Les folies des labos

Image 1 : Les folies des labos

Introduction

La recherche est un sujet qui revient souvent dans nos colonnes. Nous parlions récemment des derniers travaux en informatique quantique, des avancées vers les transistors en graphène et des autres technologies qui vont transformer notre futur. Il y a néanmoins tout un monde que nous passons parfois sous silence par souci de concision. Les laboratoires sont truffés de travaux bizarres, de projets étranges et d’inventions complètement folles ou fascinantes.

Nous avons décidé de vous présenter certaines des perles issues des centres de recherche et développement de grandes compagnies ou d’universités. L’idée est de vous présenter succinctement des projets qui ont le potentiel de changer nos vies, à l’instar de Google Glass ou des papiers grotesque comme le casque de Dieu.

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Google Glass

Le concept derrière le projet Google Glass n’est pas nouveau. Les systèmes de réalité augmentée existent dans les laboratoires depuis 1901 sur papier et le premier écran à être porté sur la tête date de 1966. Google Glass constitue néanmoins la première fois qu’un géant de la high-tech tente de démocratiser le produit en offrant une paire de lunettes censée être portée par le grand public. Google devrait en principe commercialiser Glass à la fin de cette année. Reste maintenant à voir si elles seront mieux reçues que les « lunettes 3D » de certains téléviseurs.

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Smartphone transparent

Polytron a montré son concept de smartphone transparent le mois dernier. L’écran et la couche tactile utilisent des circuits transparents. Les seuls composants visibles sont le processeur, l’appareil photo et la mémoire, ainsi qu’une carte microSD. La firme promet une commercialisation pour la fin 2013, mais nous restons sceptiques. Ce genre de produit a des performances encore trop limitées pour rivaliser avec les modèles opaques grand public. De plus, l’histoire ne joue pas en la faveur du concept. Sony Ericsson a déjà proposé un écran transparent qui fut un véritable flop.

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Batterie flexible

Les scientifiques de l’université de Northwestern aux États-Unis ont présenté une batterie au lithium-ion flexible, capable d’être étirée jusqu’à 300 % de sa taille originelle pour ensuite reprendre sa forme. Elle est destinée à intégrer des vêtements et alimenter des circuits qui se collent sur la peau. Elle a pu nourrir une DEL pendant 8 heures environ et elle dispose d’un système de recharge à induction. Il suffit donc de coller la batterie sur son bras, par exemple, et de poser son bras sur le chargeur et le tour est joué. Le problème de ce genre de produit reste une durée de vie encore trop courte des cellules.

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Des vêtements tactiles

En 2012, un laboratoire canadien a présenté un textile qui dispose d’une surface tactile et qui intégrait une batterie au lithium-ion à l’intérieur des fils. Le tissu utilise des électrodes et des fils conducteurs souples. Ces recherches sont différentes de ce que l’on voit traditionnellement dans ce milieu. Au lieu d’essayer d’intégrer une puce dans le vêtement, l’habit fait partie de l’architecture électronique. Les scientifiques imaginent commander son ordinateur, sa voiture ou son baladeur numérique en touchant sa manche, par exemple. Pour arriver à leurs fins, les universitaires ont utilisé une méthode de fabrication proche de celle produisant des fibres optiques. Le prochain défi est maintenant de fabriquer un transistor souple intégré au textile.

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Invisibilité

Des chercheurs de l’université de technologie de Nanyang à Singapour ont présenté leur dernier prototype de cape d’invisibilité. Il prend la forme d’un cube utilisant deux cristaux de calcites. La structure a la particularité de plier la lumière pour cacher l’objet qui se trouve derrière, comme le montre leur vidéo sur YouTube. Les angles d’invisibilité sont très restreints et la lumière permet de facilement détecter les contours du cube qui a aussi une petite taille. Baile Zhang, le principal chercheur de ce projet, affirme travailler à l’agrandissement de la structure.

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Un ver robotique

Les chercheurs de l’université de Leeds en Angleterre ont conçu un mille-pattes robotique géant. La machine est destinée à des opérations de sauvetage en milieux difficiles. Les scientifiques ont choisi de reproduire le nématode caenorhabditis elegans que l’on trouve communément dans la terre. Le but était de concevoir un robot capable de naviguer dans des endroits très restreints, pénétrer des crevasses ou fissures. La prochaine version du robot devrait être étanche et résistante aux flammes.

