Test : Nacon GC400-ES, une manette taillée pour l’eSport

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Un projet ambitieux de contrôleur universel

Soutenue par un financement participatif, la GC400-ES est une manette pour laquelle son créateur – Nacon – nourrit une grande ambition. Précise et fonctionnelle, elle doit permettre de tout faire : du jeu de combat, mais aussi du FPS, du RTS ou du MOBA. Le gamepad GC-400ES est né de la rencontre entre Nacon et le joueur professionnel Norman « Gen1us » Chatrier. La jeune équipe de Nacon s’est alors mis en tête de concevoir un gamepad capable de réconcilier tous les types de joueurs, en ne faisant de compromis sur (presque) rien.

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Pari risqué, la GC-400ES a d’abord fait l’objet d’une campagne de crowdfunding sur Indiegogo. Ses promoteurs y ont recueilli un peu plus de 30 000 dollars avant de signer par la suite avec le distributeur BigBen. Vendue aux alentours de 100 euros, la GC-400ES est bien sûr très à l’aise sur les jeux de combat ou les shoot them up. Sur le papier, elle doit aussi permettre de faire excellente figure sur des FPS, des MOBA ou des RTS. Voyons cela plus en détails.

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Le tour du propriétaire

Produit résolument haut de gamme, la GS-400ES se doit de faire bonne figure par rapport à des produits concurrents aussi prestigieux que le Xbox One Elite Controller ou la Wildcat de Razer. Deux modèles disponibles depuis déjà de longs mois que qui n’ont pas trouvé de prétendants à leur mesure.

Les trois gamepads sont livrés dans un joli écrin qui permet de les transporter sans risquer de les abîmer. Du côté de la GC-400ES, l’écrin est relativement lourd (580g, 170g pour la manette seule). En plus de la manette, il regroupe effectivement les différents accessoires proposés par Nacon. On retrouve donc les différents poids, dont nous verrons l’utilité un peu plus tard, ainsi qu’un « tournevis » et un câble USB. Hélas, ce dernier ne mesure que 1,8 mètre !

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Un stick droit à forte amplitude

Point par point, voyons ce qui fait de cette manette un produit original. En premier lieu, Nacon a opté pour un stick droit différent de ce que propose la concurrence… exception faite peut-être du Xbox One Elite Controller.

En effet, ce stick droit est un peu plus haut que le gauche. Sa partie supérieure est convexe alors celle du stick gauche est concave. Enfin et c’est sans doute le plus important, il dispose d’une large amplitude de mouvement sur 46°, quand la concurrence se limite généralement à 38°.

Dans les faits, associées à la grande sensibilité du stick, ces spécificités procurent une très bonne précision. Nacon estime que ses utilisateurs seront ainsi capables de rivaliser avec des joueurs « souris ». Nous n’y croyons pas, mais la précision est réelle et place la GC-400ES dans le haut du panier.

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Croix et stick gauche classiques

Pomme de discorde entre Microsoft et les amateurs de jeux de combat, la croix directionnelle est un sujet sensible dès lors que l’on souhaite se lancer sur Street Fighter par exemple. Nacon a choisi de proposer un disque directionnel qui permet une bonne maîtrise, notamment des quarts de cercle sollicités par certains coups.

À chaque médaille son revers, si le disque est préférable sur les jeux de combat, il s’avère moins pratique qu’une bonne vieille croix dès lors que l’on parle de jeux de plateformes. Dommage que Nacon n’ait pas envisagé la double solution imaginée par Microsoft sur son Elite Controller (disque / croix interchangeables).

Du côté du stick gauche, pas grand-chose à signaler. Nacon a fait dans la simplicité même si nous reconnaissons ici que les composants employés autorisent une grande sensibilité… presque gênante lorsque l’on essaye d’émuler les clavier / souris sous Windows.

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Quatre boutons supplémentaires

Qu’il s’agisse de Microsoft, de PDP ou de Razer, de nombreux fabricants de manettes ont ajouté quelques boutons, palettes ou gâchettes à la configuration standard. Nacon ne déroge pas à la règle et intègre deux palettes au dos de sa GC-400ES. Au total, on peut ainsi accéder à quatre boutons supplémentaires entièrement paramétrables via le logiciel fourni.

Placées relativement loin sur l’arrière de la manette, les palettes s’utilisent plutôt avec les majeurs / annulaires des deux mains. Avec un peu d’habitude, on s’y fait assez bien et on ne risque pas les pressions par inadvertance comme sur le Wildcat de Razer. En revanche, l’ensemble reste moins fonctionnel que sur le Xbox One Elite Controller.

