Le gouvernement américain rachète 10% d’Intel pour aider l’entreprise à tenir le cap et à développer ses prochaines puces, a annoncé le président américain Donald Trump.
Le gouvernement américain a annoncé, vendredi 22 août 2025, la conclusion d’un accord avec Intel, lui permettant d’acquérir une participation de 10 % dans le capital de l’entreprise. Cette décision s’inscrit dans une démarche inhabituelle visant à renforcer la production nationale de semi-conducteurs, un secteur stratégique pour l’économie et la sécurité des États-Unis.
Une conversion de fonds publics en participation dans Intel
L’administration Trump a confirmé que cette prise de participation ne donnerait pas lieu à une représentation au conseil d’administration d’Intel, mais qu’elle s’appuierait sur des fonds déjà alloués dans le cadre du CHIPS and Science Act. Les 11,1 milliards de dollars initialement promis à Intel par l’administration Biden en 2024 seront ainsi convertis en actions, sans apport financier supplémentaire de la part de l’État. Cette annonce a immédiatement eu un impact positif sur le cours de l’action Intel, qui a progressé de 6,6 % vendredi.
Cette intervention publique marque une rupture avec les pratiques habituelles : aux États-Unis, l’État ne prend généralement des participations dans des entreprises privées qu’en période de crise majeure, comme lors de la crise financière de 2008, où des secteurs bancaires et automobiles avaient bénéficié de soutiens similaires.
Un enjeu de souveraineté technologique
L’objectif affiché est de réduire la dépendance du pays aux importations de semi-conducteurs, un domaine où les États-Unis accusent un retard face à des concurrents asiatiques comme TSMC et Samsung. Intel, seul acteur américain à tenter de produire des puces aux nœuds technologiques les plus avancés, rencontre des difficultés persistantes. Le groupe a récemment annoncé l’abandon de son nœud 20A (2 nm), tandis que ses projets pour les nœuds 18A et 14A restent incertains en raison de problèmes de rendement.
Donald Trump a souligné que cette mesure visait à sécuriser la chaîne d’approvisionnement nationale, alors que la Chine domine une grande partie du marché des minerais rares, essentiels à la fabrication des semi-conducteurs. Des sources proches du dossier indiquent que l’administration étudie également l’allocation de 2 milliards de dollars supplémentaires du CHIPS Act pour soutenir la production domestique de ces minerais, sans nécessiter de nouveaux crédits votés par le Congrès.
Une première qui pourrait inspirer d’autres accords
Si Intel est le premier bénéficiaire de ce type de partenariat, d’autres entreprises pourraient suivre. Cependant, des responsables ont précisé que des groupes comme TSMC ou Micron, déjà engagés dans des investissements aux États-Unis, ne seraient pas concernés par des prises de participation similaires. TSMC, bien que conservant ses usines les plus avancées à Taïwan, développe actuellement des capacités de production sur le sol américain pour des nœuds technologiques moins récents.
Cette initiative pourrait ouvrir la voie à une implication accrue de l’État dans les secteurs technologiques et industriels, une évolution qui suscite des débats sur le rôle du gouvernement dans l’économie.