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L’aluminium transparent

L’aluminium transparent n’est plus réservé à Star Trek. Les chercheurs de l’Université d’Oxford ont bombardé un film d’aluminium avec le rayon X mou le plus puissant au monde. Cela a eu pour effet de déstabiliser un électron de chaque atome d’aluminium modifiant ainsi la structure du film pour le rendre partiellement transparent pendant un court instant. Cette méthode de fabrication coûte très cher et a une portée très limitée, mais elle aide à la compréhension de la fusion nucléaire. On peut aussi envisager la fabrication de matériaux transparents extrêmement solides.

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Un bras télécommande

En 2010, Microsoft travaillait sur un bracelet qui se portait sur l’avant-bras et qui pouvait détecter les mouvements des muscles et les traduire en commandes envoyées à son PC (cf. « Des muscles pour utiliser son PC »). Il y a quelques semaines, Thelmic Labs, une compagnie canadienne, a présenté son MYO. Il reprend exactement le même concept, mais il est compatible avec Windows et OS X ainsi qu’Android et iOS et il est relié à un terminal à l’aide du module Bluetooth 4.0. Les pré-commandes ont déjà commencé et le fabricant devrait commercialiser son produit à la fin de l’année. Nous en avons d’ailleurs réservé un et partagerons nos impressions une fois que nous l’aurons en main (ou au bras plutôt).

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Un circuit qui se colle à la peau

Des chercheurs de l’Université de San Diego ont conçu un circuit électronique qui se colle à la peau et qui permet de mesurer toute une série de fonctions biologiques et d’envoyer les résultats à l’aide d’un module de communication sans fil. Il est ainsi possible de le coller sur le front pour détecter son activité cérébrale afin de commander un ordinateur par exemple. Il est aussi possible de le coller sur le torse pour surveiller les battements du coeur d’un patient. Le circuit est flexible et dispose d’une surface adhésive.

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Un bras bionique télécommandé

Kevin Warwick, chercheur à l’université de Reading en Angleterre, veut devenir le premier cyborg sur terre. Il s’est déjà fait implanter une puce qui permet de contrôler divers petits appareils, comme l’interrupteur de son foyer. Il s’est aussi fait greffer une puce reliée à son système nerveux. Son épouse s’est aussi fait implanter la même puce et ils ont eu la première communication entre systèmes nerveux au monde. La prochaine étape pour le chercheur est de se faire greffer une main robotique qu’il a conçue. Il compte la faire bouger à l’aide de la puce attachée à son système nerveux, mais le prototype ne semble pas encore au point.

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Casque de Dieu

Michael Persinger, neuro-scientifique à l’Université de Sudbury d’Ontario, a développé le « casque de Dieu ». Le casque envoie un champ magnétique qui va stimuler le lobe temporal du cerveau pour créer la sensation qu’une présence surnaturelle est à côté du sujet portant le casque. 80 % des personnes ayant testé le casque affirment qu’ils avaient l’impression d’être à côté de Dieu ou d’une personne chère décédée. Son papier et son casque ont été largement critiqués par la communauté scientifique qui condamne sa méthodologie et affirme ne pas avoir pu reproduire son expérience.

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Smartphone contrôlé avec les yeux

Les chercheurs de l’opérateur japonais DoCoMo travaillent depuis plusieurs années sur un système permettant de contrôler un smartphone en surveillant les mouvements des yeux de l’utilisateur. Contrairement au Galaxy S4 qui utilise un capteur d’images qui suit le mouvement des yeux, le prototype de DoCoMo repose sur des écouteurs que l’on met dans ses oreilles et qui vont détecter les faibles variations électriques qui ont lieu lorsque le sujet bouge ses yeux. Ce système est plus précis et fonctionne même lorsque l’utilisateur a les paupières fermées. Selon la démonstration, il est possible de monter ou baisser le volume et choisir le morceau de musique que l’on souhaite jouer, par exemple.

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Un circuit intégré dans de la soie

Le professeur Fiorenzo Omenetto de l’université américaine Tufts a conçu un circuit électrique composé de silicium, de magnésium et de soie reconstituée. Il a la faculté de se désintégrer tout seul après un certain temps. Le but est d’insérer ce circuit dans le corps humain et de servir de petit laboratoire sur puce. Il a une durée de vie longue et peut s’autodétruire sur commande. Les résidus sont simplement expédiés hors du corps en passant dans l’urine ou les excréments du patient. Ce genre de puce permettrait aussi de créer des composants réduisant l’impact de l’électronique grand public sur l’environnement.

