AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

Introduction

La dernière fois qu’AMD a lancé un GPU basé sur une toute nouvelle architecture remonte à deux ans, quand la firme a présenté le Hawaii. Si les quelques rafraîchissements intervenus depuis lors ont permis à cette puce vieillissante de se maintenir à niveau, les fans de la marque commençaient à réclamer avec de plus en plus d’impatience un nouveau fer de lance.

Image 1 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

C’est ainsi que finalement, fin juin, AMD a dévoilé sa dernière création, le Fiji, que nous avons couvert en détail dans notre article consacré au lancement de la Fury X. La nouvelle architecture emploie de la mémoire HBM, dont la société nous parlait depuis des mois et qui offre une bande passante considérablement plus élevée que la GDDR5. Nous l’avons elle aussi examinée de près dans notre article ; si vous n’avez pas encore eu l’occasion de le lire, nous vous encourageons à le faire, mais voici un rapide résumé concernant ce nouveau type de mémoire.

Pour parvenir à ses fins, AMD a vu les choses en trois dimensions : les dies de mémoire sont empilés verticalement et se partagent un même contrôleur logique. Pour l’instant, les barrettes sont limitées à quatre piles de quatre puces de 256 Mo chacune, ce qui donne un total de 4 Go de mémoire. La particularité de ces piles est d’être posées sur une couche nommée interposer qui héberge également le die du GPU. La mémoire HBM souffre pour l’instant d’une fréquence plutôt faible (500 MHz) mais compense par un bus de… 4096 bits (!), une approche à contre-courant qui donne des résultats des plus concluants.

La Fury contient une déclinaison légèrement rabotée du GPU de la Fury X, avec un core cadencé à 1000 MHz dans sa version de référence, 3584 shaders au lieu de 4096 et 224 unités de textures au lieu de 256.

AMD a également ajouté une limite thermique qui forcera le GPU à ralentir en cas de surchauffe ; à titre de comparaison, la Radeon R9 Fury X n’en a aucune. Cela aura bien entendu une incidence sur les capacités d’overclocking de la petite nouvelle.

Caractéristiques techniques

Contrairement à ce qui s’était passé pour la Radeon R9 Fury X, les fabricants de carte ne sont pas juste autorisés à concevoir leurs propres solutions de refroidissement : ils sont obligés de le faire. AMD n’a en effet donné aucune spécification technique de référence pour les ventirads des cartes Fury, laissant aux partenaires du fondeur quartier libre en la matière.

Les fabricants ont la possibilité de vendre des Fury overclockées en usine si le cœur leur en dit, et Sapphire ne s’en est pas privé : c’est ainsi que nous avons reçu en test une Fury Tri-X. Cette carte embarque de la mémoire cadencée à la fréquence de référence, mais son GPU est overclocké de 40 MHz. 

Aux USA la Radeon R9 Fury elle est lancée à 549 $, ce qui est 10 à 20 dollars de plus que la moyenne des GTX 980 et moins que la majorité des GTX 980 overclockées. Sapphire vendra une Fury Tri-X aux fréquences de référence à 549 $ mais prévoit également un modèle overclocké – celui que nous testons aujourd’hui – à 569 $, qui rentrera donc en pleine concurrence avec les GTX 980 overclockées. En France, le positionnement est moins favorable. Les GTX 980 de base se trouvent à 550 $ voire moins, mais la Radeon R9 Fury est lancée à 590 €. La version overclockée de Sapphire devrait même monter à 600 €.

Nous avons déjà vu ce dont la Radeon R9 Fury X watercoolée est capable. Le petit Fiji refroidi à l’air peut-il tenir la route face à son grand frère ?

Nota Bene : Sapphire avait un nombre très limité de cartes à prêter à la presse. Tom’s Hardware USA a pu en tester une pendant trois jours. Tom’s Hardware Allemagne a mis la main sur une seconde encore plus tard. Enfin, AMD annonça un nouveau pilote seulement 48 h avant la lever de l’embargo sur les tests, alors que la carte de notre rédaction américaine était déj)à repartie vers son fabricant. Tom’s Hardware Allemagne a pu reproduire quelques tests avec le nouveau pilote et – bonne nouvelle – n’a pas remarqué de différence par rapport à nos premiers résultats.

