Tour d’horizon des connectiques vidéo

HDMI, DisplayPort et compagnie…

Avant, brancher sa télé ou son écran d’ordinateur était assez simple. Pour chacun, une prise était présente à coup sûr : la péritel ou le VGA. Mais avec l’avènement des écrans LCD, puis des écrans HD, la donne a changé : il a fallu s’habituer au DVI, puis au HDMI. Une situation plus complexe, mais encore à portée du profane. L’arrivée de la 4K Ultra HD a encore tout bouleversé et créé de nouveaux problèmes. Deux prises HDMI cohabitent pour la 4K, mais seule une permet d’en profiter pleinement. À défaut, il faut passer par le DisplayPort, mais là encore des précautions s’imposent. Et si on veut y brancher un smartphone, c’est comment ? Et doit-on acheter un câble spécial 4K ? Et puis c’est quoi cette histoire de Thunderbolt ? Et l’USB dans tout ça ? Voici un petit guide que nous espérons exhaustif pour ne plus se perdre dans la jungle des connectiques vidéo.

Image 1 : Tour d'horizon des connectiques vidéo

L’hydre HDMI

HDMI rime avec TV HD. La connectique fut en effet conçue et lancée pour la génération de téléviseurs haute définition, qui ne pouvaient se satisfaire de la vieille péritel. Numérique, l’interface HDMI a aussi comme atout de véhiculer le son en plus de l’image. Grâce à ses atouts techniques et au soutien des nombreux fabricants de téléviseurs qui ont participé à son développement, le HDMI s’est imposé en un rien de temps dans nos salons.

Image 2 : Tour d'horizon des connectiques vidéoLors de son introduction, en 2002, le HDMI offrait une bande passante calculée pour satisfaire un écran Full HD : presque 4 Gbit/s pour la vidéo, plus 37 Mbit/ pour huit canaux audio 24bits 192 kHz.

Ça, c’était le HDMI 1.0. Vint ensuite le HDMI 1.1, en mai 2004, qui apporta la compatibilité avec le format DVD Audio. La spécification HDMI 1.1 introduisit également la fonction HDMI CEC (Consumer Electronic Control) qui transporte via la câble les signaux de télécommande afin qu’un appareil HDMI puisse en contrôler un autre.

En août 2005, le HDMI 1.2 ajouta le support des flux audio 1 bit comme le DSD utilisé sur les SACD et une meilleure prise en charge des PC comme source, leur permettant notamment d’utiliser l’espace colorimétrique sRGB habituel en informatique en plus du YCbCr plus répandu dans les téléviseurs.
Le HDMI 1.2 fut suivi d’une révision mineure, le HDMI 1.2a, qui n’apportait pas de nouvelle fonctionnalité.

En 2006, le HDMI connu une première révolution. Le consortium dégaina la norme 1.3, qui doubla la bande passante disponible : au lieu de 4,95 Gbit/s, un câble HDMI faisait transiter 10,2 Gbit/s. Comment ? Assez simplement : en augmentant la fréquence du signal , de 165 MHz à 340 MHz.

Pourquoi une telle bande passante ? Sans doute pour préparer l’avenir, l’arrivée des formats 3D et d’écrans 4K étant déjà prévisibles à moyen terme. Mais dans l’instant, le HDMI 1.3 tirait parti de son débit pour prendre en charge des comme le transfert de flux Dolby TrueHD et DTS-HD Master Audio, deux formats audio haute définition, mais compressés sans pertes, sans aucun décodage – ce qui souvent appelé sur les appareils le bitstream. Grâce à cela il devenait possible de lire un contenu (par exemple un Blu-ray ou un HD-DVD) sur une source incapable de décoder ces flux audio : ils étaient tout simplement envoyés à un autre appareil relié en HDMI. Le HDMI 1.3 permettait enfin de gérer une colorimétrie étendue via deux nouveautés. D’une part l’encodage des couleurs sur 10, 12 ou 16 bits (au lieu de 8 bits à l’origine), fonctionnalité connue sous le nom Deep Color. D’autre part la possibilité d’utiliser un espace colorimétrique plus large, x.v.Color.

