

Image 2 : Peut-on jouer avec une tablette d'entrée de gamme ?

PS Vita et NVIDIA Shield coûtent environ 200 euros, tandis que la 3DS XL se situe légèrement en-dessous de ce niveau (170 euros). La Dell Venue 8 Pro est quant à elle disponible aux alentours de 250 euros en version 32 Go, tandis que la déclinaison 64 Go s’affiche au prix fort peu raisonnable de 420 euros.

Nous ne sommes mêmes pas à la fin de la première page de cet article et pourtant, il y a déjà un surcoût bien réel par rapport à une console portable. Cependant, n’oublions pas qu’une tablette Windows ne se cantonne pas aux jeux : la Venue 8 Pro propose par exemple une version complète de Microsoft Office Home 2013. Par ailleurs, la tablette n’embarque pas l’OS tant décrié qu’est Windows RT, mais un Windows 8.1 inaltéré.

Difficile de jouer sérieusement sans clavier et souris. Sachant que la Venue 8 Pro n’offre qu’un seul port Micro-USB, il faut nécessairement passer par le Bluetooth. Nous avons donc pris une souris Logitech Wireless M185 pour 10 euros ainsi qu’un clavier Cherry KW 6000 pour 37 euros. Pour ce qui est des réseaux, la Venue 8 Pro embarque des antennes configurées en 2×2 proposant du Wi-Fi 802.11n, sachant que les débits n’ont pas posé les problèmes auxquels nous nous attendions.

Pour récapituler, nous avons donc acheté la Venue 8 Pro 32 Go à 250 euros, un clavier et une souris Bluetooth pour 47 euros et enfin une housse servant également de support en faux cuir pour 10 euros, soit 312 euros au total. Ces composants nous donnent l’équivalent d’un ultraportable avec les périphériques nécessaires pour jouer, mais nous souhaitions également tester quelques extras : si l’expérience de jeu est meilleure, on pourrait alors sérieusement envisager de dépenser un peu plus.

Stockage revu à la hausse : carte MicroSDXC SanDisk Ultra 128 Go

Les 32 Go de stockage que proposent la Venue 8 Pro ne nous permettront pas d’aller bien loin dès lors que l’on décide d’y installer des jeux. La version 64 Go est donc tentante de ce point de vue, mais son prix est prohibitif. Fort heureusement, la tablette de Dell propose un port microSD, ce qui n’est pas systématique sur les appareils mobiles et pourtant essentiel compte tenu de notre utilisation. Les cartes MircoSD 32 Go classe 10 se trouvent à partir de 15 euros, ce qui permet de doubler la capacité de la tablette à petit prix, sachant que les modèles 64 Go se trouvent quant à eux à partir de 30 euros.

Un des idées derrière cet article était d’installer de nombreux jeux, or SanDisk a récemment sorti un modèle haute capacité qui était attendu depuis longtemps : la MicroSDXC Ultra 128 Go classe 10 UHS-I. Bien que la progression de la capacité soit naturelle, il y a quelque chose de surréaliste lorsque l’on voit qu’une si petite carte propose 128 Go. Ceci dit, ses performances sont-elles bien à la hauteur de sa capacité ?

Image 3 : Peut-on jouer avec une tablette d'entrée de gamme ?

SanDisk annonce des débits maximum en lecture de 30 Mo/s, ce qui est normal pour un périphérique UHS de classe 1 vu qu’ils doivent garantir un débit minimum de 10 Mo/s. Nos tests ont montré que le débit évoluait entre 10 et 40 Mo/s, niveau de performances identique à celui d’une carte G.Skill 32 Go  classe 10 que nous avions également sous la main.

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Le fait que SanDisk n’ait pas utilisé l’appellation « Extreme » pour sa carte MicroSDXC nous dit que le produit se destine avant tout au stockage de masse et non pas à des débits records. Ceci étant dit, la carte de SanDisk est un bon choix même si nous regrettons que le prix par Go soit un peu élevé à ce stade : les modèles 32 et 64 Go on un net avantage de ce point de vue. Tout dépend donc du volume de données que l’on souhaite avoir sous la main.

Manette physique et manette virtuelle

Au fil des recherches pour cet article, nous avons pu voir que l’offre en matière de manette Bluetooth pour PC était loin d’être riche. Ceci étant dit, SteelSeries propose un modèle à la fois compact et bien pensé, la Free.

