Nvidia lance GeForce Now, le cloud gaming de 0 à 5,49 euros par mois

Échafaudé dès 2013, le service de “cloud gaming” de Nvidia sort aujourd’hui de sa phase bêta et vient notamment titiller Google Stadia, avec une offre gratuite et une formule à 5,49 euros par mois.

Conçu à l’origine pour son propre boîtier Shield, puis étendu à des clients PC, Mac et Android, le service GeForce Now de Nvidia a connu un long développement, avec une phase bêta prolongée visant à en affiner les performances. Le PDG de la marque au caméléon, Jen-Hsun Huang, ne l’avait pas caché lors de l’annonce des résultats financiers, en mai 2017 : « il nous faudra encore des années pour trouver le juste équilibre entre le coût d’une telle plate-forme et la qualité du service ». Une manière de rappeler que l’on n’improvise pas un tel service de virtualisation de PC dans le cloud, même lorsque l’on produit directement l’un de ses composants-clés – la carte graphique. Une leçon que Google Stadia aurait pu écouter, à en juger par les couacs à son lancement. 

Image 1 : Nvidia lance GeForce Now, le cloud gaming de 0 à 5,49 euros par mois

La version bêta et en accès fermé de GeForce Now aura permis à plus de 300 000 personnes, dans 30 pays différents, de s’adonner à plus de 70 millions d’heures de jeu cumulées. De quoi tester amplement la stabilité du service, et surtout sa capacité à se rééquilibrer en fonction du débit de la connexion Internet. Car c’est le nerf de la guerre, en matière de cloud gaming : en “externalisant” tous les composants nécessaires à un PC de compétition, c’est-à-dire en déléguant à une source distante tous les calculs, le rendu vous est forcément acheminé par le Net. Et sa qualité dépend donc de votre débit

Dans les conditions d’utilisation du service, Nvidia recommande “une connexion Internet d’au moins 15 Mb/s pour un affichage en 720p à 60 images par seconde et d’au moins 25 Mb/s pour un affichage en 1080p à 60 images par seconde. Vous devrez par ailleurs utiliser une connexion Ethernet filaire ou un routeur sans fil 5 GHz. Si votre MacBook ou votre PC portable n’est pas équipé de port Ethernet, vous devrez utiliser un adaptateur Ethernet”. En clair, mieux vaut disposer d’une connexion filaire Fibre ou VDSL2.

Une offre gratuite ou premium à 5,49 euros par mois

Vous craignez de ne pas être éligible ? Pas de panique : c’est l’une des bonnes nouvelles de son lancement, GeForce Now se décline en une version gratuite et une formule “Fondateurs” à 5,49 euros par mois (pendant 12 mois, sans engagement). Cette dernière s’accompagne même d’une période d’évaluation de trois mois : en clair, le premier prélèvement de 5,49 euros ne s’effectuera qu’au bout de 90 jours, si vous n’avez pas résilié avant. De quoi vous figurer très concrètement la qualité du service, pour votre propre usage, sans débourser un centime. 

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C’est une stratégie très agressive, ni Google Stadia (9,99 € par mois) ni Shadow (14,99 € par mois) ne disposent à l’heure actuelle d’une version d’évaluation gratuite. C’est en revanche le cas de Sony PS Now, tandis que Microsoft Xbox Game Pass est à un euro pour le premier trimestre. Deux services toutefois un peu différents de l’offre de Nvidia ou Google, puisqu’ils sont essentiellement circonscrits au catalogue de chacun de ces éditeurs. Rappelons que GeForce Now est un service de cloud gaming : il met à votre disposition les ressources nécessaires pour faire tourner des jeux que vous aurez achetés au préalable, et rien d’autre. Il est compatible avec de très nombreuses plates-formes de jeux dématérialisés, comme Steam, Battle.net, Uplay ou Epic Game Store. Nous reviendrons dans un instant sur la prise en main et la manière de lancer vos titres préférés.

Dans ses deux formules, GeForce Now est compatible avec un large éventail de plates-formes et dispose d’un client Windows, macOS, Android, Smart TV et Shield, prochainement rejoints par les Chromebooks. Dans tous les cas, vous profiterez au maximum d’une définition Full HD à 60 images par seconde. La différence tient en trois points : la durée d’une session, le temps d’attente avant de lancer une partie et l’activation ou non du RTX (ray-tracing). 

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Dans la version gratuite, vous ne pourrez ainsi jouer qu’une heure d’affilée au maximum, contre six avec la version payante. Et dans la mesure où le matériel est “partagé” entre tous les utilisateurs, Nvidia a mis en place un système de “file d’attente” afin de ne pas engorger le service. Avec la version gratuite, le temps d’attente n’est pas garanti tandis que vous profitez d’un “accès prioritaire”, selon les propres termes de Nvidia, avec la formule payante. Un adjectif un peu flou même si, en pratique, nous avons essayé cette version premium et tous nos jeux se sont lancés quasi-instantanément.