Le tour de la carte

La Radeon R9 Fury Tri-X de Sapphire est parée d’un ventirad réalisé entièrement sur mesure, doté de sept caloducs en cuivre de divers diamètres et d’un radiateur divisé en deux sections distinctes afin de dissiper la chaleur émise par le GPU et par la mémoire HBM. Le caloduc central est gargantuesque (10 mm de diamètre) et flanqué de part et d’autre par deux caloducs de 8 mm ; tous courent de la section principale du radiateur, qui recouvre le GPU, jusqu’à la deuxième section, située l’extrémité arrière de la carte. Les deux derniers caloducs font 6 mm de diamètre et forment chacun une boucle qui traverse les ailettes du radiateur située au-dessus du bloc de contact avec le GPU.

Image 2 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

À y regarder de plus près, on se rend compte que la PCB est en réalité plutôt courte : 12 cm à peine. Le radiateur et le cache sont néanmoins bien plus longs, au point de presque doubler la longueur totale de la carte, qui mesure 23,5 cm. L’extrémité arrière de celle-ci est donc totalement ouverte au dos, les ailettes du radiateur n’étant maintenues en place que par un exosquelette en matériau moulé, ce qui a bien entendu pour fonction de faciliter la circulation de l’air.

Image 3 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

Sapphire dit avoir conçu le ventirad de la Tri-X dans l’optique de maintenir la température à moins de 75°C avec un minimum de nuisances sonores. La société a employé trois ventilateurs à double roulement à bille gérés à l’aide de profils qui les accélèrent doucement afin de le rendre aussi silencieux que possible. En charge normale, ils tournent à 40 % ou moins de leur vitesse maximale, bien qu’il soit possible de régler cette valeur manuellement si l’on souhaite accentuer le refroidissement.

Image 4 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

La Radeon R9 Fury Tri-X est non seulement longue, mais épaisse : 5 cm du cache aux vis qui dépassent de la plaque arrière. Autant dire que son volume risque de poser problème sur certaines cartes-mères. Elle a d’ailleurs bien failli ne pas passer sur la nôtre, même dans le premier emplacement ; il s’en est fallu d’un millimètre à peine.

Image 5 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

Cela a pour corollaire que, bien que la Tri-X soit techniquement capable de fonctionner dans le cadre d’un Crossfire à 4 cartes, le radiateur bloque l’emplacement PCI Express voisin. Il sera donc en pratique impossible d’aller au-delà d’une configuration à deux cartes à moins d’utiliser des câbles d’extension ou de remplacer le système de refroidissement par un waterblock, ce que Sapphire déconseille explicitement.

Image 6 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

La firme nous a en effet explique que la carte avait fait l’objet d’une conception extrêmement précise et élaborée et qu’il ne fallait surtout pas retirer le ventirad durant avant les tests : selon le représentant, les puces de mémoire HBM étant plus épaisses que le GPU, il serait très difficile de le remettre en place, ce qui engendrerait de gros problèmes de refroidissement et pourrait même endommager la puce graphique.

Image 7 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

La Sapphire Radeon R9 Tri-X est alimentée par deux connecteurs à huit broches, au côté desquels on trouve une rangée de huit LED vertes qui s’allument une à une lorsque la charge augmente.

Image 8 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

Sapphire a également prévu un commutateur de BIOS permettant de basculer entre deux profils légèrement  différents : le premier est conçu pour maintenir la carte à une température maximale de 75°C et la consommation sous les 300 watts, tandis que le second offre un peu plus de marge de manœuvre avec des plafonds relevés à 80°C et 350 watts respectivement.

Image 9 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

AMD a conçu sa Fury X de référence sans port DVI, et Sapphire n’a pas jugé utile d’en rajouter. La carte comporte donc trois sorties DisplayPort 1.2 et une HDMI 1.4. Elle peut donc piloter quatre écrans, mais il est en réalité possible de faire grimper ce chiffre à six en reliant à la chaîne les connecteurs DisplayPort ou un utilisant un répartiteur DP.

Image 10 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

Notons également que le DVI reste pris en charge moyennant un câble adaptateur DP vers DVI, d’ailleurs gracieusement inclus dans la boîte de la carte. Dans cette dernière, on trouve également un câble HDMI, un CD contenant les pilotes et un manuel.

