Interview de Lisa Su, PDG d’AMD : bilan présent et projets d’avenir

AMD revigoré et prêt à mordre l’industrie à pleines dents.

Position d’AMD et loi de Moore

Après avoir frôlé le dépôt de bilan, il n’a fallu que trois ans à AMD pour devenir l’une des entreprises les plus performantes du S&P 500 (indice boursier américain). Ce surprenant redressement a de plus été accompli contre toute attente : AMD est en concurrence avec Intel et NVIDIA, deux des plus gros vendeurs de semi-conducteurs au monde, tout en disposant de ressources bien plus modestes.

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PDG d’AMD depuis octobre 2014, Lisa Su est titulaire d’une thèse en ingénierie électrique. Le renouveau d’AMD est très souvent mis à son crédit : ayant permis à la firme texane de renouer avec les profits et la compétitivité, son travail a été salué à de nombreuses reprises, notamment par Forbes 50 qui l’a classée parmi les 50 personnalités les plus influentes au monde. Nous avons eu la chance de pouvoir évoquer avec elle les succès d’AMD l’année dernière ainsi que les projets à venir.

Tom’s Hardware : Entre le fait d’avoir été l’entreprise la plus performante du S&P 500 en 2018 et votre entrée récente au Nasdaq 100, AMD a encore réussi une belle année. Quels sont à vos yeux les plus grands succès de cette période et comment comptez-vous les capitaliser comme tremplin pour 2019 ?
Lisa Su : Merci pour ces observations. Comme vous le savez, nous sommes toujours concentrés sur nos produits. Le fait de nous assurer que nous lançons des produits apportant une vraie différenciation et de la valeur pour l’industrie est en quelque sorte notre mantra. 2018 est donc une année assez réussie pour nous. Quand on voit notre feuille de route en matière de processeurs et l’accueil réservé à nos Ryzen et EPYC deuxième génération, je pense que nous sommes franchement satisfaits de leur vie commerciale. Une nouvelle année commence et je crois que nous avons une belle opportunité d’enrichir notre offre. Nous sommes donc impatients de continuer à sortir de très bons produits et d’aider l’industrie à promouvoir le calcul intensif.

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Tom’s Hardware : On entend souvent dire que la loi de Moore est enterrée, même certains concurrents d’AMD ont récemment commencé à relayer ce message. Comment AMD compte faire pour proposer une amélioration des performances similaire à celle que nous avons connue lorsque la loi de Moore avait tout son sens ? Enfin, pensez-vous que la loi de Moore approche de son terme ou bien est-elle en train d’évoluer ?
Lisa Su : A titre personnel, je ne dis pas que la loi de Moore est enterrée. Cette loi est sûrement l’un des principes qui ont gouverné notre industrie sur les cinquante dernières années ou presque, et elle évolue. Clairement, elle évolue. Franchement, la loi de Moore est en mutation depuis 10 ans, le phénomène n’est pas nouveau. Le ralentissement propre aux technologies de fabrication et améliorations de processus a en fait ouvert de nouvelles possibilités pour l’innovation en matière d’architecture et de conception.
Notre priorité est de mettre le paquet la où nous pensons pouvoir apporter de la valeur, c’est-à-dire l’architecture et la conception. Nous utilisons donc la technologie de manière agressive. Un de nos principaux axes pour 2019 est d’être les premiers à commercialiser des produits utilisant un processus de fabrication en 7 nm pour le calcul intensif, mais nous voulons aussi être assez innovants sur le plan architectural, aussi bien pour les processeurs que les circuits graphiques. Nous lancerons de nouvelles architectures cette année. Vous aurez un nouveau regard sur l’agencement système, c’est-à-dire la manière dont nous répartissons les éléments processeur, mémoire et entrées/sorties. Nous sommes contents de pouvoir dire que nous sommes les pionniers des modules multi-puces et chiplets pour le calcul intensif.