Concernant l’infrastructure matérielle de Nvidia, sans s’engager très précisément, on nous promet peu ou prou le rendu d’une GeForce RTX 2080. Une carte qui tutoie les 750 euros, tout de même ! En réalité, il semblerait que ce soit des clusters de Tesla RTX T10-8 qui alimentent le service. Équipées de 24 Go de mémoire GDDR6 et embarquant 4608 unités de calcul, ces cartes pro custom seraient ainsi partagées entre trois utilisateurs environ selon nos propres spéculations – d’où le système de file d’attente afin de garantir des performances équivalentes, à débit égal, entre tous les joueurs. Ce qu’il faut retenir avant tout, c’est le fait que le service tourne sur une architecture Turing, avec des coeurs dédiés au calcul du ray-tracing : dans sa formule payante, GeForce Now propose donc un tel rendu pour tous les titres compatibles. Avec la version gratuite, on se contentera d’un rendu standard, sans RTX.

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Nvidia GeForce Now, comment ça marche ?

Après avoir téléchargé le client GeForce Now pour la plate-forme de votre choix et après vous être authentifié, vous accédez à votre bibliothèque de jeux. Compatible avec la plupart des plates-formes du marché, le service de Nvidia reconnaît à l’heure actuelle un bon millier de titres. Dont 400 environ sont même préinstallés sur la plate-forme et se lancent quasi-instantanément dans leur dernière version, avec toutes les mises à jour de rigueur.

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Concrètement, l’exercice oblige tout de même à une petite gymnastique. Dans le champ de recherche du client GeForce Now, vous devez saisir le nom d’un jeu que vous souhaitez lancer (et que vous avez donc déjà payé). Il y figure ? Tant mieux : cliquez sur le bouton pour l’ajouter à votre bibliothèque. Il n’y est pas ? Impossible de l’intégrer par vos propres moyens : vous êtes invité à solliciter Nvidia pour les encourager à l’ajouter au catalogue, ce qu’ils promettent de faire à intervalles réguliers. Pour vous faire la main, sachez que GeForce Now comprend de nombreux free-to-play issus de Steam, dont … ceux que nous vous conseillons dans notre guide des 50 meilleurs jeux gratuits, fraîchement réactualisé. 

Dans tous les cas, le moteur de recherche est publiquement accessible, n’hésitez pas à vérifier la présence de vos jeux préférés. Tous les grands titres incontournables y figurent, même si quelques absences significatives sont à signaler. Aucun Grand Theft Auto, par exemple, ni Dragon Ball FighterZ pour les amateurs du genre ni de nombreuses pépites indés, comme Shovel Knight ou Return of the Obra Dinn. Encore que ces derniers titres n’ont pas besoin d’un tel arsenal technologique pour bien tourner. 

En cliquant ensuite sur la vignette de l’un de vos jeux, vous lancez un test de connexion puis la plate-forme correspondante apparaît à l’écran. C’est l’une des différences avec Shadow, par exemple, qui est un service de “cloud computing” et non de “cloud gaming” : dans la solution française, vous administrez une machine virtuelle complète sous Windows 10. Vous devez donc installer vous-même Steam puis chacun de vos jeux, en surveillant l’espace disque. Avec GeForce Now, ce n’est pas le cas : vous n’êtes pas limité en place et vous ne visualisez nullement la session Windows sous-jacente. Seule votre boutique d’application occupe tout l’écran et vous êtes d’ailleurs invité à vous y authentifier pour retrouver vos achats. 

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En clair, vous recherchez Dead By Daylight, par exemple, puis vous l’ajoutez à votre bibliothèque de jeux. Vous cliquez sur sa vignette pour le lancer et vous vous authentifiez auprès de Steam, afin de vérifier que vous l’avez déjà bien acheté. Avec l’édition premium, le jeu se lance dans la foulée tandis que vous devez attendre un temps variable avec la formule gratuite, en fonction de l’affluence côté serveur (il est possible de la vérifier en temps réel, sur le site de Nvidia). Pour des titres plus exigeants graphiquement et surtout compatibles avec la technologie, comme Metro Exodus ou Wolfenstein: Youngblood, les utilisateurs payants profitent en prime d’un rendu RTX.

Le rendu en pleine partie

Vous avez l’habitude de lancer régulièrement le même jeu ? Il est possible de créer un raccourci sur le bureau afin d’enchaîner l’ensemble des opérations : le lancement du client GeForce Now, l’authentification auprès de la plate-forme d’achat et le chargement du jeu correspondant. Vous souhaitez relancer rapidement un jeu auquel vous aviez déjà joué ? Reportez-vous à votre bibliothèque, sur le client GeForce Now et vous le lancez en un clic. En définitive, les premiers pas sont un peu pénibles, puisque vous devez vous authentifier auprès du service de Nvidia puis de chacune des plates-formes, mais une fois ces précieux sésames enregistrés, l’opération est plus souple.

