Comparatif écrans TFT : protocole de test

Introduction

Les écrans TFT sont de plus en plus attrayants, c’est un fait: leurs performances s’améliorent alors que les prix chutent. Et nombreux sont ceux qui aimeraient bien changer leur vieux moniteur CRT pour une belle dalle plate toute neuve.
Seulement voilà, entre ce que vous promet le vendeur, ce que vous pouvez lire sur la fiche du constructeur et la performance réelle de l’appareil que vous achetez, il y a trop souvent un fossé, immense, que le marketing s’empresse de vous faire franchir.

Certes il y a le Web et les innombrables tests d’écrans TFT. Mais cela reste souvent un exercice subjectif, fautes de moyens adéquats, il faut bien l’avouer. Difficile de comparer des écrans quand la seule information sur la latence par exemple et un simple qualificatif « bon » ou « mauvais ». Difficile d’évaluer le contraste avec un simple test visuel avec à la clef un indice variant de 1 à 5 étoiles…

Aussi Presence PC a pris les devants en développant son propre système et protocole de mesures afin de vous faire profiter de résultats clairs et précis, issus d’une véritable campagne de mesures sur toutes les gammes d’écrans du marché. Presence PC devient ainsi le premier site francophone à mesurer scientifiquement les performances des écrans TFT.


Le but de ce premier article est de vous présenter le système et son développement mais aussi ses performances au travers d’essais de qualifications. Il s’agit d’un préambule à la parution de notre première série de tests, disponible en ligne dans quelques jours.

Présentation générale, électronique

Présentation générale


Le système de mesure comporte :
  • une tête de mesure optique, afin de capturer l’intensité lumineuse des pixels

  • un oscilloscope numérique pour visualiser les mesures

  • un logiciel de stimulus afin de contrôler l’écran que l’on mesure

Le système permet les mesures suivantes :
  • luminosité

  • contraste

  • temps de latence
Tête de mesure optique : l’électronique

Il s’agit du dispositif électronique qui convertit l’intensité lumineuse des pixels en tension, mesurable à l’oscilloscope.


  • Principe de fonctionnement
On peut facilement convertir une intensité lumineuse en courant électrique grâce à une photodiode. Ce courant est convertit en tension à l’aide d’un montage à amplificateur opérationnel.

Le montage est le suivant :


  • Les détails
La mise en équation est assez simple: la photodiode génère un courant Io, variant linéairement en fonction de la luminosité reçue. En supposant l’amplificateur idéal, le courant traversant les bornes + et – de ce dernier est nul: Io passe donc entièrement dans la résistance R. De plus l’amplificateur impose par principe une différence de potentiel nulle entre ses bornes + et -, on se retrouve donc avec l’équation suivante :

Vout = – R x Io

Les problèmes sont nombreux quand on développe un système comme celui-là. Tout d’abord, le courant généré par la photodiode est très faible, ce qui impose une valeur de résistance R très élevée pour avoir une tension de sortie décente à observer, ce qui peut poser des problèmes de stabilité pour le système.

En outre, les amplificateurs ne sont pas parfaits et le courant traversant ses bornes + et – n’est pas nul, il est même pour certains amplificateurs du même ordre de grandeur que le photocourant, ce qui perturbe grandement la mesure. Il a donc fallu trouver un amplificateur de mesure à très forte résistance d’entrée.
Ensuite, il fallait garantir une bande passante suffisante pour faire nos mesures. Nous avons donc utilisé une photo-diode rapide dont le temps de réponse est calculé à 5 µs ce qui est amplement suffisant.

Enfin, nous souhaitions un système à faible niveau de bruit. Pour cela, il fallait définitivement oublier l’alimentation de PC et se tourner vers une alimentation linéaire stabilisée de laboratoire. Pour améliorer encore la stabilité des alimentations, la tête optique embarque deux régulateurs linéaires +12V et -12 V afin de s’affranchir des éventuelles fluctuations des tensions de l’alimentation de laboratoire. Enfin, nous avons opté pour un découplage massif des lignes de puissance.

La tête de mesure est reliée à l’alimentation via des câbles coaxiaux 50 Ohms pour la propreté des signaux. Le choix de ce câble est souvent discutable pour l’alimentation, mais pas ici dans la mesure où on utilise des régulateurs sur la tête elle-même.

