Intel NUC Skull Canyon : le petit PC qui voulait jouer comme les grands

Le plus gros des mini PC

Le voilà enfin dans nos mains ! Excusez notre enthousiasme, mais depuis qu’Intel a montré son NUC Skull Canyon au CeBit, nous étions très impatients de le tester. Pourquoi ? Mais parce que ce mini PC a tout pour plaire – sur le papier. Il est extrêmement compact, mais embarque un gros processeur quadricoeur Skylake. Cette puce est en outre dotée du GPU Iris Pro 580, le plus gros processeur graphique d’Intel – que nous n’avons pas encore eu l’occasion de tester.

Double NUC

Le NUC Intel Skull Canyon est livré dans une jolie boîte noire à grands caractères dorés. On sent l’ambition luxueuse d’Intel. À l’intérieur, on trouve simplement le NUC, son alimentation, un petit kit de visserie, une plaque frontale de rechange et une plaque pour montage sur un support VESA.

Image 2 : Intel NUC Skull Canyon : le petit PC qui voulait jouer comme les grands

Le NUC Intel SKull Canyon, aussi appelé NUC6i7KYK, mesure 211 mm x 116 mm x 28 mm. À quelques millimètres près, il occupe donc autant de place que deux NUC traditionnels posés côte à côte.

Tous les ports modernes

Il possède une connectique bien fournie et moderne : lecteur de cartes SD (SDXC), quatre ports USB type A, une sortie audio jack 3,5 mm, un port Ethernet Gigabit, une sortie HDMI 2.0, une sortie mini DisplayPort 1.2 et un port Thunderbolt 3/USB C/DisplayPort 1.2. Petit détail qui peut être important, il y a aussi un récepteur infrarouge en façade.

Image 3 : Intel NUC Skull Canyon : le petit PC qui voulait jouer comme les grandsImage 4 : Intel NUC Skull Canyon : le petit PC qui voulait jouer comme les grands

Intel vend son Skull Canyon dans plusieurs versions, toutes équipées ou nues. Dans ce dernier cas, c’est à l’utilisateur d’ajouter un SSD (au format M.2) et la mémoire vive (DDR4). L’installation est très facile : il suffit de dévisser les quatre vis retenant le fond pour découvrir la carte mère, qui regroupe tous les composants. Elle possède deux slots SO-DIMM et deux ports M.2 PCIe 4x/SATA. Elle compte aussi un chipset WiFi/Bluetooth Intel 8260 soudé, compatible WiFi ac (2×2) et BT 4.2.

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La version que nous avons reçu en test était munie de 16 Go de DDR4 2133 et d’un SSD Intel SATA de 1 To.

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Ce démontage permet de mettre au jour le système de refroidissement choisi par Intel. Il est composé d’un radiateur assez simple, sans caloducs ni chambre à vapeur, refroidi par un ventilateur radial de 40 mm. Un système un peu trop simple, comme nous allons le découvrir.

Comme une Radeon de 2012, la 4K en plus

La pièce maîtresse du NUC Skull Canyon, c’est bien sûr son processeur. Intel lui a offert un Core i7-6770HQ, un quadri-coeur Skylake qui intègre le plus gros cGPU jamais fabriqué par Intel, l’Iris Pro Graphics 580, aussi connu sous le sobriquet GT4e. Ce GPU compte 72 unités de calcul, quand la grande majorité des autres processeurs Skylake utilise un GPU HD 530 à 24 unités. Il y a mieux encore : pour épauler les coeurs graphiques, Intel leur ajoute un tampon de 128 Mo de mémoire eDRAM dédiés. Une telle débauche de puissance permettra bien de jouer non ? Hé bien, pas tout à fait.

Image 7 : Intel NUC Skull Canyon : le petit PC qui voulait jouer comme les grands

3D Mark place l’Iris Pro 580 grosso modo entre une GeForce GT 740 et une Radeon R7 250, des petites cartes graphiques… dont les architectures remontent à 2012 ! Autrement dit, la puce Intel est loin, très loin du niveau des GPU dédiés actuels.

