Comparatif chipsets AMD PCI Express

Introduction

Si les Athlon 64 bénéficient depuis un certain temps maintenant d’un rapport performances/prix alléchant, ainsi que d’un potentiel d’overclocking non négligeable (core Winchester notamment), reste l’épineux problème du choix du chipset. L’année dernière a en effet vu l’apparition d’un grand nombre de nouvelles interfaces sur les cartes mères, d’abord introduites sur la plateforme Intel i915/925. Une de ces interfaces était particulièrement attendue par les joueurs, le PCI Express, et plus précisément le slot X16 destiné à remplacer l’AGP. Cette attente peut paraître surprenante, car les cartes graphiques actuelles ne sont ni plus rapides, ni moins rapides au format PCI Express qu’en AGP, alors que ce premier exige le changement de la carte mère. C’est sans compter sur deux facteurs, le premier étant la disparition progressive des GPU nativement AGP chez ATI et nVidia (évolutivité de la carte mère pour plus tard). Le second est à imputer au trop grand optimisme d’ATI concernant la transition des acheteurs vers le PCI Express. Résultat : un retard énorme sur la conception du Rialto (le pont permettant de rendre une carte ATI PCI Express native disponible sur une interface AGP), qui fait que certains GPU du canadien ne sont actuellement disponibles qu’en PCI Express, et ce pour encore plusieurs semaines voir mois. Or il s’agit des plus intéressants, avec notamment le X800 XL, et le X800.


Annoncés tardivement, les chipsets AMD supportant le PCI Express ont de plus mis beaucoup de temps à se retrouver disponibles dans le commerce. Ainsi, si nos previews datent d’octobre et de novembre, seuls quelques cartes nForce 4 ont été disponibles en France pour Noël, et ce n’est que depuis quelques jours que l’on constate une disponibilité réelle des trois principaux chipsets qui nous intéressent aujourd’hui : le nForce 4, le K8T890 et l’Xpress 200. L’idée est donc de comparer comme promis ces chipsets via des cartes mères finales et les derniers drivers, afin de voir comment ils se concrétisent réellement.

Via K8T890

Le chipset


Suite à un lancement relativement chaotique et marqué par les retards (comme souvent chez VIA), le K8T890 est le seul chipset de ce comparatif auquel nous n’avons pas dédié de preview. Il s’agit cependant, du plus simple sur le papier, car associé au croulant southbridge VT8237 en lieu et place du VT8251 initialement promis. De ce changement, découle l’absence actuelle du K8T890 Pro devant supporter le DualGFX (support de deux cartes graphiques PCI Express). Egalement encore indisponible : le K8M890, équivalent à un K8T890 muni du chip graphique Deltachrome de S3 en IGP. En clair, la seule association VIA munie du K8T890 et qui est d’actualité se résume au schéma suivant :


Au niveau du lien entre le CPU et le northbridge, le bus HyperTransport est donc munie d’une largeur de 16 bits et d’une fréquence de 1 GHz au maximum, alors que du côté du lien entre le northbridge et le southbridge l’Ultra V-Link autorise 1066 Mo/s. Le K8T890 supporte 20 liens PCI Express ; sachant que 16 sont réservés au port graphique, les constructeurs de cartes mères peuvent intégrer un maximum de 4 ports PCI Express X1.

Le VT8237 gère pour sa part un maximum de 6 slots PCI, 8 USB, 4 périphériques P-ATA et seulement 2 périphériques S-ATA. Certes, il est possible d’étendre ce nombre à 4 via un PHY, mais en pratique cette solution ne semble pas retenue par les constructeurs. Le RAID est supporté via les modes 0,1, 0 + 1, JBOD et il est possible de définir ces arrays indépendamment de l’interface du disque (donc avec un disque P-ATA et S-ATA par exemple). Au niveau du son, le support n’est pas limité à l’AC’97 puisqu’en théorie il est possible de recourir au contrôleur Envy 24 PT (« Vinyl Audio »). Cette puce est réellement intéressante, puisqu’elle permet le ré-encodage en temps réel de tout signal en Dolby Digital (une fonction clef du SoundStorm de nVIDIA), l’échantillonnage en 48/96 kHZ sur 20 bits et un rapport signal/bruit sur carte mère de 90 dB. Enfin, le VT8237 supporte l’Ethernet 10/100 via un PHY, les 1000 Mbps étant possibles via un contrôleur annexe qui peut être interfacé via un lien PCI Express (et donc non bridé aux 133 Mo/s du PCI).