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Personnalisation et branchement sécurisé

Au sortir de son écrin, la GC-400ES est étonnamment légère (170g). Dans les deux poignées de sa manette, Nacon permet la mise en place de petits poids destinés à modifier l’équilibre du périphérique. Six poids sont ainsi proposés : 2x10g, 2x14g et 2x17g. L’utilisateur est libre de les employer comme il le souhaite, à raison de deux maximum par poignée.

Tant pis pour les amateurs de sans-fil, la GC-400ES est une manette exclusivement filaire dont le câble est en outre un peu court (1,8 mètre) C’est surtout vrai pour les « joueurs de salon » qui auront besoin d’une rallonge. Il profite en revanche d’un tressage du plus bel effet et se trouve solidement maintenu, grâce notamment à une bague de serrage bien pratique.

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Trois combinaisons, trois modes de jeu

Terminons notre petit tour du propriétaire par un zoom sur les trois petits boutons que l’on retrouve sur le dessus de la manette : point unique, trois barres et deux points. Ces boutons servent en fait à faire la bascule entre les trois modes opératoires de la GC-400ES.

Au premier branchement ou lorsque l’on presse sur « point unique + deux points », on est en mode DirectInput. Il s’agit du mode fonctionnement standard et il est reconnaissable au halo bleu qui entoure le stick droit. Pour assurer la compatibilité avec certains jeux, on peut passer en Xinput via une pression sur « point unique + trois barres ». La LED passe alors au violet.

Enfin, en appuyant sur « trois barres + deux points », on active le mode « Pro » et son halo rouge autour de la LED du stick droit. Il s’agit du mode le plus intéressant de la manette dans la mesure où il devient possible de tout paramétrer et d’émuler le couple clavier / souris.

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Un logiciel encore largement perfectible

Matériellement parlant et même si nous manquons encore d’un peu de recul, la GC-400ES respire le travail bien fait. Le revêtement aurait sans doute pu être un peu plus rugueux par endroits, mais les sticks sont de qualité et les boutons paraissent endurants. En revanche, la partie logicielle n’est pas (encore) au niveau.

Exclusivement compatible Windows, le logiciel Nacon sert notamment à entrer dans le détail de la configuration du mode « Pro ». Hélas, il arbore une interface grossière où il n’est pas évident de repérer les onglets. Au nombre de cinq, ils permettent d’accéder aux réglages généraux du gamepad ainsi qu’aux quatre profils. De base, Nacon dispose de dix profils prêts à l’emploi pour des jeux (DOOM, Overwatch…) ou des genres (MOBA, FPS…). Bien sûr, il est possible de créer son propre profil, mais ce n’est pas toujours une mince affaire.

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Stick droit et courbe de réponse

Nacon intègre de multiples réglages à son logiciel. Le stick droit profite par exemple d’une gestion très précise de sa courbe de réponse, avec possibilité de régler en fonction de l’amplitude des mouvements réalisés. On peut aussi définir une zone morte statique pour qu’aucun signal ne soit envoyé par le stick, dans un rayon donné. Une zone morte dynamique autorise une gestion plus fine de la course du stick dans l’optique d’un FPS par exemple.

Hélas, nous avons rencontré de nombreux bugs qui viennent entraver la configuration. Il est arrivé (cf. capture) que les courbes de réponse soient chamboulées. Une autre fois, c’est le transfert des profils vers la manette qui a raté : une option indispensable afin de permettre l’utilisation du GC-400ES sur un PC ne disposant pas du logiciel. Des bugs sur lesquels travaille Nacon et qui, heureusement, n’empêchent pas de configurer son gamepad.

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Emuler clavier et souris ?

La seconde partie de l’interface de configuration est dédiée aux différents boutons et autres commandes de la GC-400ES. L’idée est ici de permettre une émulation (presque) complète du clavier et de la souris. Bien sûr, malgré la présence de 4 axes et de 13 boutons, il n’est pas possible de mapper toutes les fonctions d’un clavier, mais Nacon s’en sort très correctement.

Il est ainsi possible de confier la gestion des touches ZQSD au stick gauche ou à la croix directionnel et d’attribuer la molette de la souris aux palettes à l’arrière du gamepad. Les actions essentielles d’un jeu de gestion / stratégie peuvent pour leur part être associées aux différents boutons et, de fil en aiguille, on arrive à paramétrer l’ensemble des commandes d’un jeu comme Civilization VI sans trop de difficulté (cf. notre capture).