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Malgré son format réduit, le confort est agréablement surprenant. On ne ressent pas de restrictions ou limites quelconques. La Free propose huit boutons, deux sticks analogiques ainsi qu’une croix directionnelle à huit positions. Notons que son format est identique à la Stratus du même constructeur, laquelle a été spécifiquement conçue pour les périphériques iOS.

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Outre sa compatibilité PC, la Free fonctionne également avec les appareils IOS/Android et propose un configurateur de touche pour chacune des trois plateformes. L’éditeur de profil dédié au PC (SteelSeries Engine) a parfaitement su répondre à nos attentes même s’il a fallu un léger temps d’adaptation pour maitriser son interface. On aimerait par ailleurs que SteelSeries pense à une manière de partager ses configurations personnalisées, chose que le logiciel ne permet pas à l’heure actuelle.

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Chaque touche est configurable, de même que la manette peut fonctionner en mode clavier & souris : les mouvements de la souris sont alors émulés par le stick analogique, ce qui est parfait quand on est habitué aux FPS sur console. Naturellement, la manette peut être tout simplement utilisée comme gamepad standard sous Windows sous réserve d’être prise en charge par tel ou tel jeu.

L’autonomie est annoncée comme supérieure à 10h et dans les faits, nous avons pu conduire l’intégralité des tests sans avoir à recharger la manette. Précisons que la Free reste bien entendu utilisable lorsqu’elle se recharge, permettant ainsi des sessions de jeu ininterrompues.

Notre seul reproche tient à son prix : assez rare en France, elle se trouve à environ 80 euros. La facture est d’autant plus salée qu’on peut la trouver pour une trentaine d’euros en moins chez nos voisins allemands. Ceci étant dit, le manque de produits concurrents n’incite pas SteelSeries à une politique tarifaire agressive. On se consolera en rappelant que la manette est compatible PC, iOS et Android.

GestureWorks Gameplay

La Free a beau être une bonne manette, il nous semblerait préférable que les contrôles soit directement intégrés à la tablette, sachant que Nintendo, Sony et NVIDIA nous proposent de tenir leurs consoles respectives à pleines mains. Le Wikipad Gamevice promet ce genre de fonctionnalités, mais nous n’en avons pas franchement entendu parler depuis son annonce en début d’année. Que peut-on donc faire à l’heure actuelle ?

C’est là que GestureWorks Gameplay  trouve tout son intérêt : ce logiciel crée des commandes virtuelles en surimpression des jeux sous Windows n’étant pas déjà optimisés pour un contrôle tactile.

Image 8 : Peut-on jouer avec une tablette d'entrée de gamme ?

L’utilitaire est très souple en matière de configuration : il suffit de placer joystick, croix directionnelle, boutons, interrupteur ou encore molette là où souhaité sur l’écran pour ensuite assigner les commandes correspondantes. Même les gestes multi-touch et accéléromètres sont pris en charge. Ceci étant dit, on ne peut pas dire que les fonctionnalités proposées soient particulièrement intuitives et le logiciel de configuration est lent sur notre Dell Venue Pro 8.

Image 9 : Peut-on jouer avec une tablette d'entrée de gamme ?

Lorsque Gameplay fonctionne, le résultat est prodigieux. Malheureusement, le calque généré par les commandes engendre des limitations d’ordre pratique : la situation se complique dès lors que l’on ajoute Steam ou Origin à l’équation par exemple. Dans certains cas, le logiciel refuse tout simplement de fonctionner (Need for Speed World en est une illustration) de même que nous avons rencontré quelques bugs. Globalement, Gameplay semble toutefois fonctionner comme promis et les développeurs d’Ideum sont attentifs aux problèmes rapportés par les utilisateurs.

Image 10 : Peut-on jouer avec une tablette d'entrée de gamme ?

Pour ne rien gâcher, Gameplay est proposé à 15 eurodollars, prix qui nous semble assez insignifiant pour un logiciel permettant d’émuler des contrôles pour jouer sans avoir à s’encombrer de clavier, souris ou manette. La version 2.0 est en vue et d’après ce que nous avons pu entendre, la possibilité d’utiliser un smartphone comme manette est au programme des améliorations. Pour peu que l’on soit intéressé par le fait de jouer sur une tablette et prêt à consacrer du temps à la configuration de l’application, Gameplay est un choix sans risque pour ce prix.

Protocole de test

Le test de la Dell Venue 8 Pro en tant que tablette de jeu diffère franchement de ce que nous avons l’habitude de faire. Pour commencer, nous ne l’opposons à aucun autre produit, ce qui nous a donc conduit à ne pas publier de graphiques : étant donné que le but est avant tout de savoir s’il est possible de jouer avec cette tablette (ou pas), nous avons décidé de proposer des vidéos de gameplay pour illustrer la viabilité de l’expérience.