Passons quelques années pour arriver directement en 2009. À cette époque, la mode de la 3D vient d’être relancée et la 4K se fait plus concrète. Le HDMI 1.4 arrive donc avec un support de ces deux grandes nouveautés. Pour la 4K, le support ne nécessite pas de modification physique : la bande passante du HDMI 1.3 est suffisante pour supporter un flux 4K à 24 ou 30 Hz. Pour la 3D, le consortium HDMI définit plusieurs formats permettant d’envoyer les deux images nécessaires aux deux yeux (entrelacés, pleine résolution alterné haut-bas, côte à côte, etc.)  Toutefois, au maximum, ces formats ne permettent d’afficher en 3D qu’à 24 images par seconde.

Le HDMI 1.4 introduit également HEC, ou HDMI Ethernet Channel, c’est-à-dire un nouveau canal de données créant une connexion Ethernet 100 Mbit/s entre plusieurs appareils HDMI : utile pour partager une connexion à internet par exemple.
On note aussi l’apparition d’un canal de retour audio (HDMI ARC) qui simplifie le câblage : un écran peut par exemple recevoir les flux vidéo et audio d’une source et renvoyer uniquement le flux audio à une chaîne Hi-Fi.
Le HDMI 1.4 ajoute encore trois espaces colorimétriques supplémentaires, donc le Adobe RGB, bien connu des graphistes et photographes.
Enfin, le HDMI 1.4 introduit un nouveau connecteur, le micro HDMI.

Cette grosse mise à jour fut suivie par deux révisions plus succinctes. Le HDMI 1.4a ajoutait des formats 3D. Le HDMI 1.4b était encore plus intéressant : avec lui vient la possibilité d’afficher en 3D à 60 images par seconde par oeil, ce qu’on a souvent appelé la 3D 120 Hz.

La dernière grande mise à jour en date est le HDMI 2.0. Finalisé en septembre 2013, soit il y a plus de deux ans, cette norme peine encore à se répandre. Il faut dire qu’elle n’est utile que sur les écrans Ultra HD/4K. Le HDMI 2.0 porte ce numéro car il s’agit d’une grosse refonte technique. La bande passante se voit presque doublée à nouveau, passant de 10,2 Gbit/s à 18 Gbit/s sur un câble. Ceci est permis grâce à une augmentation de la fréquence du signal dans les mêmes proportions : de 340 MHz à 600 MHz.

Avec le HDMI 2.0, la norme devient enfin capable de gérer des écrans 4K à plus de 24 images par secondes. Le maximum autorisé pour le moment est un flux 4096 × 2160p à 60 Hz. Mais ce n’est pas tout. Le HDMI 2.0 fait aussi évoluer la qualité de l’image transmise avec la gestion d’un espace colorimétrique encore plus étendu (le Rec. 2020).

Image 3 : Tour d'horizon des connectiques vidéo

Téléviseur LG 40UF671V TV LED UHD 4K 102 cm

Côté audio, de grosses évolutions sont aussi faites. Alors que toutes les versions précédentes ne prévoyaient que 8 canaux audio, le HDMI 2.0 aménage 32 canaux audio, afin d’accommoder les derniers formats comme le Dolby Atmos. Bizarrement, la fréquence d’échantillonnage audio maximale est doublée à 1536 kHz, sans que la bande passante dévolue à l’audio évolue. Autrement dit, le HDMI 2.0 peut faire passer un flux audio mono 24 bits 1536 kHz, ou stéréo 24 bits 768 kHz, ou huit canaux 24 bits 192 kHz (comme avant) ou trente-deux canaux 24 bits 48 kHz.

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Le HDMI 2.0 ajoute quelques fonctions sympathiques. Il peut notamment véhiculer deux flux vidéo vers un même écran. Le cas typique d’utilisation serait l’affichage simultané des vues de deux joueurs concurrents. De même, le HDMI 2.0 sait transmettre jusqu’à 4 flux audio différents, ce qui permet à plusieurs personnes de visionner un même film en autant de langues différentes.

Depuis avril dernier, le HDMI 2.0 n’est plus la toute dernière version de la norme. Cet honneur revient au HDMI 2.0a, qui se distingue par un seul point : la compatibilité avec les contenus HDR qui sont appelés à se multiplier dans les années qui viennent.

Le concurrent DisplayPort

En 2006, alors que le HDMI renforçait sa mainmise sur nos salons, la Video Electronics Standards Association (VESA) révèle une norme apparemment concurrente, le DisplayPort. Plus récent, le DisplayPort débarque avec de gros avantages techniques (comme une bande passante de 8,6 Gbit/s contre 4,95 Gbit/s pour le HDMI à l’époque) et commerciaux : il s’agit d’un standard ouvert, libre de droits, alors que le HDMI implique des royalties conséquentes.