Comment nous testons

Tous les bureaux de Tom’s Hardware ont récemment adopté un protocole de test unique, ce qui signifie que tous les tests effectués en 2015 seront et resteront comparables entre eux. L’ordinateur que nous utilisons contient un Intel Core i7-5930K, 16 Go de DDR4, deux SSD Crucial de 500 Go et une carte-mère MSI X99S XPower, le tout relié à une alimentation be quiet! certifiée Platinum de 850 watts, ce qui nous donne suffisamment de marge pour tester les cartes graphiques les plus gourmandes.

AMD prévoit une fréquence de référence de 1000 MHz pour le GPU de la Fury.  Nous allons réutiliser les résultats de la GTX 980 Ti et de la R9 Fury X car nous les avons obtenus il y a très peu de temps. Notons toutefois que tous les tests ne font pas appel aux mêmes pilotes : tous les benchmarks de la GTX 980 Ti, par exemple, ont été réalisés avec les GeForce 352.90 tandis que ceux de la Titan X, de la 980 et de la 780 Ti l’ont été avec les 347.84, à l’exception de Grand Theft Auto V (également effectué avec les 352.90).

Côté AMD, la Fury X et la Fury Pro ont été testées avec les Catalyst 15.15 Beta, étant donné qu’il s’agit des seuls pilotes prenant actuellement en charge les Fury. Par contre, nous avons évalué les performances de la 290X avec les 15.5 Beta, car les 15.15 ne gèrent pas cette carte.

En plus d’avoir effectué tous les tests aux fréquences d’usine, nous avons répété ceux de la Fury X aux fréquences de référence préconisées par AMD, et ce, pour deux raisons : premièrement, cela nous donne une idée générale de ce que l’on peut attendre d’une carte Fury « normale » ; et deuxièmement, Sapphire nous l’a spécifiquement demandé car la firme va prochainement mettre sur le marché une version non overclockée, mais autrement identique en tout point, de sa Tri-X. Les stocks devraient toutefois être un peu plus limités.    

OS et pilotes

Direct X
DirectX 11
Pilotes graphiques
GeForce GTX 980 Ti : pilotes Nvidia 352.90 Beta
Toutes les cartes GeForce dans Grand Theft Auto V et The Witcher III: Wild Hunt : pilotes Nvidia 352.90 Beta
GeForce GTX Titan X, 980 et 780 Ti dans tous les autres jeux : pilotes Nvidia 347.25 Beta
Radeon R9 290 X : AMD Catalyst 15.5 Beta
Radeon R9 Fury X et Fury : AMD Catalyst 15.15

Benchmarks

Middle-earth: Shadow of MordorBenchmark intégré, 40 s, Fraps, détails Ultra
Battlefield 4Benchmark THG personnalisé, 100 s, Fraps, détails Ultra
Metro Last LightBenchmark intégré, 145 s, Fraps, détails Very High, AF 16x, flou de mouvement normal
Tomb RaiderVersion 1.01.748.0, benchmark THG personnalisé, 40 s, Fraps, détails Ultimate
Far Cry 4Version 1.9.0, benchmark THG personnalisé, 60 s, Fraps, détails Ultra
Grand Theft Auto VBuild 350, Online 1.26, benchmark intégré (séquence 5), 110 s, Fraps, FXAA : activé, MSAA : 2x, qualité des textures : Very High, qualité des shaders : Very High, qualité des ombres : High, qualité des reflets : Very High, qualité de l’eau : High, qualité des particules : Very High, qualité de l’herbe : High, ombres adoucies : Softer, Post FX : Very High, filtrage anisotropique : 16x

Mesure du bruit

Image 11 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

Comme à notre habitude, nous mesurons les nuisances sonores à l’aide d’un microphone haut de gamme placé à la perpendiculaire du centre de la carte graphique, à une distance de 50cm. Nous analysons les résultats à l’aide de Smaart 7. Nous avons noté et pris en compte le bruit ambiant lors de chaque prise de mesures. Il n’a jamais dépassé les 26 dB(A).