Image 11 : Peut-on jouer avec une tablette d'entrée de gamme ?

A posteriori, les vidéos s’avèrent être un bon moyen de rendre de compte des capacités ludiques de la Dell Venue 8 Pro dont voici les caractéristiques :


Dell Venue 8 Pro
Processeur
Intel Atom Z3740D (Bay Trail), 1,333 à 1,833 GHz, quatre Cores, BGA1380, 2 Mo de cache L2
RAM
DDR3L, 2 Go, 1600 MT/s, CL 9-9-9-24-1T
IGP
Intel HD Graphics, 4 unités d’exécution, 313-688 MHz
Stockage
SSD 32 Go
Logiciels et pilotes
OS
Microsoft Windows 8.1 32 bits
DirectX
DirectX 11
Graphiques
Intel Graphics Driver 10.18.10.3349

Dota 2, Battle for Middle Earth II

Les MOBA (multiplayer online battle arena) constituent un des genres les plus populaires qui soient dans l’histoire du PC. League of Legends ne posant aucun problèmes de ressources, y compris pour notre tablette s’appuyant sur un Intel HD Graphics, nous avons préféré retenir Dota 2.

Bien entendu, nous étions particulièrement intéressés par les performances de la Venue 8 Pro dans sa définition native, c’est-à-dire 1280×800. Tous les réglages graphiques ont été abaissés au minimum, exception faite de la qualité des textures paramétrée en medium.

S’agissant des contrôles, les MOBA appellent clavier et souris, raison pour laquelle nous n’avons pas essayé le SteelSeries Free ou GestureWorks Gameplay sur Dota 2. Voici le résultat :

Les performances ne sont pas excellentes, mais nous pensons tout de même que Dota 2 est jouable sur la tablette de Dell avec ces réglages. Naturellement, le débit d’images est à distinguer du lag propre à la connexion réseau lorsque l’on joue en ligne : si une moyenne de 30 ips peut permettre à un MOBA d’être jouable, une latence excessive rend l’expérience pénible (ce qui vaut pour n’importe quelle plateforme).

Battle for Middle Earth II

Nous avons une faiblesse pour la série Battle for Middle Earth d’EA, basée sur l’univers de J.R.R. Tolkien. Le second volet a repoussé les limites visuelles auxquelles nous nous attendions pour un RTS lorsqu’il est sorti, ce qui nous a poussés à y rejouer pour cet article.

D’emblée, nous avons fait face à un problème : le jeu ne fonctionne pas sous Windows 8. Fort heureusement, un moddeur connu sous le pseudo de Turin Turumbar a créé un patch (BfME_Startup_Fixxer.exe) permettant de contourner le problème.

Au vu des problèmes de performances en 1280×800 (définition native de la tablette), nous sommes descendus en 1024×768 pour ensuite paramétrer les réglages graphiques au maximum. Fort heureusement, la baisse de la définition est à peine sensible sur l’écran 8 pouces de la Dell Venue 8 Pro. Une fois encore, nous avons essayé ce jeu avec clavier et souris Bluetooth.

Comme on peut le voir ci-dessus, le jeu est encore très plaisant à l’œil malgré son âge (plus de huit ans) et s’avère étonnamment fluide sur notre tablette Windows.

World of Warcraft, Star Wars: The Old Republic

Aussi incroyable que cela puisse paraître aujourd’hui, il fut un temps où World of Warcraft nécessitait plus qu’une configuration entrée de gamme (à l’heure actuelle, le MMO de Blizzard se montre encore relativement exigeant si l’on pousse les réglages graphiques au maximum). Dans la mesure où ce titre reste un des emblèmes de la ludothèque PC, il nous a semblé naturel de l’inclure dans notre suite de tests.

Nous avons choisi le mode DirectX 11 ainsi qu’un niveau de détail bas, sans anti-aliasing, ce qui nous a permis d’avoir un débit d’image fluide en 1280×800 (définition native de la tablette). Comme c’est le cas des deux titres de la page précédente, les MMO sont taillés pour le couple clavier souris et rien d’autre.

La vidéo ci-dessus montre une bataille multijoueurs en PvP sans problèmes de performance. Moyennant une bonne connexion Internet, la Venue 8 Pro permet donc une bonne expérience nomade de WoW.