Stratégie multi-puce

Tom’s Hardware : Il faut se rappeler que même certains de vos concurrents ont mis en doute les mérites de l’architecture Zen lorsqu’elle a été dévoilée. Maintenant que l’industrie dans sa globalité apprécie les avantages propres aux architectures multi-puces, pensez vous que votre approche a été validée a posteriori ?
Lisa Su : Tout à fait. Comme vous le savez, ces décisions ont été prises il y a quatre ou cinq ans, non seulement dans la perspective de l’architecture Zen, mais aussi de Zen 2, Zen 3 et la manière dont nous assemblons les différents éléments. J’aime pouvoir dire que nous avons été rapides à comprendre l’intérêt des architectures multi-puces et nous allons continuer dans cette direction. Il est naturel que d’autres entreprises s’appuient sur des approches similaires, mais je pense que nous sommes assez agressifs dans notre utilisation des architectures multi-puces afin d’atteindre les meilleures performances possibles.

Tom’s Hardware : L’adoption d’une architecture multi-puces a constitué une étape importante, en premier lieu parce qu’elle permet d’utiliser les mêmes composants basiques au sein de produits destinés aux professionnels et aux particuliers, mais cette étape a aussi été rendue nécessaire par des ressources limitées en ingénierie. AMD ayant maintenant bien plus d’argent à investir en recherche et développement, peut-on s’attendre à une approche similaire à l’avenir, consistant à utiliser les mêmes composants basiques quel que soit le client, ou bien pourrait-on voir des micro-architectures pensées pour des segments de marchés bien identifiés ?
Lisa Su : Nous avons toujours pensé à ce qui fait d’une solution technique la bonne solution. Oubliez un instant le processus de réutilisation. La réutilisation est une bonne raison secondaire de faire quelque chose, mais il ne s’agit pas de la première. A nos yeux, la première raison est que les différentes optimisations d’un processeur se font au détriment de la rapidité des ses entrées/sorties qui n’évoluent pas de manière proportionnelle. Comme on a pu le voir, nous avons des architectures pour PC portables différentes de celles destinées aux serveurs, et nous réfléchissons à la manière de fournir à ce très grand marché les bons produits. Cela nous ramène au fait que l’approche multipuces était extrêmement utile pour proposer les produits adaptés avec la bonne technologie.

La stratégie Ryzen

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Tom’s Hardware : Les attentes sont élevées parce que tout le monde sait qu’AMD surpasse actuellement Intel sur le processus de fabrication. Au regard du caractère disruptif des premiers Ryzen avec 52 % plus d’instructions par cycle, un prix plus agressif ainsi qu’un plus grand nombre de cœurs par rapport à la concurrence, comment allez vous gérer les attentes des clients pour les processeurs à venir ?
Lisa Su : Nous sommes flattés de savoir que nos futurs produits sont attendus avec autant d’impatience. Lorsque nous avons réfléchi à ce que nous voulions faire en termes de calcul, nous avons vraiment pensé à une famille de produits sur trois générations. Le but n’était pas de faire Zen, reprendre la recherche et le développement, faire Zen 2 et répéter le même cycle pour Zen 3. Zen a toujours été une famille sur trois générations apportant les innovations là où elles étaient nécessaires à nos yeux et je pense que nous l’avons déployée de la bonne manière.
Nous sommes très heureux de nos architectures Zen et Zen+. Je pense que c’est assez satisfaisant de voir à quel point les deux premières générations de Ryzen ont été bien accueillies, surtout parmi les utilisateurs avertis. Néanmoins, je pense aussi que notre entreprise est seulement aussi performante que son dernier produit en date. Nous sommes donc bien évidemment en train de travailler dur pour atteindre et même aller au-delà des attentes pour Zen 2 et Zen 3. Cette progression est attendue dans notre industrie et nous en sommes conscients.

Tom’s Hardware : A propos d’utilisateurs avertis, la rétrocompatibilité est un argument majeur pour Ryzen. Comment AMD parvient à arbitrer entre le maintien de la compatibilité pour ses plateformes actuelles, ce qui restreint les possibilités, tout en continuant à proposer de nouvelles technologies qui font envie, comme la gestion du PCIe 4.0 ?
Lisa Su : La rétrocompatibilité pour nos produits serveurs comme nos produits desktop est un choix tout à fait délibéré et vous avez bien compris son fondement. Nous avons voulu attirer les clients vers la famille Ryzen, tout en leur laissant la possibilité de faire évoluer leurs configurations au fur et à mesure que Ryzen et Epyc progressent. C’est une question d’équilibre et je pense que nous avons choisi la bonne formule. La rétrocompatibilité sera maintenue, mais si l’on souhaite mettre en place toutes les nouvelles fonctionnalités, des révisions mineures seront nécessaires comme c’est le cas pour le PCIe 4ème génération par exemple.