Plateforme de mesure de la consommation



Méthode de test

Mesure sans contact de la consommation à l’emplacement PCIe (au moyen d’une carte dédiée)
Mesure sans contact de la consommation au câble d’alimentation auxiliaire
Mesure de la tension à l’alimentation
Mesure infrarouge en temps réel


Matériel de test
2 x HAMEG HMO3054 (oscilloscope multi-canaux avec enregistreur de données, 500MHz)
4 x HAMEG HZO50 (sondes de courant 1 mA-30 A, 100 kHz, CC)
4 x HAMEG HZ355 (sonde 10:1, 500 MHz)
1 x HAMEG HMC8012 (multimètre numérique avec enregistreur de données)
1 x Optris PI450 (caméra infrarouge 80 Hz) + logiciel PI Connect

Configuration de test
Intel Core i7-5930K 4,2 GHz + watercooler Raijintek Triton All-In-One
4 x 4 Go de DDR4-2400 Crucial Ballistix Sport
Carte-mère MSI X99S XPower AC
2 x SSD Crucial MX200 de 500 Go (système, applications + données, stockage)
Alimentation be quiet! Dark Power Pro 850 watts
Microcool Banchetto 101
Windows 8.1 (à jour)
Pilotes
AMD : Catalyst 15.5 Beta / 15.15 Beta
Nvidia : GeForce 353.06 WHQL

En jeux

Avec ses Fury de référence, AMD visait directement la GeForce GTX 980, mais celle que nous avons reçue à l’essai est overclockée en usine, ce qui signifie qu’il sera intéressant de voir ce qu’elle vaut par rapport à la GTX 980 Ti et la Titan X. La comparaison avec la Fury X est également attendue avec impatience.

Battlefield 4

La Fury Tri-X de Sapphire se débrouille très bien en QHD, même si, fait exceptionnel, elle ne fait en réalité pas mieux que la GTX 980 : les deux cartes affichent presque exactement le même framerate.

Les choses changent un peu en 4K : à cette résolution, la Fury dépasse la GTX 980 d’un peu plus de 3 images/s en moyenne. Non que cela rende le jeu jouable : on ne peut pas considérer un FPS comme fluide à 30 images/s. Il est donc fortement conseillé de réduire le niveau de détail pour jouer à une telle définition.

Far Cry 4

Far Cry 4 semble apprécier l’architecture des Fury : la Fury X et la Tri-X affichent toutes deux des framerates de pointe plus élevés que les cartes Nvidia. Curieusement, la Fury X n’en sort pas vraiment bien dans ce test, contrairement à la Tri-X, qui dans sa version overclockée se paye même le luxe de dépasser la Titan X en framerate moyen et maximum.

La Fury X prend la première place du classement dans Far Cry 4 en Ultra HD, mais une fois encore le titre d’Ubisoft ne semble guère favorable aux GeForce. Même à sa fréquence de référence, la Fury se maintient au niveau de la Titan X.

Grand Theft Auto V

La Sapphire R9 Fury Tri-X gère le QHD dans GTA V comme une pro : elle affiche un framerate moyen de 65 images/s et même son framerate minimal est supérieur à 45 images/s. Le moins que l’on puisse dire est que la fluidité est au rendez-vous.

Malheureusement, l’expérience se détériore en Ultra HD. À cette résolution, même les menus en début de jeu souffrent d’apathie. Le jeu propose un compteur permettant d’afficher la quantité de mémoire utilisée par les réglages ; en 4K, la barre n’est pas tout-à-fait remplie, mais elle est jaune au lieu de verte, ce qui indique que le jeu a besoin de presque toute la vRAM disponible. Lorsque cela se produits, les performances chutent. Bref, il faudra plus de 4 Go de mémoire vidéo pour jouer à GTA V en UHD.

Metro: Last Light

Apparemment, la Fury a un petit quelque chose que Metro apprécie vraiment : il semblerait que le jeu soit particulièrement bien optimisé pour les larges bandes passantes mémoire. Les trois variantes de la Fury affichent d’ailleurs le même framerate moyen, à savoir 82 images/s. La Fury X peut se targuer d’un minimum légèrement plus élevé que les deux autres, mais son maximum est un peu en retrait. La GTX 980 Ti, quant à elle, se montre en moyenne plus lente de 7 images/s que la R9 Fury Tri-X Overclocked.