Star Wars: The Old Republic

Le moteur deStar Wars: The Old Republic est plus complexe que celui de World of Warcraft, mais il a également une bonne capacité à diminuer le niveau de détails afin de tourner sur des configurations modestes dans d’assez bonnes conditions. Précisons que SWTOR est un exemple parfait des jeux free-to-play qui nous harcèlent pour passer à un abonnement.

Quoi qu’il en soit, il nous a fallu réduire les réglages au minimum et passer en 800×600 pour que Star Wars: The Old Republic soit jouable sur la Venue 8 Pro. Cette définition semble surement horrible à la majorité d’entre nous, mais il ne faut pas oublier que l’écran de la tablette ne mesure que 8 pouces en diagonale. Rappelons à titre de comparaison que la PS Vita est systématiquement limitée à 960×544 (dans le meilleur des cas) sur son écran de 5 pouces.

Malgré quelques chutes notables du débit d’images ici ou là, le MMO de BioWare est jouable à nos yeux, mais les performances paraitront peut être trop faibles à certains d’entre nous. Tout dépend de ce que l’on est prêt à accepter sur une tablette munie d’un Atom : la Venue 8 Pro est probablement suffisante pour gérer son personnage à l’occasion, mais pas franchement viable pour partir dans des missions exigeantes en ressources.

The Elder Scrolls IV: Oblivion, Left 4 Dead, Unreal Tournament

The Elder Scrolls: Oblivion a défini un standard en matière de jeu à monde ouvert et reste encore agréable à regarder aujourd’hui. Connu pour avoir été gourmand en ressources graphiques lorsqu’il est sorti sur PC en 2006, nous avons voulu voir comment la tablette s’en sortirait.

Bien qu’Oblivion soit encore jouable en 1024×768, nous avons préféré revoir nos ambitions à la baisse pour gagner en réactivité ainsi qu’en débit d’images. Comme pour Star Wars: The Old Republic, une définition de 800×600 est viable parce que l’on joue sur un écran de 8 pouces, sachant que nous avons réglé le niveau de détails sur bas, paramétré les textures sur medium et enfin augmenté la distance d’affichage au maximum. Précisons que l’option relative à l’affichage des paysages distants a également été activée.

Pour ce genre de jeu, le couple clavier souris a notre préférence sans pour autant s’avérer indispensable, surtout lorsque la place disponible pose problème. Nous en avons donc profité pour essayer laSteelSeries Freeainsi que GestureWorks Gameplay comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessous.

Oblivion reste donc très agréable sur le plan visuel et s’avère fluide avec ces réglages. La SteelSeries Free marche normalement malgré son petit gabarit et enfin, le logiciel Gameplay produit lui aussi de bons résultats bien qu’il nécessite une phase d’adaptation : on gagne à prendre le temps de bien régler la sensibilité.

Left 4 Dead

Le titre de Valve reste l’un de nos FPS multijoueurs préférés bien qu’il ait plus de 5 ans. Left 4 Dead est aussi un très bon représentant des nombreux titres qui s’appuient sur le moteur Source que l’on retrouve notamment sur Half-Life 2, Counter Strike: Source, Team Fortress 2, Portal et bien d’autres. En clair, si l’Atom de la Venue 8 Pro est capable de faire correctement tourner Left 4 Dead, il y a de très fortes chances pour que les autres jeux basés sur le moteur Source soient tout autant jouables.

Nous avons testé le jeu avec réglages au maximum, filtrage trilinéaire et shaders au minimum. La définition a été maintenue à 800×600 sachant qu’une fois encore, le résultat est satisfaisant compte tenu des dimensions de l’écran. S’agissant des contrôles, il s’est avéré impossible de faire marcher GestureWorks Gameplay correctement. En revanche, la SteelSeries Free est parfaitement compatible.

Left 4 Dead est étonnamment fluide sur la Venue 8 Pro, de même que le gamepad est réactif. Cependant, nous avons une préférence pour le couple clavier/souris comme c’est le cas pour tout FPS. Pour l’anecdote, nous avons joué à Left 4 Dead dans une chambre d’hôtel avec Wi-Fi pendant deux heures avant de prendre conscience du fait que l’on s’amusait énormément sans avoir besoin d’une prise secteur.

Unreal Tournament 3

L’Unreal Engine 3 d’Epic est un moteur dont le succès n’est plus à démontrer quand on voit le nombre de jeux à succès qui l’utilisent, parmi lesquels la série des Batman : Arkham, Gears of War, BioShock, Borderlands etMass Effect parmi d’autres. Unreal Tournament 3 a plus de 6 ans maintenant, mais il nous a semblé important de l’inclure.