  • Choix des composants :
Photodiode VTB 8440B


Le choix de la photo-diode étant crucial, nous avons opté pour cette photodiode de chez Perkin-Elmer pour son temps de réponse très court, mais aussi pour sa bonne plage de sensibilité. Son package comporte une vitre avec un filtre Infra-rouge, ce qui évite de fausser la mesure : puisque l’oeil n’est pas sensible à l’infrarouge, il ne faut pas prendre ce rayonnement en compte pour les mesures.

Amplificateur INA131AP


Cet amplificateur, de chez Burr-Brown (propriété de Ti désormais), présente l’avantage d’avoir une résistance d’entrée très élevée : 1010 Ohms, ce qui est parfait pour ce genre de mesure. Il nécessite cependant deux tensions d’alimentation symétrique : +12V et -12V. En fait, un premier essai avec un amplificateur à alimentation unique s’est vite révélé infructueux: pas assez d’amplitude en sortie pour permettre une mesure correcte.

Sa bande passante est aussi limitée à quelques centaines de kilo-Hertz, mais ce n’est pas gênant en soi dans la mesure où le meilleur temps de montée à mesurer est de 35 µs pour le CRT, ce qui requiert une bande passante de 300 kHz (dix fois la fréquence du signal le plus rapide).

Régulateurs +12 V et -12 V


Les régulateurs 78L12 et 79L12 permettent d’obtenir une tension stable pour alimenter le système, tant que l’alimentation de laboratoire délivre des tensions supérieures à 14V et inférieures à -14V.

  • Performances brutes
– Amplitude de sortie : 0 V -> 10 V
– Niveau de bruit mesuré : 2 mV RMS
– Bande passante : 300 kHz

Mécanique


Pour garantir une bonne reproductibilité des mesures, nous avons porté une grande attention à la réalisation de la partie mécanique. Les objectifs étaient les suivants.

  • Occulter la lumière ambiante
La lumière ambiante pollue en effet la mesure. Les pollutions sont de natures diverses. Un éclairage artificiel clignote à 50 Hz (fréquence du secteur), même si ce clignotement n’est pas visible a l’oeil nu. Cela risque de perturber les mesures, dans la mesure ou les fréquences qui nous intéressent pour le rafraîchissement sont du même ordre (60 à 85 Hz). Ensuite la lumière naturelle, si elle ne clignote pas, ajoute un offset lumineux. En soi, cet offset n’est pas gênant, mais dans la mesure où il dépend de la météo, mieux vaut s’en affranchir.

  • Garantir une distance constante entre la photodiode et la source lumineuse
La lumière comme tout rayonnement électromagnétique voit son énergie décroître avec la distance. La conséquence immédiate en ce qui nous concerne est que la photodiode doit se trouver à distance constante de l’écran pour toutes les mesures sous peine de les fausser complètement.

  • Garantir un angle constant entre la photodiode et la source lumineuse
Les écrans TFT ont une réponse différente suivant l’angle selon lequel on les observe. Il en va de même pour la photodiode qui est assez directive. Nous devons donc maintenir un parallélisme correct entre l’écran TFT et la photodiode.

  • Protéger l’écran des dégradations
Il ne faut pas que le système de mesure vienne griffer l’écran bien entendu, une surface souple de type mousse est idéale mais il devient difficile de garantir une distance fixe pour la photodiode.

Compte tenu de ces contraintes, le système a donc été réalisé comme ceci :


L’électronique réside sur un PCB de test prototypage: une Bread-board. Pour ceux qui n’en n’auraient jamais vu, il s’agit d’un PCB comportant une matrice de trous métallisés pour la soudure des différents composants :


La photodiode est déportée sur une plaque de PVC rigide noire (pour éviter toute réflexion parasite). Elle est fixée au PCB à l’aide de vis M3 nylon et d’entretoises adaptées pour assurer une bonne rigidité à l’ensemble. Le choix des vis nylon s’explique par une volonté de protéger l’écran des griffures: aucun matériau métallique n’est présent sur la surface du système en contact avec l’écran.

La photodiode est donc placée sur le PVC, au fond d’une cavité aménagée dans de la mousse antistatique: il s’agit d’une mousse spéciale utilisée pour stocker des composants électroniques sensibles. Elle présente de nombreux avantages. Elle est complètement opaque, et très difficilement compressible. Compte tenu de la surface d’appui sur l’écran, nous pouvons à la fois assurer un bon parallélisme de la photodiode et une distance constante de l’écran à la photodiode tout en protégeant les écrans qu’on nous prête.