Les performances de la Fury restent décentes en 4K, la carte ne passant jamais sous les 30 images/s et se maintenant à 40 images/s de moyenne. Si vous souhaitez une expérience plus fluide, il vous faudra réduire un peu la qualité graphique.

Middle-Earth: Shadow of Mordor

Les résultats obtenus dans Shadow of Mordor sont plus conformes au reste de nos benchmarks, c’est-à-dire que la Fury termine juste derrière la Fury X. Le jeu est très fluide au niveau de détails Ultra en 2560×1440, le framerate moyen approchant les 75 images/s avec quelques légères chutes sans gravité dans les 50 images/s.

Les performances de la Fury restent décentes en 4K, la carte ne passant jamais sous les 30 images/s et se maintenant à 40 images/s de moyenne. Si vous souhaitez une expérience plus fluide, il vous faudra réduire un peu la qualité graphique.

Tomb Raider

Sorti en 2013, Tomb Raider demeure un titre exigeant pour les cartes graphiques modernes. En 1440p, la Sapphire Fury Tri-X Overclocked se paye un framerate moyen de 72 images mais enregistre occasionnellement des chutes sous les 40 images/s qui laissent une impression de saccades.

Le titre de Square Enix n’est tout simplement pas jouable en 3840×2160, à moins de diminuer sa qualité visuelle. Avec un framerate moyen à peine supérieur à 30 images/s et des plongées à 21 images/s, le jeu n’est pas suffisamment fluide pour être agréable.

Overclocking

Pour overclocker la Radeon R9 Fury Tri-X de Sapphire, nous avons utilisé le logiciel MSI Afterburner, puisqu’il est compatible avec la plupart des GPU. Malheureusement, les fonctions avancées d’Afterburner (comme les réglages des tensions) étaient inactives. Les cartes AMD Fury ne sont pas encore totalement supportées. Nous avons dû nous rabattre sur les fonctions de base, mais elles furent suffisantes pour nous permettre d’overclocker.

Image 12 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

La limite de consommation de la carte est ajustable de 0 à +50 % et la fréquence GPU par incrément de 1 MHz. Au début nous avons cru possible d’augmenter la fréquence de la mémoire. Le champ correspondant n’est pas grisé et on peut entrer à la main une nouvelle valeur, mais elle n’est pas enregistrée. AMD a choisi de verrouiller la fréquence de sa HBM pour le moment. Selon des rumeurs circulant sur certains forums d’overclocking ce blocage ne serait que logiciel, forcé par le pilote, mais pour le moment il n’y a pas moyen de le faire sauter. Le dernier réglage disponible est la vitesse des ventilateurs. Par défaut, elle est modulée automatiquement, mais on peut forcer une vitesse donnée.

Nous avons seulement réussi à pousser le GPU à 1080 MHz avant de rencontrer des problèmes. À 1090 MHz, le système rebootait au lancement de Battlefield 4 et à 1085 MHz, les résultats de 3D Mark retombaient au niveau de la carte non overclockée.

Image 13 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

De manière remarquable, le profil automatique laissait les ventilateurs à l’arrêt la plupart du temps. Afterburner indiquait une vitesse de 19 % au repos, mais aucune pale ne bougeait. Les ventilateurs n’ont même démarré qu’à la toute fin du test 3DMark FireStrike et à l’instant où le test s’est terminé, ils se sont arrêtés à nouveau. La température du GPU est ensuite restée au-dessus de 60 °C pendant un long moment, le temps que le radiateur refroidisse naturellement.

Curieux, nous avons refait nos essais après avoir désactivé le réglage automatique et spécifié une vitesse de 50 %, pour voir si des températures plus basses permettraient de mieux overclocker. Ce réglage réussit certes à refroidir plus rapidement la carte une fois les benchmarks terminés, il n’a pas amélioré la stabilité ni permis de dépasser 1080 MHz.