Nous avons été contraints d’abaisser la définition à 800×600 une fois de plus, mais cette fois avec un niveau de détails minimum, une définition des textures réglée sur 3 ainsi qu’un niveau de détail moyen pour les personnages. Malgré ces compromis considérables sur le plan visuel, certaines des cartes souffraient de ralentissements. C’est sur Torlan que l’on arrive aux meilleures conditions de jeu possibles.

Nous avons rencontré le bug bien connu de la caméra qui ne cesse de tourner avec la SteelSeries Free. En revanche, GestureWorks Gameplay s’est montré tout à fait fonctionnel.

Unreal Tournament 3 est donc jouable mais pas sur toutes les cartes. Bien entendu, ce n’est pas une bonne nouvelle par rapport aux titres plus récents qu’UT3 qui utilisent le même moteur, mais nous ne trouvons pas ce résultat surprenant pour autant : le contrôleur Intel HD Graphics et ses quatre unités d’exécution n’est tout simplement pas taillé pour les jeux exigeants, quand bien même il est épaulé par une architecture X86 autrement plus performante dans son registre.

Burnout Paradise, Need For Speed World

Burnout Paradise

Burnout Paradise fait lui aussi partie de nos jeux favoris et l’on déplore le fait que Criterion games ait été réorienté par EA sur la franchise Need For Speed. Si NFS : Most Wanted était non seulement un assez bon jeu en plus d’être le successeur spirituel de Burnout Paradise, il nous semble que Criterion Games a quelque peu perdu en audace.

Ceci étant dit, Burnout Paradise est encore extrêmement agréable à voir et constitue un excellent exemple des bons portages console vers PC. Pour ne rien gâcher, le jeu s’accommode sans problèmes de composants entrée de gamme : nous avons pu maintenir une définition de 1280×800 même s’il a fallu baisser les réglages graphiques au minimum.

Autant un STR ou un MMO exige le couple clavier/souris, autant un jeu de course comme Burnout Paradise nécessite un stick analogique. Bonne nouvelle, la SteelSeries Free était parfaitement reconnue. On ne peut malheureusement pas en dire autant du profil dédié de GestureWorks Gameplay que nous n’avons pas pu faire marcher alors que les développeurs y sont parvenus de leur côté.

Pour notre plus grand plaisir, Burnout Paradise est tout à fait jouable sur la Dell Venue 8 Pro.

Need For Speed World

Les MMO free-to-play ne se limitent pas aux RPG : EA a par exemple adopté ce modèle pour Need for Speed World, jeu dans lequelon peut investir l’argent virtuel amassé au fil des courses pour acheter de nouvelles voitures, les améliorer, refaire leurs peintures et intérieur. On ressent parfois l’impression d’avoir à payer pour gagner, mais il est tout à fait possible de s’amuser sans débourser un centime à condition de supporter le grinding.

Le principal défaut de ce jeu est sa prise en charge affreusement limité des mannettes. On se demande bien pourquoi Need for Speed World ne reconnait pas les manettes génériques sous Windows et malheureusement, notre SteelSeries Free fait partie des victimes, tout comme GestureWorks Gameplay. Il a donc fallu passer par le couple clavier/souris en Bluetooth.

Nous avons paramétré le jeu dans la définition native de la tablette (1280×800) avec des réglages graphiques bas (c’est-à-dire un cran au-dessus du minium sur ce titre).

Le jeu est fluide sur la Dell Venue 8 Pro : nous avons constaté quelques chutes dans le débit d’images au lancement, mais les performances se sont montrées stables par la suite. Bien entendu, les problèmes de latence sont autrement plus importants lors de parties multijoueurs, mais ce problème est tout aussi vrai pour les PC.

Conclusion

Compte tenu de ce que nous avons pu voir, il n’est pas question de prédire l’envolée du jeu sur tablettes Windows à court ou moyen terme. Cependant, alors que bon nombre d’entre nous attendent qu’Android s’enrichisse en jeux de qualité, notre passion pour le PC nous a poussés dans une autre direction.

Pour quelqu’un qui effectue régulièrement des déplacements, il est évident qu’un portable taillé pour jouer constitue vraisemblablement le meilleur choix possible. On trouve ainsi des 13 pouces haut de gamme qui embarquent les composants nécessaires pour jouer en 1080p avec détails élevés. Pour peu que l’on préfère une tablette convertible à un portable, la Microsoft Surface Pro 2 est nettement plus puissante que la Dell Venue 8 Pro testée aujourd’hui, mais le budget n’a plus rien à voir : environ 800 euros pour la première (version 64 Go) contre 250 euros pour la seconde (version 32 Go).