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Supraconducteur au vin

Parmi les expériences les plus folles qui nous ait été donné de couvrir, la palme revient au supraconducteur au vin rouge. Des chercheurs japonais étaient en train de festoyer lorsqu’ils ont décidé de faire bouillir du vin avant de l’ajouter à un supraconducteur. À leur grande surprise, les résultats étaient excellents (cf. « Des supraconducteurs au vin rouge »). Deux ans plus tard, ils ont découvert que le beaujolais était le meilleur alcool pour ce genre d’application en raison de sa haute concentration en acide tartrique (cf. « Le beaujolais est parfait pour les supraconducteurs »). Les supraconducteurs sont au centre de la recherche portant sur les ordinateurs quantiques et le célèbre vin français pourrait trouver un nouveau marché.

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Un écran pâte à modeler

Des chercheurs de l’université de Bristol ont reçu un financement de 2,47 millions d’euros de l’Union européenne en récompense pour leurs travaux sur un écran malléable comme de la pâte à modeler. Répondant au nom de GHOST (Generic and Highly Organic, Shape-changing inTerfaces), l’écran peut adopter et maintenir n’importe quelle forme. Le toucher ou le déformer permet d’interagir avec le système pour envoyer des commandes. Les travaux permettent de mieux comprendre le fonctionnement des matériaux organiques utilisés en imagerie informatique et les défis inhérents à ce genre d’interface.

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Mettre un humain dans la peau d’un rat

La University College de Londres a conçu un système de réalité virtuelle capable de transporter un humain dans un robot-rat qu’il contrôle afin d’interagir avec de vrais rats sans trahir les échelles. Le rat voit un rat d’une taille similaire à lui et l’homme voit un rat qui a la taille d’un homme, une notion beaucoup moins rassurante. C’est une version rudimentaire du concept du film Avatar de James Cameron. Les scientifiques espèrent utiliser cette technologie pour l’exploration de milieux difficiles. Ils tentent aussi de rendre la vidéoconférence beaucoup plus interactive en faisant appel à tous les sens des interlocuteurs.

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Une batterie alimentée au sang humain

La recherche essaie de remplacer le lithium-ion qui est un matériau cher et aux rendements perfectibles. L’Université de la Colombie-Britannique au Canada a conçu une batterie alimentée au sang humain. Elle utilise des cellules de levure qui se nourrissent du glucose présent dans le sang et produisent des électrons lors de la « digestion ». Le principe est intéressant. Une batterie organique capable de se régénérer naturellement aurait une durée de vie bien plus longue que les modèles d’aujourd’hui. La batterie utilise de la levure que l’on utilise en cuisine. C’est un organisme courant très bon marché et disponible en grande quantité. Le grand défi est de gérer les déchets des cellules une fois le glucose consommé.

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La machine à remonter le temps du professeur Mallett

Le professeur Ronald Mallett de l’Université du Connecticut est connu pour travailler à la construction d’une machine à remonter le temps. Il espère un jour pouvoir sauver son père de la crise cardiaque qui a pris sa vie lorsqu’il était jeune. En plus de ses travaux sur les trous noirs, la relativité, la gravité et l’astrophysique, il travaillerai aujourd’hui sur un système à base de lasers qui serait capable de manipuler le continuum espace-temps.

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Une imprimante qui peut se répliquer elle-même

En 2005, Andrian Bowyer de l’Université de Bath au Royaume-Uni lança le projet RepRap, une imprimante 3D capable de fabriquer les pièces qui la compose afin de se « reproduire ». Le design et les programmes sont disponibles sous licence GNU GPL. La machine a réussi à créer son premier « enfant » en mai 2008. L’équipe n’est pas la seule à travailler sur ce concept puisqu’à la même année, des chercheurs de l’Université de Cornell ont conçu une machine capable de s’assembler toute seule et d’assembler d’autres machines. Néanmoins, contrairement à l’imprimante, elle ne peut pas fabriquer les pièces nécessaires à son fonctionnement.

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La machine à embrasser

Nous terminerons ce dossier avec l’un des appareils les plus étranges. En 2011, des chercheurs japonais ont créé un système permettant de transmettre un baiser sur Internet (cf. « Un baiser sans fil »). Une machine à insérer dans sa bouche simulait les mouvements de la langue de son partenaire. Le docteur Hooman Samani de l’université nationale de Taipei a retravaillé le concept avec des chercheurs singapouriens et a présenté la deuxième version de son Kissenger, un système de messagerie instantanée fonctionnant avec une tête connectée sur le port USB de son ordinateur et qui permet de transmettre son baiser à son partenaire.