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La baston… à la maison

Malgré les bugs évoqués et quelques caprices de Windows, nous sommes parvenus à nos fins dans un laps de temps relativement court compte tenu de l’originalité du GC-400ES. Il est maintenant plus que temps de vérifier ce que le gamepad a dans le ventre, et nous avons logiquement commencé par des jeux de baston.

Nos tests se sont focalisés sur Ultra Street Fighter IV, même si d’autres titres ont été essayés. Tout d’abord, le gamepad est toujours parfaitement pris en charge. Déjà une bonne chose. Ensuite, il nous faut reconnaître l’excellent comportement des boutons d’action, particulièrement réactifs. Le disque directionnel est intéressant dans l’optique de réaliser certains coups et les quarts de cercle s’exécutent aisément… mais un peu moins qu’avec le Xbox One Elite Controller.

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En courses, des gâchettes perfectibles

Compte tenu du prix du GC-400ES, il n’est pas question d’en faire un simple stick de combat. Nous avons donc testé sa « tenue de route » avec Project CARS et DIRT Rally. Dans un cas comme dans l’autre, rien à dire sur la direction : la manette est parfaite et les sollicitations du joueur se traduisent par des mouvements aussi précis qu’efficaces.

En revanche, du côté des gâchettes, le bilan est moins flatteur : un côté un peu « toc » lorsque l’on appuie dessus. Nous regrettons aussi une course réduite qui ne permet pas de gérer au mieux accélération et freinage. Microsoft et Razer disposent de deux niveaux de course et il aurait été intéressant de voir Nacon proposer pareille option.

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Et sur des jeux clavier-souris ?

Nous avons complété notre batterie de tests par des sessions consacrées à des jeux davantage typés PC. À ce niveau et sans vraiment remplacer le couple clavier / souris, on peut dire que les promesses de Nacon sont tenues. Le GC-400ES est sans doute l’un des meilleurs gamepads dès lors qu’il s’agit de jouer à un FPS par exemple. Seul le Steam Controller parvient à proposer une alternative crédible au produit Nacon.

Nous restons plus à notre aise avec une souris, mais sur DOOM par exemple, la précision obtenue via le stick droit était séduisante au cours de la campagne solo. À la manière de ce que l’on peut faire avec une souris, l’algorithme mis en place par Nacon permettait de bien ralentir les mouvements à l’approche de la cible sans que l’on soit obligé de faire intervenir un autolock peu gratifiant.

L’utilisation de jeux de gestion comme Civilization VI est possible et on imagine sans peine pratiquer dans le salon… à condition de prévoir une rallonge pour le câble USB. En revanche, nous avons été moins convaincus par l’utilisation du GC-400ES sur StarCraft II. Certes, les raccourcis « clavier » fonctionnent bien, mais nous ne sommes jamais parvenus à avoir une précision suffisante dans des parties classées, trop rapides.

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Conclusion

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Nacon GC-400ES


Pour

+ Sensibilité remarquable des sticks
+ Amplitude intéressante (46°) du stick droit
+ Qualité de finition des boutons
+ Deux palettes (4 boutons) en plus sur l’arrière du pad
+ Nombre et richesse des paramètres
+ Personnalisation du poids de la manette
+ Compatibilité maximale (3 modes: Xinput, DirectInput, Pro)

Contre

– Câble USB trop court (1,8 mètre)
– Gâchettes décevantes (course, qualité)
– Disque contre croix directionnelle
– Ergonomie logicielle à revoir (et bugs)

Verdict

Compte tenu des 100 euros demandés par Nacon / BigBen pour cette GC-400ES, les imperfections de la manette et de son logiciel sautent aux yeux. Il s’agit malgré tout d’un gamepad de qualité qui se caractérise par sa polyvalence. On peut jouer devant son PC, mais aussi dans son salon, faire du Street Fighter, mais aussi du Civilization. Même l’utilisation de Windows est rendue possible et relativement confortable.

En revanche, la promesse eSport formulée par Nacon nous semble plus difficile à tenir. Certes, il est possible de boucler la campagne de DOOM, mais se mesurer à des joueurs clavier/souris sur Overwatch parait bien irréaliste. Nacon se doit enfin de proposer une interface logicielle moins buggée et plus élégante !