Nous avons fait part de nos découvertes à Sapphire, la société nous a dit être au courant de ce problème et avoir mis au point un nouveau BIOS pour les cartes qui seront vendues dans le commerce. Apparemment, notre exemplaire de test était muni d’un firmware non final. Nous avons obtenu le BIOS définitif et refait nos tests. Cette fois, les ventilateurs sont restés à l’arrêt jusqu’au réglage 10 %, mais ont accéléré beaucoup plus rapidement en charge. Avec le premier BIOS, ils n’avaient jamais dépassé 40 % et la température GPU atteignait 75 °C dans FurMark. Avec le nouveau BIOS, les ventilateurs sont montés à 95 % et maintenaient le Fiji sous les 55 °C. En dehors de cette session de torture, en jeu normal, les ventilateurs tournaient aux alentours de 40 %.

Image 14 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

La Fury Tri-X de Sapphire est overclockée d’usine, par conséquent parvenir à gratter ne serait-ce que quelques mégahertz supplémentaires est un joli bonus. Mais dans l’absolu, 40 MHz ne représente vraiment pas grand-chose. Compte tenu de l’impressionnant dissipateur, nous nous attendions à mieux.

Consommation et efficacité énergétique

Nous testons la consommation et l’efficacité énergétique de la Fury au moyen de la même configuration que celle utilisée pour notre article sur l’AMD Radeon R9 Fury X, avec quelques modifications mineures. Nous mesurons maintenant la consommation au repos de manière légèrement différente : l’interpolation linéaire est effectuée par l’oscilloscope et non lors de l’analyse des données.

Le plus gros changement concerne toutefois le contenu : nous mettons désormais en corrélation directe les données de consommation et celles de performances dans les jeux, et nous le faisons séparément pour le 1920×1080 et 3840×2160, car il existe des différences majeures entre les deux résolutions. Nous passons également en revue plusieurs jeux et même plusieurs réglages visuels différents au sein d’un même jeu (par exemple avec ou sans tessellation). Enfin, nous avons testé quelques applications sans lien avec les jeux, car après tout, il n’y a pas que cela dans la vie !

N’oublions toutefois pas que ces tests ne constituent que des instantanés pris dans des applications spécifiques. Si un benchmark n’est pas repris dans notre batterie de test, il y a de fortes chances pour que ses résultats finissent quelque part entre notre moyenne et le maximum obtenu lors du test de torture. De nos jours, il n’y a plus d’absolus ; les estimations prennent toujours la forme de plages de valeurs.

Consommation au repos

La Tri-X Overclocked consomme 16 W au repos, soit exactement la même chose que la Radeon R9 Fury X de référence. Ce chiffre ne change pas non plus si on modifie le taux de rafraîchissement ou la résolution, ce qui fait plutôt plaisir à voir.

Ultra HD (3840×2160) avec le BIOS par défaut et le BIOS déverrouillé

C’est bien joli d’avoir deux BIOS, sauf quand cela ne change pratiquement rien en termes de performances : comme nous le verrons plus loin, les fréquences restent en effet presque identiques quel que soit celui que l’on choisit. En pratique, le BIOS déverrouillé permet juste de maintenir les tensions à un niveau un peu plus élevé pendant une durée un peu plus longue, ce qui n’engendre que des écarts minimes en termes de framerate.

Quand on la compare aux 160 watts de la GeForce GTX 980 (une carte à peine plus lente), la consommation moyenne de la Tri-X paraît absolument énorme : 254 watts avec le BIOS par défaut et 259 watts avec le BIOS déverrouillé.

Les deux galeries ci-dessous permettent de passer rapidement de la consommation en watts par images/s (image 1) à la consommation électrique (image 2) et aux résultats obtenus dans les benchmarks (image 3). Nous commençons par le BIOS par défaut :

Les seuls changements apportés par le BIOS déverrouillé sont un rendement en berne et des bouffées de chaleur. Il n’y a pas de quoi se réjouir :

Full HD (1920×1080) avec le BIOS par défaut

En raison des limitations liées à cette résolution, nous n’utilisons que le BIOS par défaut. Nous avons toutefois effectué quelques essais ponctuels qui indiquent que la consommation n’augmente que de un à trois watts avec le BIOS déverrouillé, sans aucune incidence sur les performances.

Une fois encore, la GeForce GTX 980 se montre un peu plus lente mais consomme considérablement moins, ce qui lui confère un rendement bien plus élevé.