Logiciel de stimuli

Pour pouvoir tester un écran, il ne suffit pas d’avoir un instrument de mesure, encore faut-il être sur de ce que l’on applique comme signal. Nous avons donc pris le parti de développer notre propre logiciel de stimuli.

Le programme, écrit en PureBasic, se base sur les modes d’affichage disponibles sur le PC pour créer un clignotement à l’écran. Ainsi, on peut réellement créer une situation de pire cas pour tester la rémanence des TFT : lorsqu’une image est saturée, et que celle qui suit est noire, à la fréquence de rafraîchissement maximale.


Mais les possibilités du programme ne s’arrêtent pas là :
  • choix du mode d’affichage (résolution, fréquence nominale)

  • réglages séparés des canaux (8 bits par canal R,V,B, permettant d’afficher n’importe quelle couleur en 24 bits)

  • réglage de la fréquence (sous-multiple de la fréquence nominale)

  • possibilités d’image fixe (pas de clignotement du tout) pour les tests de luminosité, de contraste

  • mode point (1 seul pixel est actif) ou mode ligne (un groupe de pixel d’une même ligne est actif)

  • etc…
En fait, comme nous le verrons plus tard, le mode point n’a pu être utilisé dans la mesure où la luminosité d’un seul pixel est trop faible pour notre système de mesure. Nous avons donc utilisé principalement le mode ligne. L’utilisation d’une ligne plutôt que d’un point n’est pas gênante dans la mesure où la fréquence de balayage horizontale est de l’ordre de 1000 fois plus rapide que les temps de latence qui nous intéressent. Ce n’est donc pas un handicap.

L’utilisation d’une photodiode plus sensible pour utiliser le mode point n’était pas une alternative viable dans la mesure où les tensions mesurées seraient trop faible au regard du bruit de mesure.
Il faut aussi noter que le mode ‘image fixe’ ne fonctionne pas, par nature, sur un CRT. En effet, sur un CRT, l’image disparaît progressivement une fois les pixels balayés par le faisceau, c’est pour cela que les CRT ont besoin de rafraîchir constamment. Au contraire, les pixels des écrans TFT gardent leur luminosité constante entre 2 images si l’image ne change pas.

Références

Pour plus d’informations sur les écrans CRT et LCD et leur fonctionnement :

  • FAQ Eizo (anglais)

  • ‘How stuff works ?’ (anglais)

  • ‘Comment ça marche’ (français)

Pourquoi tester les canaux séparément ?

La question mérite d’être posée. Pour la rémanence par exemple, on pourrait très bien penser qu’une alternance Blanc, Noir Blanc pourrait être le pire cas, alors pourquoi tester les canaux séparément ?
Si notre oeil a sa propre sensibilité aux couleurs, les photo-diodes au silicium l’ont également. La réponse spectrale d’une photodiode classique au silicium est représentée par la courbe suivante.

En abscisse, la longueur d’onde reçue (en d’autre termes la couleur de la lumière reçue). En ordonnée, le courant produit par unité de puissance reçue.
Comment lire le graphique ? Disons qu’une lumière bleue (400-450 nm) produira moins de courant dans la photodiode qu’une lumière rouge (800 nm) à puissance lumineuse égale. On dit que la sensibilité de la photodiode est moindre pour le bleu que pour le rouge. En fait, toutes les longueurs d’onde plus grande que 750-800 nm ne sont pas visibles et ne doivent donc pas être mesurées : la photodiode que nous avons donc choisi dispose d’un filtre infra-rouge qui limite sa réponse dans le rouge. Son spectre est donc celui-ci :

Références

Plus d’informations sur les photodiodes :

  • technologie des photodiodes au silicium (anglais)

  • polycopie ENS sur les photo-détecteurs (français)

  • les capteurs électroniques de lumière (français)
Nous avons mesuré sur notre CRT de référence les valeurs maximales suivantes pour les différents canaux. Voici par exemple, la réponse d’un pixel à un clignotement vert(255), noir (0), vert…


De cette mesure, on extrait la valeur pic, 960mV: c’est l’intensité maximale atteinte par le pixel lors de la stimulation. On effectue les mêmes mesures pour le rouge et le bleu. Les résultats sont tenus dans le tableau suivant.


Ces mesures confirment bien qu’il faut effectivement faire les essais canal par canal ! Sous peine de fausser complètement les résultats.