Tomb Raider : difficile en Full HD

Image 8 : Intel NUC Skull Canyon : le petit PC qui voulait jouer comme les grandsDans un jeu assez ancien comme le Tomb Raider de 2013, l’Iris Pro 580 se défend plutôt bien. D’après le benchmark intégré, on peut jouer en qualité normale dans de bonnes conditions et même en qualité élevée pour peu que l’on soit prêt à accepter quelques saccades dans les moments les plus chargés. Image 9 : Intel NUC Skull Canyon : le petit PC qui voulait jouer comme les grands

La qualité ultime est hors de portée, mais confirme le placement de l’Iris Pro 580 par rapport aux Radeon et GeForce premier prix.

Overwatch : très juste en Full HD aussi

Image 10 : Intel NUC Skull Canyon : le petit PC qui voulait jouer comme les grandsTerminons notre analyse par la star des jeux du moment, OverWatch. Le jeu de Blizzard sait s’accommoder de petites configurations et le prouve encore une fois ici. En qualité basse, on peut jouer en Full HD avec un nombre d’images par seconde moyen au-dessus de la barre des 40 fps. Bien sûr des joueurs pro ne seraient pas satisfaits par ce niveau de fluidité, mais quel joueur pro partirait sans sa GeForce ou sa Radeon ? Descendre en 720p permet d’obtenir un meilleur compromis : en qualité moyenne, le jeu ne tombe plus sous les 45 i/s.

La 4K en plus

Un GPU moderne ne se résume pas seulement à ses capacités graphiques. Il sert également de décodeur vidéo matériel et sur ce point, l’Iris Pro 580 se démarque très nettement des vieilles cartes graphiques avec lesquelles nous venons de le comparer. Comme tous les GPU de la génération Skylake, l’Iris Pro 580 possède un moteur de décodage H.264 et H.265. En outre les sorties vidéo HDMI 2.0 et DisplayPort 1.2 gèrent sans problème la résolution Ultra HD. Ajoutons que par défaut, Windows 10 sait lire des fichiers .mkv, H.264 et H.265. Le NUC Skull Canyon fait donc un très bon petit PC Home Cinema. Les puristes, amateurs post-processing via madVR ne seront pas satisfaits (la puissance de l’Iris 580 est trop juste), mais pour une grande majorité d’utilisateurs, l’essentiel est là.

CPU : une puissance bluffante

Image 11 : Intel NUC Skull Canyon : le petit PC qui voulait jouer comme les grands

La puissance CPU du Core i7 6770HQ est remarquable. Avec un TDP de 60 W maximum (tel que réglé dans le NUC), il termine les tests de PC Mark 8 dans les applications Adobe en premier.

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Dans Cinebench, le 6770HQ est plus à la peine face aux autres processeurs qui bénéficient de fréquences supérieures. Mais l’écart de performance n’est pas catastrophique : il fait partie des meilleurs CPU actuels.

Puissant ou bruyant, à vous de choisir !

Jusqu’à 81 W à la prise

Mesurée à la prise secteur, la consommation totale du NUC Intel Skull Canyon peut atteindre environ 81 W au maximum, dans un test comme Furmark. Puisqu’il est possible d’installer un SSD supplémentaire ou plus de RAM, ce maximum peut être dépassé, mais il sera difficile de monter au-delà de 100 W. L’alimentation de 120 W prévue par Intel suffit donc largement.

Image 13 : Intel NUC Skull Canyon : le petit PC qui voulait jouer comme les grands

Une analyse plus fine peut être réalisée grâce aux relevés fournis par HWmonitor. Ce logiciel montre les puissances consommées par les différentes portions du Core i7 6770HQ. Ce processeur au TDP De 45 W se permet de consommer jusqu’à 60 W pendant quelques instants lorsque la charge de calcul l’exige. Après quelques secondes, sa puissance retombe à 50 W seuil auquel elle demeure indéfiniment.

Overclocké d’usine

50 W au lieu de 45 W ? Intel mentirait-il sur les caractéristiques de son processeur ? Non ! L’explication se trouve dans le BIOS. Très complet, l’UEFI Intel permet de paramétrer le niveau de puissance maximale autorisée. Trois modes sont prédéfinis :
Balanced, dans lequel la consommation temporaire est plafonnée à 56 W et la consommation sur une longue durée atteint 45 W
Low Power, qui descend ces deux seuils respectivement à 45 et 35 W
Max performance, qui outrepasse le TDP officiel et place les limites à 60 W et 50 W.