Efficacité énergétique dans les autres applications

Laissons de côté les jeux pendant un instant. Nous avons effectué quatre tests qui montrent qu’il est indispensable d’évaluer les logiciels professionnels au cas par cas, car les optimisations des pilotes varient énormément, et avec elles les performances des applications, ce qui signifie qu’il est impossible de faire des généralisations. Nous pouvons toutefois vous proposer un rapide instantané des performances.

Les performances de la Sapphire R9 Fury Tri-X servent de référence (100 %) car les divers benchmarks utilisés emploient tous des systèmes de notation différents.

Image 15 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

Sans tenir compte des performances, il est possible de résumer les chiffres de consommation comme suit :

Image 16 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

À quoi sert donc le BIOS déverrouillé ?

Si nous voulions être méchants, la réponse à la question ci-dessus serait « en gros, à rien ». Le deuxième firmware est destiné aux overclockeurs, mais son intérêt est très limité pour une carte graphique n’offrant que si peu de marge de manœuvre en matière de fréquences. Mise à part une consommation électrique légèrement supérieure dans les jeux, il n’engendre pratiquement aucune différence par rapport au BIOS normal. On note toutefois que lorsqu’il est activé, la tension (plus élevée) varie nettement moins dans le test de résistance.

Image 17 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

C’est ce qui explique la petite augmentation de consommation, même si l’impact sur les performances n’est pas mesurable.

Il est assez difficile de tirer des conclusions définitives concernant la R9 Fury Tri-X quand AMD nous annonce de nouveaux pilotes spécialement optimisés pour son nouveau GPU. Il est toutefois clair que les courants de fuite sont plus présents sur la carte refroidie par air, ce qui plombe son efficacité énergétique par rapport à celle de la Radeon R9 Fury X watercoolée. Et sa consommation électrique est considérablement plus élevée que celle des GeForce comparables.

Températures et nuisances sonores

Températures

Nous avons mesuré les températures dans quatre scénarios différents : dans un jeu (Metro: Last Light) et dans le test de résistance (FurMark), avec le BIOS par défaut et avec le BIOS déverrouillé. La fréquence du GPU s’est maintenue à 1040 MHz en permanence. Durant les deux tests de résistance, la carte y est parvenue en limitant sa consommation, en régulant sa tension et en faisant varier la vitesse de rotation de ses ventilateurs.

Cela s’est particulièrement ressenti dans le test sous FurMark avec le BIOS par défaut : les températures enregistrées ont au final été inférieures à celles mesurées dans le jeu. Avec le BIOS déverrouillé, le système de contrôle des ventilateurs semble un peu plus agressif, ce qui signifie qu’il s’enclenche plus tôt.


Image 18 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

La carte plafonne à 80°C, soit autant que la GeForce GTX 980. La Tri-X de Sapphire est toutefois moins bruyante à cette température.

Températures dans les jeux

Nous avons remplacé les images infrarouges par des vidéos en timelapse (1 minute de vidéo pour 10 minutes en réalité). On voit clairement où et à quel moment la PCB de la carte graphique chauffe.

BIOS par défaut : Metro Last Light en UHD

BIOS déverrouillé : Metro Last Light en UHD

Températures durant le test de résistance

Deuxième round durant le test de résistance. Cette fois encore, le composant le plus chaud n’est pas le GPU, cet honneur discutable revenant aux régulateurs de tension, qui terminent à plus de 100°C.

BIOS par défaut : FurMark



BIOS déverrouillé : FurMark

Il est intéressant de constater que les températures finales sont pratiquement identiques en dépit d’un écart de consommation de près de 50 watts. Évidemment, les ventilateurs de la Sapphire tournent beaucoup plus rapidement, probablement parce que le GPU a besoin d’être plus refroidi.

Les températures mentionnées dans le tableau ci-dessous ont été enregistrées après 30 minutes pour le jeu et après 10 minutes pour le test de résistance.