Malgré cela, la volonté des fabricants à fait que HDMI et DisplayPort ont coexisté jusqu’à aujourd’hui, le premier gardant sa spécialité « home cinema », le second s’installant progressivement dans l’univers PC.

Image 5 : Tour d'horizon des connectiques vidéoLe connecteur HDMIImage 6 : Tour d'horizon des connectiques vidéoLe connecteur DisplayPort

Pourtant, les deux normes ont de grandes similitudes. Leurs connecteurs, par exemple, ont une allure si proches qu’on peut les confondre. Celui du HDMI contient 19 contacts ; celui du DisplayPort en compte 20. Le plus gros défaut du DisplayPort est qu’il est incompatible avec le HDMI. Les deux sont irréconciliables : quand le HDMI envoie un signal TMDS, le DisplayPort préfère le LVDS (Low Voltage Differential Signaling).

Le DisplayPort 1.0 ratifié en mai 2006 a très rapidement été suivi du DisplayPort 1.1, sorti en avril 2007. Tous deux offrent la même bande passante mais le second ajoute le support du HDCP en plus du système de protection natif au DisplayPort, le DPCP. Avec 8,64 Gbit/s, le DisplayPort offre les mêmes capacités que le HDMI 1.3 : affichage en Full HD à 60 ou 120 images par seconde, audio simultané, etc. Il est également compatible avec les flux vidéos 3D, (1080p 60 Hz par oeil) mais dans un seul format.

En 2009, le besoin d’une plus grande bande passante se fait sentir et la VESA dévoile le DisplayPort 1.2 – une norme qui est encore celle utilisée aujourd’hui sur la quasi totalité des produits DisplayPort. Il faut dire que le DP 1.2 était visionnaire, future proof même, comme on dit outre Atlantique. Sa bande passante était doublée pour atteindre 17,28 Gbit/s, presque autant que le HDMI 2.0 sorti quatre ans plus tard et 70 % de mieux que ce dont le HDMI de l’époque était capable. Le DisplayPort tirait alors parti de la présence de non pas trois, mais quatre canaux de données dans son câble. Grâce à cette réserve de débit, le DP 1.2 permet de nombreuses choses, comme l’affichage sur un écran 4K à 60 images par seconde.

Mais le standard va beaucoup plus loin encore. Il définit un mode MST (Multi Stream Transport) afin de transporter plusieurs flux vidéos  destinés à un même écran ou à plusieurs sur un seul câble DP. Le maximum de flux différents est de 63. En pratique, le MST fut surtout utilisé par les premiers écrans 4K : la dalle était divisée en deux, chaque moitié recevant un flux.

Le DisplayPort 1.2 ajoute également la compatibilité avec les nombreux formats 3D prévus par le HDMI – jusqu’à 1080p 120 Hz par œil – et la gestion de nombreux espaces colorimétriques étendus (DCI P3, Adobe RGB, xvYCC). Côté audio, les formats multicanaux compressés des Blu-ray (Dolby TrueHD, DTS HD MA) sont de la partie.

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Avec le DisplayPort 1.2 apparaît aussi la possibilité de transporter, en plus de flux vidéos et audio, un flux de données sur le même câble. La chose était prévue dès l’origine, pour les échanges de données de protocole entre deux appareils DisplayPort, mais à un débit ridicule de 1 Mbit/s. Ce canal auxiliaire est transcendé par le DisplayPort 1.2 et monte à 720 Mbit/s (half duplex). De quoi partager un lien USB 2.0 et récupérer l’image et le son d’une webcam et d’un micro embarqués dans l’écran, sans connexion supplémentaire. Enfin, le DisplayPort 1.2 définit un nouveau connecteur, le mini DisplayPort, très largement utilisé, notamment par Apple.

En mai 2014, la VESA a mis à jour sa spécification. Le DisplayPort 1.2a ajoute une fonction qui n’est réellement apparue sur le marché que cette année : la technologie AMD FreeSync, rebaptisée pour l’occasion VESA Adaptive Sync.

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Asus MG279Q

En septembre 2014, la norme DisplayPort 1.3 a été annoncée comme finalisée. Un an plus tard, elle n’est toujours pas appliquée, mais cela n’enlève rien à ses qualités intrinsèques. Le DP 1.3 ajoute une troisième vitesse de transfert, le HBR3 qui atteint 32,4 Gbit/s (soit effectivement 25,9 Gbit/s, une fois pris en compte l’encodage 8b/10b). Avec ça, il devient possible de piloter un écran 5K à 60 Hz, ou un écran 4K à 120 Hz. Le DP 1.3 sera également adapté aux écrans 8K, moyennant des concessions. Il faudra alors employer soit un sous-échantillonage des couleurs (4:2:0), soit une compression destructive en temps réel comme la DSC. 