A noter que le K8T890 est parfaitement capable de gérer la désynchronisation de la fréquence RAM, PCI, PCI Express et Hypertransport, un point crucial pour l’overclocking des Athlon 64 qui ne peut se faire que via le FSB (hors Athlon FX).

En pratique

La principale carte K8T890 disponible est l’Asus A8V-E Deluxe, disponible à

. L’Abit AX8 commence également à arriver, un peu moins chère mais restant dans le même esprit que le modèle Asus. L’offre en matière de cartes mères est donc assez faible, et le prix reste relativement élevé vu la pauvreté du chipset que nous venons de détailler. Il reste cependant à voir les choix effectués par les constructeurs, et les possibilités des cartes mères en pratique. Pour cela nous nous sommes donc procurés l’Asus A8V-E Deluxe.


Asus a fait pas mal de travail sur cette carte pour rajouter des fonctionnalités modernes au chipset VIA. La carte supporte donc le Gigabit Ethernet (puce Marvel) mais aussi le WiFi 802.11g 54 Mb/s avec l’antenne fournie. Le codec AC’97 est géré via une puce Realtek ALC850 (8 canaux), et deux ports FireWire sont présents. Deux, c’est aussi le nombre de ports S-ATA implémentés, ce qui est pour le coup assez faible.

La plus grosse déception provient cependant du retour du ventirad sur le northbridge : jusqu’à présent, Asus avait eut la bonne idée de miser sur des design sans ventilateurs sur la quasi-totalité de ses cartes mères. Seule l’A8N-SLI avait signé le retour d’un ventilateur, pouvant s’expliquer de par la proximité avec les deux cartes graphiques (et la consommation du nForce 4 SLI), limitant la taille du radiateur. La présence d’un ventirad sur le K8T890 est plus surprenante, car ce chipset est gravé en 0.15µ (relativement faible pour un chipset) et de plus l’Abit AX8 est dénuée de ventilateur. Bref, la faute en revient ici clairement à Asus, et nous parlons de faute dans la mesure où ce ventilateur tourne à 8000 rpm et sera l’ennemi de toute configuration non bruyante, sans pour autant augmenter vraiment le potentiel d’overclocking du chipset. Le remplacement de ce ventirad par un chipset passif ne pose aucun problème. Les transistors MOSFE sont pour leur part surmontés d’un radiateur en aluminium, et le VT8237R est nu.


La deuxième déception de cette carte provient d’un bios un peu en deçà de ce que nous a habitué Asus, avec notamment l’impossibilité d’ajuster le timing 1T/2T du contrôleur mémoire CPU. Bloqué à 2T d’origine, cela signifie que les performances de toute configuration basée sur l’A8V-E Deluxe ne seront pas optimales, à moins d’avoir recours à certains logiciels non fournis par ASUS ce qui est anormal.


Le seul logiciel fourni par VIA est le sympathique V-RAID, qui permet de créer une array directement sous Windows ou Linux, ou encore de gérer à la volée la transition de un à plusieurs disques durs.

ATI Xpress 200

Le chipset

Annoncé le 08 novembre 2004, nous avons déjà consacré un article entier aux possibilités théoriques offertes par l’ ATI Xpress 200. Pour résumer, la version P dénuée de core graphique reste assez standard, surtout avec le southbridge SB400. C’est malheureusement la seule configuration que l’on retrouve dans le commerce, et qui est donc assez proche du couple K8T890 + VT8237. Voir même encore un peu plus faible, via le support du seul AC’97, et le recours à deux puces externes indépendantes pour le S-ATA, interdisant notamment le RAID 0 + 1.


La version incluant l’IGP est intéressante dans la mesure où elle permet, via l’association de mémoire vidéo dédiée et de l’Hypermemory, d’obtenir les meilleures performances de ce type de solution, devant le GMA 900 (qui n’est en outre pas disponible pour Athlon 64). Nous verrons plus loin si cela permet de jouer en pratique ou pas.

En pratique

Si nous étions plutôt optimistes à l’issue de cette preview, les produits disponibles dans le commerce ou chez les fabricants sont indéniablement décevants. Aucun constructeur n’a visiblement eu recours au southbridge Uli M1573, offrant le support du HD Audio, du S-ATA II (NCQ) ou encore du RAID 0 + 1. Il en est de même de la puce Theater 550 Pro, qui offrait pourtant de belles perspectives. En effet une carte mère supportant les Athlon 64 S939, intégrant le HD Audio, un circuit graphique minimal n’empiétant pas sur la bande passante mémoire, et toutes les possibilités offertes par le Theater 550 Pro aurait clairement constituée la base ultime pour tout PC Home Cinema ou intégré !