Si l’on est prêt à passer du temps à optimiser réglages et profils, si l’on apprécie les petits formats et que l’on ne souhaite pas s’encombrer d’un notebook, les dernières tablettes basées sur Windows 8.1 constituent une bonne surprise : leurs composants sont suffisants pour jouer de manière occasionnelle. Cerise sur le gâteau, ces mêmes tablettes ont l’avantage d’être assez abordables.

Image 11 : Peut-on jouer avec une tablette d'entrée de gamme ?

Rétrospectivement, si l’on nous avait dit il y a quelques années que l’on s’amuserait à jouer à Left 4 Dead sur une tablette 8 pouces, nous aurions probablement rigolé. Comme nous l’avons vu, le potentiel est également là pour Oblivion, Burnout Paradise, The Battle for Middle Earth 2, Dota 2 et d’autres : tous ces titres sont plaisants et s’avèrent jouables sur la Venue 8 Pro. N’oublions pas que la ludothèque PC est absolument gigantesque : nous avons à peine effleuré sa surface aujourd’hui.

Revenons-en à la notion de prix : on peut trouver de très bons jeux PC ayant quelques années au compteur pour des sommes dérisoires sur Steam ou GOG par exemple. Aujourd’hui aux alentours de 250 euros pour un modèle 8 pouces sans clavier, le prix des tablettes Windows ne cesse de baisser. En y ajoutant des périphériques Bluetooth pour optimiser l’expérience utilisateur, on se retrouve avec une configuration qui reproduit les fonctionnalités d’un petit notebook avec Microsoft Office. Il est bien évident que la PS Vita, la 3DS XL ou encore la NVIDIA Shield ne peuvent pas rivaliser en termes de polyvalence.

Ceci étant dit, il faut souligner le fait que les limitations sont bien réelles. Il nous a été impossible d’utiliser la plupart des jeux sur lesquels nos benchmarks habituels s’appuient : BioShock Infinite et Sins of a Solar Empire n’ont pas voulu se lancer correctement tandis que les performances sont tout simplement trop faibles sous Star Trek Online, The Elder Scrolls V: Skyrim, Grid 2, Dirt Showdown etJust Cause 2. Les processeurs Atom actuels et leurs contrôleurs HD Graphics sont tout simplement trop peu puissants pour gérer la grande majorité des jeux PC récents, y compris ceux qui sont pourtant connus pour avoir des prérequis matériel assez faibles.

S’agissant des contrôles, la manette Bluetooth SteelSeries Free est un vrai plaisir à utiliser. Cependant, il nous semble qu’un périphérique séparé nous éloigne de l’expérience unifiée que propose une console portable. GestureWorks Gameplay  est une solution partielle au problème puisque les commandes se retrouvent en surimpression de l’image, mais le logiciel est encore perfectible. Ceci étant dit, il semble promis à un bel avenir grâce à des développeurs réactifs et compte tenu de son prix (15 euros), l’investissement est assez facile à consentir. A nos yeux, l’idéal serait d’avoir des commandes fixées sur les côtés de la tablette, dans le même esprit que la tablette Razer Edge. Wikipad promet un périphérique de ce type baptisé Gamevice, mais sa sortie n’est pas attendue avant la fin de l’année.

Le stockage est un autre problème réel lorsque l’on commence à installer des jeux sous Windows. La plupart des tablettes proposent 32 à 64 Go de NAND, ce qui est affreusement faible dans l’absolu sachant qu’en plus, le passage de 32 à 64 Go est généralement douloureux sur le plan financier. Nous avons donc contourné le problème avec une carte MicroSDXC SanDisk Ultra 128 Go classe 10 UHS-1, sachant que l’on peut parvenir à un coût par Go franchement intéressant en se contentant d’une carte 32 ou 64 Go.

Pour peu que l’on aime les jeux PC et que l’on soit prêt à essayer différents jeux afin de voir ceux qui peuvent tourner dans de bonnes conditions, ces petites tablettes sous Windows 8.1 ont un vrai potentiel à offrir. Nous estimons que ce marché évoluera considérablement d’ici un an ou deux, ce qui pourrait permettre de rendre le jeu sur tablette  (encore une fois, nous visons plus haut qu’Angry Birds ou Halo : Spartan Assault par exemple) plus largement accessible. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts.

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