Vous l’aurez deviné, notre NUC de test nous est arrivé réglé dans le troisième mode. Il est possible de modifier les seuils à loisir pour, par exemple, pousser la consommation maximale temporaire à 65 W, mais nous vous le déconseillons. Le mode Max performance représente déjà le maximum de ce que peut supporter ce petit NUC, sans modification.

Très chaud. Trop chaud ?

Intel, en effet, n’a pas soigné le système de refroidissement. Le ventirad installé est poussé dans ses derniers retranchements par une consommation totale de 50 W. En charge, la température des coeurs CPU tutoie les 100 °C, ce qui est la température de jonction spécifiée par Intel, c’est-à-dire la température maximale que peut supporter le die. Au-delà, des dommages physiques peuvent se produire.

Intel livre donc un NUC dans lequel le processeur va fonctionner très souvent à sa limite. C’est assez angoissant et pose des questions sur la longévité réelle de la machine, surtout après quelques mois d’utilisation et d’encrassement du radiateur ou dans des environnements chauds. Nos tests ont en effet été réalisés dans une pièce climatisée à 23 °C. Avec une température ambiante supérieure, des épisodes de throttling (diminution automatique de la fréquence pour éviter la surchauffe) sont inévitables. Cependant, nous devons souligner que nous n’en avons constaté aucun, les quatre coeurs Skylake tenant bon les 3,2 GHz même pendant de longues sessions de test .

Pas trop bruyant

L’unique ventilateur est la seule pièce mécanique et la seule source de bruit dans le Skull Canyon. Combien de bruit ? Au repos, il tourne à environ 2800 tr/min et n’était, dans notre pièce de test, pas discernable du bruit de fond de 33 dBA. En charge, sous Furmark, la rotation s’accélère jusqu’à 4880 tr/min et nous avons mesuré 41 dBA à 50 cm. C’est bien, mais pas top. Le Skull Canyon se fait clairement entendre, mais il ne casse pas non plus les oreilles.

Un compromis intéressant, mais trop cher

Avec le NUC Skull Canyon, Intel nous livre donc un produit inédit et excitant. Voilà un mini PC qui embarque un processeur presque aussi puissant que les meilleurs puces de bureau, qui possède toutes les dernières connectiques à haut débit, qui sait décoder et afficher des vidéos Ultra HD, dans un format ultra compact.

C’est même un PC capable de jouer, grâce à un GPU intégré pas complètement ridicule. Le Full HD est envisageable dans les titres un peu anciens, voire dans les plus récents, à condition de rester en qualité minimum.

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Malheureusement, deux éléments viennent ternir le bilan. D’abord, le refroidissement. Intel a clairement fait des économies sur ce point en optant pour un radiateur et une ventilateur basiques qui laissent le processeur monter à la limite de sa capacité thermique. Lorsque le Skull Canyon est réglé dans son mode de performances maximales, le ventirad fonctionne à son maximum, sans marge de sécurité. C’est bien dommage, puisque le BIOS laisse accéder à de nombreux réglages d’overclocking !

Le second défaut du NUC SKull Canyon est son prix ! Intel le commercialise 750 euros, nu. En ajoutant le prix de deux barrettes de DDR4 et celui d’un SSD, on arrive vite à 900 euros. Et à ce tarif, la comparaison est dure. On peut se procurer un PC fixe mini ITX offrant une puissance supérieure et une vraie carte graphique. On peut même trouver des PC portables complets, avec un Core i7 6700HQ et une GeForce GTX 960M, plus un écran, une batterie, etc.  Ah, si Intel baissait le prix de 150 euros….

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Intel NUC Skull Canyon

On aime
  • Taille record
  • puissance CPU
  • possibilité de jouer en Full HD
  • connectique parfaite
On n’aime pas
  • Prix
  • températures trop élevées
  • des possibilités d'overclocking rendues inutiles par le ventirad trop petit
Verdict :

Le NUC Skull Canyon est un ovni sur le marché – il en d’ailleurs le look. Intel y a mis le meilleur de ses technologies et la puissance offerte est remarquable vu la taille. Mais un bon produit doit être plus qu’une démo technologique. Le Skull Canyon n’a pas une carte graphique qui permette de vraiment jouer. Il est trop cher pour qui veut juste un mini PC polyvalent. On trouve des PC fixes un peu plus gros, mais beaucoup plus rapides. À un tarif inférieur, Intel aurait un best seller !

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