Mesure de la luminosité

Pour qualifier notre système, nous avons choisi de le tester sur plusieurs écrans. Le premier est le célèbre 19 pouces LG915FT+, excellente alternative à l’époque pour ceux qui voulaient une dalle parfaitement plate sans 2 lignes noires horizontales des tubes Sony Trinitron. Le second est un 17 Pouces TFT IIYAMA AS4314UT.


D’autre part, les tests de qualification sont faits en utilisant une Matrox G550, un matériel professionnel connu pour son excellente qualité en 2D.


Dans la mesure où notre système de mesure n’a pas été calibré contre une source de lumière calibrée, nous nous garderons bien de donner des valeurs de luminosité en Candela. Cependant, nous pouvons donner une indication relative de la luminosité de chaque écran testé en prenant la valeur maximale atteinte par la courbe de luminosité d’une image blanche avec le contraste et la luminosité réglés au maximum à l’OSD.
Le LG915FT+ a donc une luminosité mesurée de 11.5 alors que le IIYAMA AS4314UT a une luminosité de 4.47. Il s’agit directement de la tension mesurée à la sortie du système.
Les autres tests ne requièrent pas une calibration de la valeur absolue de l’intensité lumineuse mesurée. En outre, nous avons pu constater que notre système ne présentait aucun OFFSET notable susceptible de corrompre les mesures relatives (test effectué en chambre noire).

Mesure de la latence, CRT

  • Taux de rafraîchissement
Les réglages de l’écran, étaient les suivants :
– balayage vertical : 85 Hz
– résolution : 1280×1024

Nous avons tout d’abord vérifié que le logiciel fonctionnait correctement en mesurant le taux de rafraîchissement du CRT. Pour cela, nous avons utilisé le mode suivant :
– image fixe
– R=255, V=255, B=255

Et nous avons observer la trace suivante :


Les 2 pics correspondent en fait à 2 images successives. En effet, les écrans CRT scintillent, et l’image disparaît progressivement une fois la zone balayée par le faisceau, comme on le voit ici. Une image fixe ne peut l’être réellement sur un CRT.
L’oscilloscope numérique permet de mesurer ici l’intervalle T en seconde entre les 2 marqueurs A et B qui sont en réalité 2 balayages successifs de l’écran, mais il permet aussi d’inverser mathématiquement (1/T) ce délai pour afficher la fréquence : 85 Hz comme on peut le voir encerclé sur cette capture.

  • Temps de montée et balayage horizontal
Nous nous sommes ensuite intéressé au temps de montée ‘Tr’.

Par définition le temps de montée ‘Tr’ est le temps que met le signal mesuré pour monter de 10% a 90% de sa course totale. Nous avons effectué la mesure pour les différents canaux R,V,B. En effet le spectre de réponse de la photodiode n’est pas constant en fonction de la couleur qu’elle reçoit. Il est donc important de séparer les canaux lors des mesures pour ne pas les fausser !
Par exemple pour le canal rouge (test R=255, V=0, B=0), nous obtenons le résultat suivant :


Comme on peut le voir ici, le temps de montée est de … 35µs (Delta entre les marqueurs verticaux), une valeur qui reste pour l’instant un rêve pour tout utilisateur de TFT. Cet essai montre aussi que notre système est capable de mesurer des temps de montée de cet ordre. Par conséquent, il est largement suffisant pour les tests sur TFT où les temps de montée et de descente sont 400 fois plus lents.

En fait, comme on peut le voir sur cette capture, le système de mesure est bien plus rapide que cela puisque la petite modulation sur le signal lui-même n’est autre que l’allumage successif des pixels comme le montre cette capture :


Comme le montre la distance entre les 2 marqueurs verticaux (exprimée en Hertz ici), la fréquence du phénomène est de 85 kHz environ, ce qui est la fréquence de balayage horizontale confirmée par l’OSD de l’écran lui-même. En outre, pour être sûr qu’il ne s’agit pas de bruit ici, ces mesures ont été faites avec la fonction Averaging (moyenne) de l’oscilloscope: l’oscilloscope prend un certain nombre de mesure et présente la moyenne des traces à l’écran, tout bruit aléatoire est donc annulé par la moyenne.

Pour les différents canaux, nous obtenons les valeurs suivantes de temps de montée :


Le canal rouge est plus lent que les autres. Cependant il n’est pas possible de mettre en cause ici la sensibilité de la photodiode dans le rouge dans la mesure ou il s’agit ici d’une mesure relative: on mesure ici le temps de montée de 10 % à 90 % d’une course de signal. Si la course totale dépend effectivement de la sensibilité de la photodiode, ce n’est pas le cas pour les temps de montée et de descente.