Température ambiante
22 °C
Banc d’essai ouvert,
jeu
Banc d’essai ouvert,
test de résistance
Boîtier fermé,
jeu
Boîtier fermé,
test de résistance
Régulateurs de tension
(maximum)
BIOS par défaut
78 °C
70 °C
80-81 °C
72 °C
98 °C
BIOS déverrouillé
80 °C
75 °C80-81 °C
78 °C115 °C

Nuisances sonores

Les nuisances sonores dépendent principalement du type de ventilateurs utilisés, de la charge pesant sur le GPU et du profil de ventilation. C’est sur ce dernier point que Sapphire se montre presque trop prudent : même à pleine charge, le bruit des ventilateurs est presque imperceptible dans le banc d’essai ouvert et ils sont absolument inaudibles depuis l’extérieur du boîtier fermé.

Au vu des besoins constatés en matière de refroidissement, les profils de ventilation auraient pu être un peu plus généreux, surtout quand on sait à quel point les régulateurs de tension surchauffent. Ces derniers se font d’ailleurs un peu trop entendre à notre goût, même s’ils ne sont objectivement pas particulièrement gênants.

Image 19 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

Le spectrographe révèle un léger pic à 6 KHz et au-delà, dû aux régulateurs de tension lors du test de torture avec le banc d’essai ouvert. Il est suivi du bruit des ventilateurs. Les résultats obtenus sont dans l’ensemble excellents.

Voici à quoi ils ressemblent en termes absolus :

Température ambiante
22 °C
Banc d’essai ouvert,
jeu

Banc d’essai ouvert,
test de résistance
Boîtier fermé,
jeu
Boîtier fermé,
test de résistance
Au repos
BIOS par défaut
36,4 dB(A)
37,4 dB(A)
36,9 dB(A)*
37,2 dB(A)*
0 dB(A)
BIOS déverrouillé
37,2 dB(A)
38,3 dB(A)
37,0 dB(A)*37,4 dB(A)*0 dB(A)

* : la carte graphique est inaudible par rapport au bruit de fond.

Conclusion

Il n’est pas facile de délivrer un verdict sur la Fury d’AMD. D’un côté, le GPU Fiji et sa mémoire HBM sont une prouesse technique. La HBM n’en est qu’à ses débuts, mais montre déjà un fort potentiel. Son très large bus mémoire est clairement très efficace et AMD a prouvé que 4 Go sont suffisants pour les jeux actuels même au niveau de détails le plus élevé. Ceci dit, le marketing d’AMD vise trop haut.

Image 20 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

AMD recommande la Fury pour le jeu en 4K. Techniquement, elle en est capable. Mais AMD suggère de manière trompeuse que la carte est capable d’afficher en 4K avec les détails graphiques poussés à fond. Certains jeux passent en 4K et mode Ultra, c’est vrai, mais la fluidité de l’affichage en prend alors un coup et ne satisfera pas les joueurs passionnés, ceux qui sont susceptibles d’investir dans une carte aussi chère que la Fury. Il serait bien plus honnête de dire que la Fury est capable de monter en 4K avec des réglages graphiques moyens, mais ce ne serait pas aussi sexy.

Ce malentendu dissipé, il y a des raisons d’aimer la Radeon R9 Fury Tri-X de Sapphire. Le système de refroidissement et ses grands ventilateurs remplissent leur rôle en tournant lentement sans faire de bruit. En augmentant la vitesse de rotation des ventilateurs, il y a de la marge pour dissiper encore plus de puissance, donc pour overclocker. Sapphire offre d’ailleurs déjà un léger overclock sympathique. Visuellement, la Fury Tri-X nous semble aussi réussie.

La Radeon Fury marque le retour d’AMD dans le jeu haut de gamme. Mais elle plus taillée pour jouer en 2560 x 1440 pixels qu’en 4K. Dans presque tous les tests, la Sapphire R9 Fury Tri-X surclasse la GTX 980. Même en annulant l’overclock effectué par Sapphire, elle reste compétitive. La Fury se glisse astucieusement entre la GTX 980 et la GTX 980 Ti à la fois en termes de performance et de prix.

Image 21 : AMD Radeon R9 Fury : Fiji plus petit, plus efficace ?

Sapphire Radeon R9 Fury Tri-X

  • sapphire radeon r9 fury tri-x
    47.17€
  • 47.17€
    Voir l’offre
On aime
  • Refroidisseur performant • Ventilateurs silencieux • Back plate • Très bonne carte pour jouer en 2560 x 1440
On n’aime pas
  • Consommation • Overclocking • Taille

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