Microsoft affiche désormais un avertissement lors de l’installation de Chrome sur Windows, incitant les utilisateurs à privilégier Edge pour des raisons de “sécurité et de confiance”, une approche critiquée comme anti-concurrentielle dans le cadre de la rivalité persistante entre les deux navigateurs.

Microsoft intensifie sa campagne pour convaincre les utilisateurs Windows d’adopter Microsoft Edge plutôt que Google Chrome, en affichant désormais un avertissement direct lors de l’installation du navigateur concurrent. Un message s’affiche désormais lors du téléchargement de Chrome, affirmant que « Microsoft Edge utilise la même technologie que Chrome, avec en plus la confiance de Microsoft ». L’éditeur de Windows, qui voulait déjà imposer Bing pour les utilisateurs de Chrome, continue à forcer.
Une stratégie agressive dans la guerre des navigateurs
Cette nouvelle approche, plus intrusive que les précédentes (notifications dans la barre des tâches ou bannières dans Bing), intervient alors que Chrome domine largement le marché (avec plus de 60 % de parts mondiales contre environ 12 % pour Edge, selon StatCounter). Microsoft justifie cette recommandation par des arguments de sécurité, performance et intégration native à Windows, Edge bénéficiant d’une optimisation spécifique pour son écosystème.
D’un point de vue technique, les deux navigateurs partagent le même moteur (Chromium), mais Edge se distingue par des fonctionnalités liées à Windows, comme le mode Efficiency ou les outils de protection contre le suivi. Certains experts soulignent cependant que les différences en matière de sécurité restent marginales, les deux navigateurs recevant des mises à jour régulières.
Microsoft critiqué pour pratiques anti concurrentielles
Cette méthode n’est pas nouvelle : Microsoft a déjà été accusé de pratiques agressives pour promouvoir Edge, comme le remplacement forcé des navigateurs par défaut lors des mises à jour de Windows 11. Les détracteurs y voient une manœuvre pour verrouiller les utilisateurs dans son écosystème, d’autant que l’avertissement apparaît au moment même où l’utilisateur tente d’installer un concurrent.
La Commission européenne et d’autres régulateurs ont déjà scruté ces pratiques par le passé. En 2023, Microsoft avait dû assouplir ses règles après des plaintes pour abus de position dominante, mais la société persiste dans sa stratégie, misant cette fois sur l’argument de la « confiance » – un critère subjectif, mais potentiellement efficace auprès des utilisateurs moins techniques.
Un combat de Microsoft faussement axé sur la performance
Alors que les écarts de vitesse ou de consommation de mémoire entre Chrome et Edge se réduisent, la bataille se déplace vers la perception de la marque. Microsoft mise sur son image d’entreprise historique, perçue comme plus fiable par une partie des utilisateurs professionnels, tandis que Google mise sur sa domination historique et son intégration avec ses services (Gmail, Drive, YouTube).
Les utilisateurs peuvent ignorer l’avertissement et installer Chrome normalement, mais cette friction supplémentaire pourrait suffire à en dissuader certains. Une stratégie qui rappelle les tactiques des années 1990, lorsque Microsoft imposait Internet Explorer via Windows – une époque qui avait valu à l’entreprise un procès pour monopole.