  • Temps de descente
Par analogie, le temps de descente ‘Tf’ est le temps que met le signal pour descendre de 90% a 10 % de sa course totale. En fait de temps de descente, ce qu’on mesure sur un CRT, c’est plutôt la rémanence de l’écran.

Voilà ce que nous avons pu mesurer sur le canal rouge (test R=255, V=0, B=0) :


Comme on le voit ici, le temps de descente des pixels du CRT sont 23 fois plus grand que le temps de montée. Toutefois, on est bien au delà de ce que l’on peut obtenir avec un TFT. Même si la comparaison est discutable compte tenu des technologies bien différente, il est clair que les CRT garderont l’avantage absolu encore longtemps en terme de rémanence, de traînée dans l’image, etc… face aux TFT.

Mesure de la latence, TFT

L’autre écran que nous avons utilisé pour qualifier notre système est un TFT 17 pouces IIYAMA AS4314UT. Le constructeur annonçait 20 ms de temps de latence, voyons ce qu’il en est.

  • Taux de rafraîchissement :

Les réglages de l’écran, étaient les suivants:
– balayage vertical : 60 Hz
– résolution : 1280×1024

Nous avons tout d’abord effectué le test suivant :
– R=255, V=255, B=255
– 3 images avec une ligne blanche, 3 images sans, etc…

Cette capture d’écran montre les 3 images successives illuminées. La trace est radicalement différente de celle d’un CRT. En effet, on peut voir que les pixels ne s’éteignent pas entre 2 images blanches (par exemple entre les images 2 et 3): les pixels restent donc allumé… jusqu’à ce qu’on les éteignent volontairement.

Ensuite, on constate que, si on demande à un pixel de passer de 0 à 255 en une seule image, il lui faut dans la réalité une durée équivalente plusieurs images (environ 30 ms !) pour atteindre effectivement cette valeur ! En d’autres termes, si un rectangle passe brusquement du blanc au noir, la séquence sera la suivante :


Que conclure de cette observation ? Tout d’abord que les écrans TFT sont fondamentalement lents : pour tenir un rafraîchissement de 60 Hz (un rafraîchissement toutes les 16.6 ms donc), il faut au maximum un temps de latence de … 16 ms, à l’évidence! Ce n’est pas le cas de la plupart des moniteurs actuels même si la situation s’est grandement améliorée. Ensuite, on peu se poser la question de l’intérêt du mode 75 Hz pour les écrans TFT ! En effet, en 75 Hz, ce ne seront pas deux images mais deux et demi qu’il faudra compter pour afficher la couleur désirée: ce mode n’est que purement commercial à mon avis et votre dynamique d’image sera meilleure si paradoxalement, vous laissez votre écran en 60 Hz.

Est-ce à dire pour autant que tous les moniteurs plus lents que 16 ms sont à jeter ? Non évidemment. Cette situation est le pire cas que l’on peut rencontrer et pour la bureautique, ou même le jeux vidéo de type STR, c’est amplement suffisant. Mais si vous êtes fans de jeux et/ou de films d’action, ces écrans sont à proscrire. Voilà ce que montre cette mesure.

  • Temps de montée

On suit exactement la même démarche que pour les écrans CRT.

On obtient les résultats suivants :


  • Temps de descente

Suivant la même démarche, on obtient pour le temps de descente :


  • Temps de latence

Le temps de latence proprement dit est la somme du temps de montée et du temps de descente du pixel :


L’écart avec le temps de latence annoncé par le constructeur est de 13 % environ. A la vue de ces résultats, nous avons tout d’abord mis en doute notre propre système, mais :

  • les tests sur les CRT montrent une précision de l’ordre du micro-secondes : c’est largement suffisant pour écarter toute erreur de mesure sur les TFT
  • les tests d’écrans à 16 ms (à retrouver dans notre prochain article !) montrent que certains constructeurs affichent 16 ms là où nous mesurons effectivement 16 ms. L’écart mesuré ici n’est donc pas dû à une erreur de mesure

Mesure du contraste

  • Méthode
Il existe bien des méthodes pour mesurer le contraste.