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Nous avons ainsi essayé plusieurs titres sur le client Windows installé sur un vieux PC portable, avec un Core i5 et iGPU intégré. Avec une connexion Fibre optique (865 Mbps) en Ethernet, le résultat est franchement très prometteur : on a quasiment l’impression de jouer sur un PC local, et les pertes de framerate sont rares. Le rendu est souvent bluffant, surtout sur des plates-formes anciennes ou atypiques, qui découvrent ces conditions hors-normes pour la première fois. Seuls des titres ultra-précis et rigoureux, comme PlayerUnknown’s Battlegrounds ou d’autres Battle Royale, manqueront peut-être de finesse pour les plus exigeants.

En passant en Wi-Fi (40 Mbps), les premiers artefacts apparaissent, avec quelques rares baisses de qualité liées à la compression vidéo. La mention “forte perte de paquets” ou “connexion instable” apparaît parfois à l’écran, mais globalement la latence reste très correcte pour beaucoup de titres d’action-aventure.

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Avec un mobile Android et en Wi-Fi (45 Mbps), le rendu est globalement excellent. Le client est intuitif et pratique, avec votre bibliothèque facilement accessible, et la connexion s’opère rapidement. Les jeux supportent les gamepads Bluetooth et des sticks et boutons virtuels peuvent apparaître en surimpression sur l’écran, pour manipuler directement votre mobile. Le basculement d’un client à l’autre s’effectue très naturellement. En pleine partie sur votre smartphone, si vous lancez GeForce Now sur votre PC puis que vous sélectionnez le même jeu, vous retrouvez en quelques secondes l’action. C’est pratique, et ça fonctionne bien.

Avec une connexion 4G erratique (8 Mbps), rien n’y fait : on patauge en pleine bouillie de pixels, avec d’incessantes saccades. Mais un avertissement nous en avait dissuadé, à l’issue du test de connexion, et Nvidia ne s’est nullement engagé à la prise en charge de débits aussi bas.

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GeForce Now, un service à essayer dès aujourd’hui

Par ses excellentes performances, ses trois mois gratuits, son large catalogue ouvert et son tarif agressif, le cloud gaming de Nvidia nous a emballés. Le lancement de GeForce Now ne semble donc pas précipité et s’inscrit sur de solides bases, d’autant plus qu’il offre une grande liberté aux utilisateurs en les laissant directement accéder à la plupart des jeux qu’ils ont déjà payés. Et évidemment si un nouveau titre vous fait envie, vous pouvez l’ajouter à votre bibliothèque et utiliser le navigateur de Steam ou d’Epic Game Store pour procéder à son achat. 

Alors évidemment, pour profiter de la meilleure expérience possible, il vous faudra une sérieuse connexion Internet. Mais la longue phase bêta semble avoir permis aux ingénieurs de Nvidia de roder de premiers éléments de QoS, afin d’adapter dynamiquement le rendu. C’est le nerf de la guerre, Shadow a notamment investi beaucoup en R&D afin d’affiner le service à ce niveau. Il n’en reste pas moins que la pépite française a décidé de décaler les offres Ultra (29,99 € par mois) et Infinite (49,99 € par mois) qu’elle nous avait promises il y a quelques semaines. Respectivement équipées d’une RTX 2080 et d’une Titan RTX, elles laissaient figurer un rendu 4K avec ray-tracing pour un PC complet. Il faudra désormais attendre 2021.

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Pour continuer de convaincre, il faudra que GeForce Now nous démontre sa stabilité une fois une sérieuse base d’utilisateurs atteinte. Quelques bémols subsistent, comme l’incompatibilité de certains titres, les premières étapes un peu fastidieuses pour lancer un jeu ou la limite d’une heure de session, pour la formule gratuite. Mais avec un compte premium à essayer gratuitement pendant trois mois, sans engagement, vous auriez tort de ne pas étancher votre curiosité.

ON AIME
✅ Les performances générales
✅ Période d’évaluation de 90 jours, sans engagement
✅ L’existence d’une formule gratuite
✅ Le catalogue large et ouvert
✅ Le RTX sur l’offre payante
✅ De multiples clients, avec une bascule rapide à chaud

ON N’AIME PAS
❌ La file d’attente, sur l’offre gratuite
❌ La session limitée à une heure, sur l’offre gratuite
❌ Premiers pas un peu fastidieux pour s’authentifier auprès de chaque plate-forme
❌ La compatibilité n’est pas immédiate avec tous les titres

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