Spotify piraté : 300 To de musique et 86 millions de titres disponibles illégalement et gratuitement

Anna’s Archive revendique la constitution et la distribution progressive via BitTorrent d’une archive non autorisée de 300 To, regroupant les métadonnées de 256 millions de pistes Spotify ainsi que 86 millions de fichiers audio extraits en contournant les protections DRM de la plateforme.

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Anna’s Archive, plateforme de partage connue pour ses archives de livres et d’articles scientifiques, a annoncé le 22 décembre avoir constitué ce qu’elle présente comme la plus vaste base de données musicales accessible publiquement. L’organisation affirme avoir sauvegardé une portion substantielle du catalogue Spotify, métadonnées et fichiers audio compris, pour un volume total avoisinant les 300 téraoctets.

Un piratage de masse

Selon les déclarations du groupe, l’archive contient les métadonnées d’environ 256 millions de pistes, soit la quasi-totalité du catalogue référencé par Spotify. Le volet audio se “limite” à 86 millions de fichiers, une sélection que l’organisation justifie par un critère de popularité : ces morceaux représenteraient 99,6 % de l’ensemble des écoutes sur la plateforme suédoise.

La base de métadonnées inclut 186 millions d’identifiants ISRC uniques — ces codes internationaux standardisés attribués aux enregistrements sonores. À titre de comparaison, MusicBrainz, principale base de données musicales ouverte, recense un volume sensiblement inférieur.

Une qualité audio variable

L’archivage audio opère une distinction selon la popularité des titres. Les morceaux disposant d’un score de popularité mesurable ont été conservés dans leur format d’origine : OGG Vorbis à 160 kbps, le codec utilisé par Spotify pour ses flux standard. Les pistes moins écoutées ont été réencodées en OGG Opus à 75 kbps, un compromis visant à réduire l’espace de stockage requis.

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Sur son blog, le site annonce avoir “sauvegardé Spotify”. © Anna’s Archive

Cette compression implique une perte de qualité pour une partie du catalogue. Par ailleurs, Anna’s Archive précise que les contenus publiés après juillet 2025 peuvent être absents ou incomplets, la fenêtre d’extraction ayant précédé cette date.

Le téléchargement s’effectue par torrents segmentés selon la popularité des titres. Seules les métadonnées ont été intégralement publiées à ce stade. Les fichiers audio sont diffusés progressivement, en commençant par les morceaux les plus écoutés. Des pochettes d’albums et des fichiers de reconstruction audio sont annoncés pour des phases ultérieures.

Spotify réagit à ce piratage massif

Contacté par Android Authority, Spotify a confirmé enquêter sur des accès non autorisés à sa plateforme. Dans sa déclaration, l’entreprise indique avoir identifié un tiers ayant extrait des métadonnées publiques et contourné les protections DRM pour accéder à “certains” fichiers audio. Le terme “certains” contraste avec les 86 millions de fichiers revendiqués par Anna’s Archive, sans que l’écart soit explicable à ce stade.

Un positionnement juridiquement fragile

Anna’s Archive justifie l’opération par une logique de préservation culturelle. Le groupe argue que les efforts d’archivage existants, rips de CD, vinyles numérisés, communautés de torrents privés, privilégient les artistes établis et les formats haute fidélité, laissant les catalogues moins populaires vulnérables à la disparition.

Cette argumentation ne modifie pas la qualification juridique probable de l’opération. L’extraction massive de contenus protégés par DRM et leur redistribution par torrent contreviennent aux conditions d’utilisation de Spotify et aux législations sur le droit d’auteur dans la plupart des juridictions. La plateforme fait déjà l’objet de centaines de millions de demandes de retrait émanant d’ayants droit pour ses activités antérieures.

Fondée il y a trois ans, Anna’s Archive demeure accessible malgré les actions judiciaires, grâce à un système de miroirs et de domaines alternatifs. L’issue de cette nouvelle confrontation dépendra des réponses de Spotify, des labels et des instances judiciaires compétentes.