Les smartwatch avant l’Apple Watch

Image 1 : Les smartwatch avant l'Apple Watch

Introduction

Les montres intelligentes, montres connectées ou smartwatch font partie de notre culture depuis Dick Tracy, K2000 et Star Trek. Elles nous font rêver, mais le rêve devient parfois cauchemar lorsqu’il devient réalité. Parler à son bras n’est pas toujours pratique ni souhaitable, surtout lorsque l’on se trouve dans un lieu public. Avoir un ordinateur sur son poignet est une bonne idée, mais avoir une autonomie de seulement quelques heures le rend vite peu pratique. Apple a annoncé sa solution, l’Apple Watch. La présentation était intéressante, mais il n’est pas dit que la firme réussisse là où les autres ont échoué. En attendant donc la sortie de la montre en avril, voici un récapitulatif des smartwatch qui ont marqué l’industrie.

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Plus Four Wristlet Route Indicator (1927)

Maintenant exposée à la maison de la National Trust en Angleterre, la Plus Four Wristlet Route Indicator est l’ancêtre des smartwatch. Elle montre que les ingénieurs ont tenté depuis 1927 de mettre des gadgets intelligents au poignet de l’homme. En l’espèce, elle contenait une carte avec les directions pour aller de Londres à Bornemouth ou de Londres à Édimbourg et il suffisait de la dérouler. Elle contenait aussi un module permettant d’inscrire les scores d’une partie de golf. Elle n’a jamais été produite en masse et s’est retrouvée entre les mains de quelques personnes fortunées qui ne se rendaient probablement pas compte qu’ils avaient l’un des premiers systèmes de cartes sur « smartwatch » en main.

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Pulsar NL C01 (1982)

La Pulsar NL C01 est la première smartwatch de Seiko qui a dominé ce segment durant les années 80 en multipliant les projets. Elle pouvait contenir 24 bits d’informations et elle pouvait être raccordée à une imprimante à sublimation et un slot de carte mémoire. La NL C01 est la première montre à notre connaissance disposant d’une mémoire programmable. Elle tentait ainsi de placer des composants informatiques sur le poignet d’un individu. Elle fut la base des prochains modèles de la société japonaise.

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Seiko Data 2000 (1983)

La Data–2000 se nomme ainsi parce que l’on est passé de 24 bits à 2 000 bits d’informations pouvant être stockés sur la montre qui pouvait conserver deux notes, les évènements de son agenda et une application qui servait de calculette. Au départ, Seiko a conçu un clavier qui venait se coller au poignet et qui servait à entrer le texte sur l’écran d’une définition de 4 x 10. Les informations étaient envoyées depuis le clavier à la montre en utilisant un système électromagnétique qui permettait d’écrire des informations dans la mémoire. Il a ensuite sorti une autre montre similaire, la UC 200, qui disposait d’un dock qui intégrait un clavier à utiliser sur un bureau.

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Seiko RC-1000 (1984)

La RC–1000 est la première qui s’est synchronisée avec les PC de son temps, dont les Apple II, II+ et IIe, les PC d’IBM et NEC et les Commodore C64. Cela permettait de transférer ses listes, son carnet d’adresses et des documents depuis son ordinateur à la montre. Elle disposait d’un écran matrice à point de trois lignes et 2 Ko de RAM. Elle fut par contre critiquée pour sa coque en plastique qui avait l’air trop bon marché. Seiko a donc sorti un modèle an acier inoxydable un an plus tard.

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Sinclair FM Wristwatch Radio (1985)

Entre la pléthore de montres Seiko qui ont peuplé les années 80 et 90, nous avons tenu à parler de la FM Wristwatch Radio, un prototype de la société britannique Sinclair Research qui voulait être la première radio au poignet. Il l’a conçu en partenariat avec Timex et elle contenait un écran LCD qui affichait l’heure, une enceinte piézoélectrique et un tuner FM. La batterie était dans le système de fermoir de la montre. Elle représentait à l’époque une merveille d’ingénierie. Le problème est que Sinclair passait à l’époque par une période financière difficile et il a fini par n’en produire que 11 000.

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Seiko Receptor (1990)

La Seiko Receptor est la première montre qui faisait aussi biper, ce qui marquait aussi la première intégration d’un module cellulaire. Elle pouvait afficher un court message de 16 caractères ou le numéro de téléphone de la personne qui appelait. Elle a été introduite au prix de 275 $, ce qui reviendrait à 500 $ aujourd’hui en tenant compte de l’inflation, en plus de payer un abandonnement de 12,5 $ par mois auprès de son opérateur. Elle gardait les huit derniers messages ou numéros de téléphone en mémoire, selon le communiqué de l’époque. La presse avait parlé d’une montre dont Dick Tracy aurait été fier et avait loué la simplicité de l’interface. Seiko avait limité l’impact du biper sur la batterie en ne « réveillant » la fonction que toutes les deux minutes.