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Quel câble pour tout ça ?

La force du HDMI ? La compatibilité !

On le voit la route fut longue et accidentée pou le HDMI, mais tout au long de sa carrière, l’interface a su conserver le même connecteur et la même technologie sous-jacente. Un téléviseur HDMI 2.0a de 2015 peut ainsi accepter un lecteur Blu-ray HDMI 1.2 de 2005. Les seules incompatibilités à souligner concernent la bande passante des dernières normes, non tolérée (en tout cas non garantie) sur les premiers câbles ou une fonction annexe comme le HEC, qui nécessite un câblage non présent au départ.

Image 10 : Tour d'horizon des connectiques vidéo
Le forum HDMI a d’ailleurs pris soin de développer un programme de certification des câbles afin d’éviter des soucis aux clients. Trois catégories sont définies :
– la catégorie 1, qui regroupe les câbles dits « Standard » testés pour délivrer une bande passante de 2,25 Gbit/s. Ils ne sont virtuellement plus distribués aujourd’hui
– la catégorie 2, dite « High Speed » apparue avec le HDMI 1.3, qui est garantie pour 10,2 Gbit/s. Ces câbles supportent toutes les révisions de la norme et se vendent à partir de 1 € le mètre… on aurait donc tort de se priver !
– la catégorie 3, ou « Premium ». Toute nouvelle, cette estampille est attribuée aux valeureux câbles capables de transférer les 18 Gbit/s du HDMI 2.0.

Il y a quelques nuances supplémentaires. Parlons notamment de la coexistence de câbles HEC et non-HEC, dans les trois catégories ou encore du cas particulier des câbles HDMI pour l’automobile qui sont dotés d’un connecteur distinct.

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En dehors de ces exceptions, la règle est simple : n’importe quel câble HDMI à 6 €, suffit. Seuls les possesseurs d’écrans UHD devront prendre garde  à investir dans un câble « Premium High Speed » certifié 18 Gbit/s.

Le câble DisplayPort 1.3 n’existe pas !

Du côté DisplayPort, la situation est encore plus simple : il n’y a tout simplement aucun label distinguant un câble 1.0 d’un câble 1.3. Tous possèdent le même câblage et les progrès réalisés sur la bande passante sont uniquement dus aux contrôleurs. Théoriquement, on peut donc acheter un câble les yeux fermés et profiter de toutes les fonctionnalités offertes par les révisions successives du standard. En pratique, il est tout à fait possible (et logique) que certains fabricants apportent plus de soin à leurs câbles. L’utilisateur peut alors y gagner des débits stables sur une plus grande longueur.

Thunderbolt, USB C… quand le DisplayPort joue au coucou

Le standard vidéo universel

En 2011, deux années après l’arrivée du DisplayPort 1.2, alors que l’interface a bien pris sa place sur le marché, Intel et Apple dévoilent le Thunderbolt. Ce bus à très haute vitesse est intimement lié au DisplayPort parce qu’il en utilise le connecteur et le protocole pour transférer un flux vidéo en parallèle d’un flux de données. Apple économise ainsi de place sur ses machines et Intel promet un avenir où un seul câble permet de relier un PC, non seulement à un écran, mais aussi à tous ses périphériques.

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L’histoire en a voulu autrement, le Thunderbolt étant resté beaucoup trop cher pour vraiment s’imposer sur le marché. Mais l’idée a fait son chemin et elle a abouti à la création des modes alternatifs sur l’USB 3.1.

Les USB Alt Mode prévus dans la définition de l’USB 3.1 et du connecteur USB type C aménagent la possibilité de faire transiter sur un câble USB d’autres protocoles, en plus de l’USB. Le cas qui nous intéresse ici est la possibilité de véhiculer sur un même câble des données USB 3.1 et/ou un flux vidéo DisplayPort. Les deux standards sont heureusement très proches. Tous deux utilisent quatre paires de fils pour la transmission des données. Les appareils compatibles sauront alors allouer tout ou partie des lignes d’un câble USB Type C à un flux DisplayPort. Tout, si l’écran nécessite la totalité de la bande passante (comme un écran 4K à 120 Hz). Une partie seulement si l’écran est plus modeste. Ainsi, avec un simple écran Full HD, on peut conserver une liaison USB 3 à 5 Gbit/s.