La difficulté des PC portables

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Tom’s Hardware : AMD annonce une nouvelle série de Ryzen mobile 2ème génération au CES, capitalisant sur le succès initial pour se rapprocher du but que vous avez annoncé l’année dernière, à savoir une plus grande part de marché du côté des intégrateurs. Où en est-on aujourd’hui, tout particulièrement les portables commercialisés par les intégrateurs ?
Lisa Su : Nous sommes ravis des progrès que nous avons accomplis sur le marché des ordinateurs portables. Si l’on compare ne seraient-ce que les six derniers mois de 2018 par rapport aux six premiers, on peut voir qu’il y avait nettement plus de portables Ryzen sur le marché pour la fin de l’année. Alors que 2019 commence, nous lançons nos nouveaux produits très tôt afin de pouvoir proposer une offre étendue. Le marché des portables est vraiment important, il représente les deux tiers du marché PC et il y a clairement beaucoup d’opportunités aussi bien pour les produits destinés aux particuliers que ceux visant le monde professionnel. Si l’on observe les produits ultrafins, je pense que nos produits s’améliorent avec Ryzen 2ème génération et le passage à la fabrication en 12nm. Nous sommes impatients de voir comment les Ryzen 2ème génération vont trouver leur place au sein des portables.

Tom’s Hardware : Quelles sont les raisons qui ont empêché AMD de se tailler une plus grande part de marché pour les portables et comment comptez-vous améliorer la situation ?
Lisa Su : Quand on cherche à comparer, par exemple le marché des PC fixes et celui des portables, tout particulièrement le segment de marché au sein duquel des utilisateurs assemblent eux-mêmes leurs configurations, on note qu’ils sont tout à fait au courant des caractéristiques techniques et possibilités des processeurs. Nous avons vraiment fait énormément de progrès en parts de marchés sur ce segment grâce à Ryzen et nous continuerons nos efforts à destination de cette communauté.
Du côté des portables, l’éventail de plateformes est bien plus large, les produits passent par différents intégrateurs et revendeurs : le cycle de vie d’un produit destiné aux portables est tout simplement plus long par rapport aux PC fixes. Dans ce contexte, le fait d’avoir une famille de produits multi-générations est tout à notre avantage. La première génération de portables Ryzen était très satisfaisante et la seconde le sera encore plus. Ils seront plus nombreux, proposeront un plus grand nombre de fonctionnalités et resteront excellents pour les jeux tout en proposant une meilleure autonomie et encore d’autres améliorations.
L’échelle de temps est donc un peu plus longue du côté des portables parce que l’on passe par une multitude d’intégrateurs et revendeurs. Le fait d’élargir son offre est un processus à part entière.

Les Radeon et leur futur

Tom’s Hardware : AMD propose une grande variété de cartes graphiques allant du milieu de gamme au haut de gamme grâce aux architectures Polaris et Vega. Vous avez rencontré beaucoup de succès avec cette offre, est-ce que votre objectif est désormais d’être plus compétitif sur le très haut de gamme, ou bien allez-vous continuer à privilégier ces segments de marché ?
Lisa Su : Nous aimons le marché des cartes graphiques qui est très compétitif. Nous pensons qu’il faut être compétitif sur tous les segments, y compris le très haut gamme. Nous avons récemment lancé la Radeon RX 590 que beaucoup ont qualifié de meilleure carte pour jouer en 1080p. Il y a de quoi en être très fier et je crois qu’il s’agit d’un gros segment du marché des cartes graphiques. En parallèle, je dirais qu’une partie de nos fans aimeraient voir une nouvelle offre AMD sur le haut de gamme, ce qui va arriver cette année.