Méthode Fo-Fo (Full ON, full OFF) : Prendre une image blanche, avec le réglage de luminosité au maximum, mesurer l’intensité lumineuse au centre de l’écran : Ion. Prendre une image noire, avec le réglage de luminosité au minimum, mesurer l’intensité lumineuse : Ioff. Le contraste est donné par le rapport Ion/Ioff.


C’est la méthode préférée des constructeurs dans la mesure où elle offre des chiffres impressionnants de 500:1, 600:1, aussi impressionnant d’ailleurs qu’irréalistes et inutiles.

Méthode ANSI : Sur une même image, on affiche 8 rectangles blancs et 8 rectangles noirs.
On mesure la luminosité de chaque rectangle noir, puis celle de chaque rectangle blanc. On calcule le contraste moyens de rectangles adjacents. On effectue la moyenne des contrastes pour obtenir le contraste ANSI.


C’est une méthode plus représentative de la réalité puisque ce qui nous intéresse, c’est le contraste que l’on peut obtenir dans une même image affichée. Évidemment, les contrastes mesurés sont moindre que les Fo-Fo : il faut compter généralement un facteur 2 en deçà du chiffre Fo-Fo annoncé par le constructeur !
Nous avons choisi la méthode ANSI, parce qu’elle est standard et correspond plus à l’usage que l’on faut de son moniteur. Aussi les chiffres mesurés seront-ils (beaucoup) plus faibles que ceux annoncés par les constructeurs puisque la méthode est différente.
En plus de cela, nous avons choisi de calculer le contraste pour différents niveaux de luminosité à l’OSD : le but étant de vous aider à trouver les meilleurs réglages pour votre écran.

Références

  • CRT : LG915FT+
Pour le LG915FT+, nous n’avons pas jugé utile d’effectuer différentes mesures pour différentes luminosités. La raison est simple : les pixels noirs du CRT sont complètement éteints, par nature. Du coup le contraste pour une luminosité moyenne s’apparente à faire une division de la luminosité dans le blanc… par Zéro. Du coup, le contraste ANSI atteint des valeurs énormes : 600:1, hors de portée hélas du meilleur des TFT.

  • TFT : IIYAMA AS4314UT
Nous obtenons pour des valeurs de luminosité variant de 0 à 100 sur l’OSD la courbe suivante :


Comme on peut le voir, sur cet écran, l’intensité lumineuse des rectangles blancs saturent aux alentours de 55 %. De même, en deçà de 50 %, l’intensité du noir ne descend plus.

Le même tracé pour le contraste :


Le contraste maximum pour cet écran est donc pour une luminosité de 45 % à environ 220:1.
L’écart avec les données constructeurs (500:1) est très grand, ceci dû à une différence de méthode (Fo-Fo contre ANSI). L’écart par rapport à l’écran CRT s’explique par un choix technologique: il est difficile, voir impossible d’éteindre complètement les pixels d’un TFT, ces derniers gardent toujours une valeur résiduelle (0.5 à 1.5 sur 255 selon les couleurs), c’est ce qui grève les performances des TFT en terme de contraste.

Ce test permet également d’évaluer la qualité du noir affiché par les écrans TFT. De même que pour la luminosité, nous donnerons ici une indication plus qu’une valeur en candela: pour l’AS4314UT la meilleure valeur du noir est de 59 mV en sortie du système alors qu’un CRT affiche une valeur très proche de 0 V.
Lors de nos futurs tests, nous serons donc en mesure de comparer les ratios de contrastes des écrans en tests, et nous pourront également vous donner leur optimum de contraste selon la luminosité.

Conclusion

Le but de cet article était de présenter le système de mesure que Presence PC a développé afin de vous donner un avis objectif sur les performances réelles des écrans que vous trouvez sur le marché. Le but était également de prouver que le système était fiable au travers d’essais de qualification sur du matériel disponible depuis longtemps dans le commerce.

Nos futurs comparatifs d’écrans TFT mettront donc en avant les mesures relatives aux qualités principales qu’on est en droit d’attendre d’un bon moniteur TFT :

  • la luminosité

  • le temps de latence

  • le ratio de contraste

  • la qualité du noir affiché
Au fil de cet article, vous avez également pu découvrir les différences fondamentales de performances entre les moniteurs CRT et TFT, ainsi que certaines subtilités à connaître afin de mieux tirer profit des performances de vos moniteurs TFT.

Notre prochain article présentant notre première batterie de tests sur les 17 pouces TFT du marché sera en ligne d’ici quelques jours.

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