Image 13 : Tour d'horizon des connectiques vidéoSchéma des 24 contacts du connecteur USB C.

Mieux encore : le connecteur USB Type C possédant des contacts supplémentaires réservés pour l’USB 2.0, on bénéficiera toujours d’un lien relativement rapide, même sur un écran absorbant toute la bande passante du DisplayPort. Et, pour compléter la vision d’un unique câble universel, l’USB type C est également compatible USB Power Delivery, c’est-à-dire qu’il peut servir à alimenter un appareil, avec une puissance allant jusqu’à 100 W.

Des adaptateurs pour le HDMI

En grimpant sur les épaules de l’USB, le DisplayPort pourrait donc facilement s’imposer comme l’interface vidéo universelle. Pourtant, il n’existe encore aucun téléviseur USB C. Heureusement, pour l’utilisateur final, la cohabitation entre HDMI et DisplayPort n’a pas été complètement oubliée par les promoteurs du format.

Malgré les différences techniques entre les deux interfaces, il existe des solutions permettant de brancher un écran HDMI sur une source DisplayPort. La première est l’existence de port DisplayPort Dual Mode, ou DP++. Ces ports détectent la nature de l’écran qui leur est connecté et peuvent alors envoyer, soit un signal DisplayPort, soit un signal HDMI. Le Dual Mode est la solution idéale puisqu’il ne nécessite pas d’adaptateur actif : toute la conversion est faire sur l’appareil source et il suffit d’un adaptateur mécanique passif pour transformer le connecteur DP en un connecteur HDMI.

Un câble mini-DisplayPort/HDMI

A défaut d’un connecteur DisplayPort Dual Mode, il faut recourir à un convertisseur actif. Le câble DP-HDMI contient alors l’électronique requise pour convertir le LVDS en TMDS.

Depuis 2013, les ports Dual Mode sont compatibles HDMI 1.4. La compatibilité avec le HDMI 2.0 est prévue dans la norme DisplayPort 1.3. Il devrait même exister à court terme des adaptateurs USB type C vers HDMI.

Le cas des smartphones

MH, le HDMI des smartphones

Voilà tracée à grands traits le paysage des interfaces utilisées à l’heure actuelle pour brancher son téléviseur à un lecteur Blu-ray, une box, un PC, un smartphone… euh, non attendez, ça ne marche pas sur les smartphones !

Depuis que les téléphones mobiles ont fusionné avec les baladeurs audio/vidéo, il est devenu logique de vouloir projeter sur sa grande télé les films stockés sur son smartphone. Cette belle idée s’est vite heurtée au manque de place disponible sur ces appareils. Ils ne sont dotés que d’un seul port, qui doit déjà servir à les recharger et à transférer des données dessus. A l’exception d’Apple, tous les smartphones utilisent pour ce faire un port micro USB (devenu USB type C sur les plus récents modèles). Qu’à cela ne tienne ! Les constructeurs et les promoteurs du HDMI ont mis au point une solution : le MHL.

MHL, ou Mobile High-Definition Link est un standard définissant un moyen de faire passer un flux vidéo HD, 8 canaux audio et l’énergie nécessaire à recharger l’appareil source. L’implémentation typique du MHL met en oeuvre :

  • un port micro USB sur l’appareil source
  • un port HDMI compatible MHL sur l’appareil récepteur.

Toutefois, la norme ne définit pas un connecteur précis et aurait pu donc être appliquée sur d’autres formats.

Image 14 : Tour d'horizon des connectiques vidéo
Le MHL existe en trois versions. Le MHL 1.0 a grosso modo les mêmes capacités que le HDMI 1.2 : vidéo Full HD (60 images par seconde), audio 8 canaux, HDCP 1.4. Un récepteur MHL 1.0 (comme un téléviseur) peut également alimenter la source (comme un smartphone) avec une puissance de 2,5 W. Le MHL 2.0 monte les caractéristiques au niveau du HDMI 1.3 en ajoutant la capacité d’afficher des formats 3D. La puissance disponible passe également à 4,5 W minimum (et 7,5 W maximum).
Le MHL 3.0 parachève la série et supporte l’affichage en 4K (à 24 images par seconde) et pousse la puissance à 10 W. Notons également la gestion de plusieurs affichages, qui partagent soit le même contenu, soit un contenu différent.