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Tom’s Hardware : AMD est passé à la gravure 12 nm avec Polaris mais pour la Radeon VII, vous êtes directement passés au 7 nm. Pouvez-vous nous expliquer ce qui a motivé cette décision ?
Lisa Su : Les GPU au sein des centres de données constituent de grandes opportunités de croissance, qu’il s’agisse de virtualisation de type cloud, cloud gaming, de même que l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle. Nous avons vu l’opportunité de faire un grand pas en avant avec Vega en passant au 7 nm et avons donc décidé de franchir ce cap. Je pense que la famille Mi60 que nous avons lancé au dernier trimestre 2018 s’est attiré beaucoup d’attention, le fait d’être force de proposition sur ce segment de marché nous semble être très belle opportunité.

Tom’s Hardware : Comment pensez-vous que le ray tracing, en particulier, s’inscrit dans l’avenir des GPU et travaillez vous à gérer ce type de rendu avec des optimisations spécifiques à la Radeon VII ?
Lisa Su : Je pense que le ray tracing a un potentiel majeur et nous mesurons bien son importance. Nous continuons à travailler sur le ray tracing aussi bien du côté matériel que du côté logiciel et vous en saurez plus sur nos projets dans le courant de l’année.

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Tom’s Hardware : Pouvez-vous nous expliquer ce que l’arrivée d’Intel dans le marché des cartes graphiques implique, ainsi que la manière dont AMD peut s’adapter à ce nouveau défi comme vous l’avez fait pour les processeurs ?
Lisa Su : A mon avis, nous sommes uniques dans la mesure où nous avons des processeurs hautes performances et des GPU hautes performances pour les centres de données comme les particuliers, et ce positionnement nous convient tout à fait. Le fait que de nouveaux concurrents arrivent ne dit pas grand-chose sur l’importance d’avoir accès à des processeurs et cartes graphiques hautes performances.
Notre stratégie consiste à être très agressifs en termes d’architecture dans les deux cas. Bon nombre de choses dont nous avons discuté au sujet des processeurs est transposable aux cartes graphiques. Je pense aussi que nous avons l’opportunité d’optimiser processeurs et cartes graphiques ensemble, ce qui peut vraiment être intéressant pour certaines configurations à grande échelle. Nous sommes satisfaits de notre position sur le plan technologique et sommes à l’aise avec la direction que prennent les marchés. Comme je l’ai dit plus tôt, il s’agit de doubler la cadence sur notre point fort, c’est-à-dire concevoir des architectures.

Tom’s Hardware : L’année dernière, vous avez fait un partenariat avec Intel qui a permis d’associer leurs processeurs avec vos circuits graphiques afin de produire Kaby Lake-G. Quel est votre ressenti et peut-on s’attendre à d’autres partenariats de ce genre ?
Lisa Su : Nous avons un historique de très bons partenariats sur l’ensemble de l’écosystème et dans ce cas particulier, le partenariat a consisté pour nous à construire un circuit graphique personnalisé qui s’adapterait à l’un des produits d’Intel. Je pense que le résultat est bon compte tenu des produits et formats disponibles. On pourrait qualifier cela de haut de gamme pour produits ultrafins et je pense qu’ils se sont bien vendus. Nous continuerons toujours à chercher les bonnes opportunités pour un partenariat, ainsi que les opportunités qui nous permettent d’étendre la présence de notre technologie autant que possible.

CPU et GPU à l’assaut des serveurs

Tom’s Hardware : A propos d’étendre la présence de votre technologie dans de nombreux secteurs, nous observons souvent le marché du calcul intensif pour détecter de nouvelles tendances. Lors du salon Supercomputing 2018, l’engouement pour les processeurs EPYC Rome nous a semblé bien plus fort par rapport à la génération Naples. Dans quelle mesure ce champ est-il stratégique pour AMD ?
Lisa Su : Je pense que vous avez bien cerné la situation. Le calcul hautes performances et le marché du calcul intensif mènent souvent la danse en matière de technologies de pointe et nous sommes très satisfaits des progrès que nous avons accomplis. Il me semble que c’est un peu révélateur pour l’architecture et le fait que nous avons fait de bons choix à ce sujet. Il ne fait aucun doute que la gravure en 7 nm profite énormément au marché des centres de données : on double les performances de la génération précédente en ajoutant simplement plus de cœurs sur la même surface. Des progrès ont aussi été accomplis en consommation, et les performances en calcul à virgule flottante sont également en hausse grâce à certains de nos choix architecturaux. Je pense que cela explique la bonne dynamique que vous avez remarqué, tout en sachant que nous avons largement de quoi l’entretenir à l’avenir.