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Seiko MessageWatch (1995)

La MessageWatch de Seiko est la digne successeure du Receptor. Il dispose d’un module pour biper, mais il est aussi capable d’utiliser des bandes FM pour afficher des messages en provenance des opérateurs. Il pouvait ainsi recevoir des résultats sportifs, le cours de la bourse ou la météo. Le problème est que si la fonction biper était intéressante, l’écran était trop petit pour le reste. Les messages étaient toujours limités à 16 caractères, ce qui signifiait qu’il fallait envoyer plusieurs messages pour dire le temps qu’il allait faire, par exemple. Certaines lettres s’affichaient mal et un mot ne pouvait pas dépasser les huit caractères. En plus de cela, Seiko a découvert des bugs liés au passage à l’an 2000 et au lieu de les corriger, il a simplement retiré son produit du marché.

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Seiko Ruputer (1998)

La Ruputer est la première tentative de la firme à mettre un ordinateur sur le poignet des individus. Elle intégrait un processeur 16 bits de 3,6 MHz, 2 Mo de stockage et 128 Ko de RAM, ainsi qu’une interface série et un port infrarouge. Elle embarquait un écran LCD d’une définition de 102 x 64 et elle utilisait un petit joystick jaune très laid pour commander l’interface. Il était possible d’écrire des applications en C pour la montre qui pouvait aussi être synchronisée avec un PC. Le problème est que son écran était toujours trop petit, l’interface au joystick était maladroite et la batterie non rechargeable devait être changée environ tous les trois mois ce qui n’a pas plu au grand public.

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Samsung SPH-WP10 (1999)

Les montres connectées Samsung ne datent pas d’hier. La première à avoir été présentée au public est la SPH-WP10 qui était la première montre au monde à disposer d’un module cellulaire CDMA. Destinée au marché américain, elle était destinée à servir de téléphone portable. Elle utilisait une antenne fixe placée sur le côté de l’appareil, elle pesait 50 grammes et avait une autonomie de 90 minutes en appel et 60 heures en veille. On pouvait aussi y brancher un kit mains libres. Elle coûtait dans les 700 $, ce qui représente environ 1 000 $ aujourd’hui, ce qui explique en grande partie son manque de popularité auprès du grand public.

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IBM WatchPad (1998)

IBM et Citizen se sont associés pour sortir WatchPad la première montre utilisant une distribution Linux, afin de montrer ce qu’il était possible de faire avec ce nouveau système d’exploitation. Elle intégrait un écran LCD d’une définition de 320 x 240, un module Bluetooth et un accéléromètre. Elle utilisait la version 2.4 du noyau et avait une batterie qui ne durait que quelques heures. Elle avait un processeur ARM 32 bits de 74 MHz, 16 Mo de flash et 8 Mo de RAM. Le module pouvait être utilisé en partenariat avec un lecteur d’empreinte digitale connecté à un ordinateur et qui servait à remplacer les mots de passe.

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Fossil Wrist PDA (2002)

Wrist PDA a tenté de mettre PalmOS sur le poignet des individus. Les premières versions pouvaient stocker 1 100 contacts, 5 000 listes de choses à faire, 800 rendez-vous et 350 notes. Il tentait de concurrencer le watchPad d’IBM tout en apportant un PDA sur une montre. Le problème est qu’il s’est écoulé trois ans entre l’annonce et la commercialisation du produit et que 250 $ en 2005 pour un tel appareil n’était pas facile à vendre. Il disposait seulement d’un processeur Motorola de 66 MHz et d’un écran tactile monochrome de 160 x 160. Il pouvait tout de même être synchronisé avec son PC via un port mini-USB ou un port à infrarouge. Il prenait en charge le système de reconnaissance de caractères manuscrits de Palm et un stylet était caché dans le fermoir de la montre.

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Microsoft SPOT (2004)

SPOT ou Smart Personal Object Technology a été la grande tentative de Microsoft dans ce domaine. En plus de la montre, il fallait payer un abonnement de 60 $ par an pour recevoir du contenu et il fallait payer 20 $ de plus si l’on voulait que MSN Messenger envoie à la montre ses évènements Outlook et ses messages. Le service a été interrompu par l’éditeur en 2012. Il fonctionnait dans les grandes villes américaines ou canadiennes et utilisait les fréquences FM pour envoyer des messages, à l’instar du MessageWatch de Seiko. SPOT pouvait aussi servir de baladeur numérique, mais elle ne prenait en charge que les fichiers WMA. La montre était grosse, l’autonomie était déplorable et les frais d’abonnement ont été rédhibitoires. Microsoft a mis fin au projet en 2008.

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Sony Ericsson MBW-150 (2007)

La MBW–150 de Sony Ericsson est la première smartwatch qui se rapproche le plus du concept moderne que les fabricants ont adopté aujourd’hui. Elle était destinée à se connecter à un des téléphones de la marque. Elle servait à lire les messages du smartphone ainsi qu’à contrôler son lecteur de musique. Elle vibrait aussi lorsque l’on recevait un appel et elle affichait le nom ou numéro de la personne appelant. Elle ne disposait que d’un petit écran OLED et l’interface était assez maladroite. Elle était vendue à 300 $ environ et n’a pas eu beaucoup de succès en raison de sa portée limitée.