Une dernière version a été annoncée, qui n’a pas encore atteint le stade de la commercialisation : le super MHL. Elle est conçue non pas pour la 4K, mais la 8K à 120 images par seconde. La bande passante brute sera de 36 Gbit/s, et pourra être virtuellement augmentée jusqu’à 108 Gbit/s grâce au recours à une compression en temps réel du flux vidéo, (la DSC).

Les promoteurs du MHL mettent en avant le nombre de 750 millions d’appareils compatibles. Toutefois, force est de constater que le standard est délaissé par les constructeurs. Samsung, notamment, après avoir inclus le MHL sur tous ces modèles haut de gamme jusqu’à l’an passé, l’a supprimé des Galaxy S6 et Note 5. Parmi les haut-de-gamme actuels, seuls les Xperia Z4 de Sony sont restés fidèles.

Slimport, l’ennemi discret

Image 15 : Tour d'horizon des connectiques vidéoConcept d’une tablette Slimport affichant sur un téléviseurSlimport est une marque déposée par la société Analogix. Il s’agit de l’équivalent du MHL sur une base DisplayPort. Analogix a travaillé avec la VESA pour faire incorporer sa technologie au sein du standard DisplayPort. Slimport est ainsi le nom commercial du standard MyDP. Comme le DisplayPort, il s’agit donc d’une technologie libre de droits.

La promesse est similaire à celle du MHL : pouvoir visionner sur un grand écran (téléviseur, moniteur) le contenu d’un appareil mobile, comme un smartphone. Pour ce faire, ce dernier doit être équipé d’une puce Analogix réalisant toutes conversions nécessaires. Il suffit ensuite de relier le smartphone à l’écran via un adaptateur (passif) adéquat. 

Le premier téléphone compatible fut le Nexus 4 de Google. Le Nexus 5 et la tablette Nexus 7 ont suivi, tout comme les LG G3, G4 ou V10.

L’avenir : plus de câbles ?

« PNC aux portes. Désarmement des toboggans. Vérification de la porte opposée. » Notre tour d’horizon des principales connectiques vidéos en 2015 touche à sa fin. Nous vous remercions d’avoir voyagé en notre compagnie et nous espérons vous revoir bientôt lire nos lignes. Mais avant de vous laisser partir, quelques pensées.

Quel est l’avenir de ces technologies ? On l’a dit, le HDMI tout comme le DisplayPort sont bien adaptés aujourd’hui à la diffusion sur des écrans 4K. En revanche, la 8K leur pose problème. Il n’a manifestement pas été possible d’augmenter suffisamment la bande passante de ces interfaces tout en maintenant la compatibilité avec les anciennes générations. Du coup, la gestion de la 8K se fera en sacrifiant (un peu) la qualité d’image, par des artifices de compression. Certes, il s’agit d’un problème très hypothétique et lointain dans la mesure où le consommateur vient à peine de découvrir les écrans 4K. L’industrie a encore quelques années devant elles avant que la compatibilité 8K soit indispensables. D’ici là il nous paraît très probable que les normes actuelles soient remplacées.

Image 16 : Tour d'horizon des connectiques vidéo

A plus court terme, aussi bien DisplayPort que HDMI sont menacées par les technologies sans fil. Avec l’arrivée prochaine d’émetteurs WiFi ad (ou WiGig), ce sont environ 7 gigabit/s qui peuvent être transmis sans aucun branchement. Un débit suffisant pour des écrans Full HD et quelques périphériques pas trop gourmands. Associé aux nouvelles techniques de recharge par induction ou par résonance magnétique, le WiFi ad promet de supprimer tous les fils que l’on a l’habitude aujourd’hui de brancher sur un PC portable lorsqu’on l’utilise à son bureau. Intel a déjà fait des démonstrations dans ce sens – un concept que la société a baptisé le Wireless Docking.

Image 17 : Tour d'horizon des connectiques vidéoConcept du Wireless Docking selon Intel

Du côté des smartphones, le recours au sans fil est encore plus naturel et d’ailleurs, le succès de la clé HDMI Google Chromecast explique sans doute la disparition du MHL des derniers smartphones Android Nexus.

Malgré tout, il existera toujours des situations où un câble est préférable à un émetteur radio. HDMI et DisplayPort devraient rester avec nous encore quelque temps, quitte à se fondre toutes les deux dans un câble universel, comme l’USB type C.

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