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Tom’s Hardware : Nous avons été particulièrement surpris de voir Cray et le département d’énergie américain annoncer de nouvelles machines basées sur les processeurs EPYC Milan troisième génération, dans la mesure ou ces processeurs Rome nouvelle génération ne sont pas encore disponibles, tout du moins en larges quantités. Estimez-vous que ces achats par anticipation sont le reflet d’une plus grande confiance de l’industrie vis-à-vis d’AMD ?
Lisa Su : Pour le marché des serveurs, il ne fait aucun doute que la feuille de route est la base de tout. Nous avons compris cette donne et l’apprécions comme il se doit, c’est ce que je disais plus tôt en évoquant l’opportunité d’une famille de produits multigénérationnelle. Certains aspects de Zen 1 et de la migration vers Zen 2 et Zen 3 ont été communiqués de manière confidentielle avec quelques-uns de nos plus gros clients et partenaires dont le retour a été très positif. Nous sommes très contents du partenariat avec Cray et le département d’énergie américain pour ce projet particulier. Je vois cela comme le signe que nous avons tenu notre feuille de route et je pense que cela nous a aidés.

Concurrence et guerre commerciale

Tom’s Hardware : La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine a eu des conséquences sur plusieurs fabricants de puces pour diverses raisons. Certains ont des usines majeures pour la production ou la recherche et développement en Chine, ou génèrent une majeure partie de leurs revenus grâce au marché chinois. Cette situation engendre-t-elle des difficultés propres à AMD et comment avez-vous prévu de limiter ses conséquences ?
Lisa Su : Je répondrai à cette question en deux temps. Je pense que nous avons pu atténuer la plupart des problèmes liés aux droits de douane grâce à notre chaîne d’approvisionnement qui est très diversifiée. Bien qu’une partie de notre production soit faite en Chine, nos produits sont également fabriqués dans d’autres pays. J’aurai donc tendance à dire que, sur ce point, la guerre commerciale n’a pas eu de conséquences matérielles sur les affaires d’AMD. En revanche, les discussions sur les droits de douane rendent l’industrie imprévisible et mieux vaut éviter cela. Nous souhaitons bien entendu que les discussions puissent aboutir, ce serait globalement une bonne chose pour l’industrie.

Tom’s Hardware : Considérez-vous que la joint-venture THATIC (NDLR : Tianjin Haiguang Advanced Technology Investment Company) pourrait servir d’atout stratégique pour vous aider à faire face aux difficultés engendrées par la guerre commerciale ?
Lisa Su : Nous avons mis en place la joint-venture THATIC en 2015. Quand je repense aux raisons pour lesquelles nous l’avons décidée afin d’accéder au marché chinois et d’accélérer le déploiement de nos architectures, il me semble qu’elles étaient toutes bonnes. Nous continuons à croire qu’il s’agit d’un bon partenariat pour nous.

Image 8 : Interview de Lisa Su, PDG d'AMD : bilan présent et projets d'avenir

Tom’s Hardware : La rotation des personnels est toujours un sujet difficile pour les entreprises technologiques. Comment AMD se prépare à la perte d’éminents leaders et comment comptez-vous continuer à vous améliorer et gagner des parts de marché, surtout du côté des circuits graphiques, malgré ces départs ?
Lisa Su : Je pense que nous sommes dans un marché globalement très dynamique. Au regard des opportunités qui existent, nous avons une équipe très, très forte et je pense qu’elle n’arrête pas de se renforcer. Il ne fait aucun doute que David Wang, qui nous a rejoint et supervise désormais toute l’ingénierie graphique, est une excellente recrue. Nous avons récemment intégré d’autres collaborateurs dans cette perspective. A mon avis, notre tactique consiste à nous assurer d’établir des feuilles de routes très agressives et de les tenir. Rien n’a changé de ce point de vue.
Nous allouons plus de ressources dans les circuits graphiques qu’auparavant, ressources qui augmentent d’année en année parce que les circuits graphiques constituent un marché très intéressant. Que l’on parle de particuliers ou de centres de données, ce marché est croissant et nous continuerons à renforcer nos capacités dans ce domaine.

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