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Samsung S9110 Watchphone (2009)

Samsung revint sur la scène des smartwatch avec son S9110. Il embarquait un module GSM, ce qui l’a rendu compatible avec beaucoup plus de réseaux que son SPH-WP10. Elle utilisait un écran tactile couleur de 1,76” d’une définition de 176 x 220. Elle intégrait 40 Mo de stockage, un grosse batterie de 630 mAh et elle utilisait un module Bluetooth pour se connecter aux téléphones de la société pour pouvoir utiliser leur connexion à Internet et afficher des données en provenance du smartphone, comme les emails, les textos ou les notifications d’appel. Elle était vendue 450 € en France. On remarque que le design du S9110 est proche du Galaxy Gear qui est sorti quatre ans plus tard.

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Pebble (2012)

Pebble reste dans l’histoire comme l’un des projets KickStarter les plus célèbres et les mieux financés. Utilisant un processeur Cortex M3 de STMicroelectronics, elle embarque 128 Ko de RAM et un écran à encre électronique de 144 x 168 qui fut l’un de ses gros arguments de vente. Elle dispose d’un gyroscope et d’une batterie de 130 mAh d’une autonomie d’environ 7 jours. Les versions KickStarter avaient 4 Mo de stockage. Les nouvelles versions en ont le double. Pebble est sans doute la première montre connectée à avoir été un réel succès commercial à 1 million d’exemplaires au 31 décembre dernier. Elle a beaucoup été critiquée pour ses fonctionnalités parfois limitées et une interface qui n’est pas toujours au point. Néanmoins, son prix de lancement de 149 $ et le fait qu’elle soit maintenant disponible à 99 $ en ont fait un succès rapide auprès du grand public.

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Sony SmartWatch (2012)

Sony SmartWatch utilisait un système d’exploitation microC/OS-II et elle était compatible avec la plupart des smartphones Android 2.1 et plus. Elle utilisait un écran OLED de 1,3 pouce d’une définition de 128 x 128 et un module Bluetooth 3.0. Sa batterie avait une autonomie d’environ 3 à 4 jours et elle représente la volonté de Sony de vouloir pénétrer ce marché en faisant appel à l’écosystème Android. Cela explique pourquoi la SmawrtWatch 3, montrée en 2014, est l’une des premières à tourner sur AndroidWear.

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Galaxy Gear (2013)

La Galaxy Gear est la première montre connectée du constructeur qui a été annoncée en grande pompe et elle est la première à intégrer autant de fonctionnalités. Elle embarque un SoC Exynos single core à 800 MHz, 512 Mo de RAM et 4 Go de stockage. Son écran 1,6 pouce Super AMOLED de 320 x 320 avait l’une des meilleures résolutions du moment et elle intégrait un capteur photo de 1,9 Megapixel capable de prendre des vidéos en 720p. La montre utilisait au départ Android, mais une mise à jour l’a remplacé par Tizen. Elle fut beaucoup critiquée en raison de sa faible autonomie, de son manque d’applications et de son manque de finition.

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Martian Passport (2013)

Martian Passport adopte un design qui se rapproche du MBW–150 de Sony Ericsson, c’est-à-dire que la fonction connectée s’ajoute à une montre traditionnelle au lieu d’essayer de repenser le concept entier. C’est aussi une montre destinée aux hommes d’affaires. Elle avait quelques fonctions intéressantes comme la possibilité de l’utiliser comme micro et enceinte pour son téléphone ou envoyer des commandes vocales à son smartphone. Le problème est que ses fonctions étaient limitées et que 300 $ pour afficher les notifications d’appel reste particulièrement cher. Elle montre en fait que le marché a beaucoup de mal à innover ces dernières années. Les fabricants cherchent à sortir de nouveaux produits, mais ils sont mal finis ou ont un rapport qualité-prix peu séduisant.

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Android Wear (2014)

Nous avons décidé de parler d’Android Wear pour regrouper les smartwatch utilisant le système d’exploitation de Google destiné à ces terminaux. Il y a eu beaucoup d’annonces, mais peu de sorties et rien de convaincant. La Moto 360, la LG G Watch, la Gear Live ou la ZenWatch se succèdent, mais beaucoup ne sont pas encore sur les marchés, les volumes sont encore très faibles et il n’y a rien de convaincant. C’est tout de même une étape importante, parce que c’est la première fois que nous avons un système qui tente de rallier toute cette industrie et il faudra attendre encore quelques années pour savoir ce qu’il en adviendra.

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Samsung Gear S (2014)

La Gear S est la première smartwatch à utiliser un écran AMOLED incurvé. Samsung tente donc de séduire le marché en utilisant de nouveaux matériaux, mais les mêmes problèmes persistent. Il faut toujours que la montre soit connectée à un téléphone Samsung récent, ce qui limite son attrait et le fait de ne pas être passé par Android Wear réduit le nombre d’applications disponibles sur la plateforme. On peut louer la présence d’un module 3G et Wi-Fi directement sur la montre et un écran de 360 x 480 magnifique, mais on a beaucoup de mal à dépasser le stade du gadget et il n’est d’ailleurs pas dit que l’Apple Watch fasse mieux…