En l’état, la seule carte mère disponible en France est la MSI RS480M2-IL. Basée sur l’Xpress 200 (IGP, la version avec circuit graphique intégré), elle est au format micro ATX.


Cette carte supporte 4 ports S-ATA, 3 ports PCI et un FireWire avec le Via VT6307. L’AC’97 est géré via le Realtek ALC 658 (6 canaux), et le réseau 10/100 par le Realtek 8100C. Et c’est tout : pas un seul port PCI Express X1, pas de chip mémoire dédié à l’IGP ou autre. La carte est cependant dénuée de ventilateur, avec un petit radiateur présent sur l’Xpress 200 (gravé en 0.13µ) mais aussi sur les MOSFET. Le bios est un des plus rustiques que nous ayons pu voir, ne permettant ni overclocking, ni réglage des paramètres fondamentaux des Athlon 64 (timing 1T/2T, fréquence Hypertransport, support du Cool&Quiet, des cœfficients multiplicateurs inférieurs à celui d’origine, etc.), ni les timings avancés de la RAM… Du coup, la carte devient assez chère pour ce quelle est, étant disponible à plus de 110 €.

Attention, si le réglage “Cool & Quiet” n’est pas disponible dans le bios de la carte mère, cela ne nous a pas empêché de l’activer sans problème sous Windows XP, via mise à jour du pilote CPU et sélection du mode d’économie d’énergie minimal.

Gênés par l’impossibilité d’overclocker cette carte, nous avons regardé du côté du générateur de fréquence embarqué : il s’agît de l’ICS 951412, un PLL particulièrement pauvre ne supportant au maximum que 229,43 MHz avec un spread spectrum à – 0,5 % (baissant la stabilité globale en répartissant la fréquence). L’overclocking de cette carte ne peut donc se faire que via modification hardware, pour un gain maximum qui sera de toute façon très limité.


On est donc assez loin des cartes de référence ATI « Bullhead » qui ont circulées lors du lancement. Résolument orientées powers users, celles-ci étaient en effet munies de bios très poussés et montaient parfois jusqu’à plus de 280 MHz de FSB, toutes en offrant le maximum des possibilités offertes par le chipset. La comparaison avec les cartes aujourd’hui disponibles laisse donc un goût particulièrement amer, la MSI n’étant rien de plus qu’une carte destinée aux OEM. Le principal problème du Xpress 200 ne réside donc pas tant dans ses fonctionnalités et capacités inférieures, puisque nous avons vu que certaines associations étaient vraiment dignes d’intérêt, mais aussi et surtout dans l’implémentation qui en est faite par les constructeurs. Au final, il n’existe donc pas de carte mère Xpress 200 intéressante aujourd’hui pour un utilisateur un tant soit peu exigeant. Gageons que cela change à l’avenir, puisqu’il n’y a pas forcément nécessité de sortir un nouveau chipset pour cela, simplement un design de carte mère optimisé.

nVidia nForce 4

Le chipset

Actuel chipset phare, le nForce 4 est la puce sur laquelle la plupart des constructeurs de cartes mère se basent pour concevoir leur modèle haut de gamme AMD, et c’est aussi ce qui participe à son intérêt. Nous vous avions présenté plus en détail ce chipset le 19 octobre, pour résumer le nForce 4 se distingue avant tout par son niveau de fonctionnalités qui est clairement au-dessus du lot : support du SATA II 2.0 (NCQ + 300 Mo/s), du SLI, d’un Firewall matériel et de l’Ethernet Gigabit. La pertinence de chacune de ces fonctionnalités varie suivant l’utilisation qui en est faite, mais aucun des deux autres chipsets ne proposent ces fonctionnalités. Malheureusement, la partie audio est laissée de côté avec le support du seul AC’97.


L’autre intérêt du nForce 4 réside dans la suite logicielle permettant de paramétrer chaque fonctionnalité, mais également d’overclocker un nombre important de réglages. Le nVraid est un bon exemple de la souplesse d’utilisation qu’il est possible d’obtenir au niveau du RAID, avec la gestion et le changement simplifié des arrays. En cas de panne de disque, une fenêtre apparaît vous montrant une photo du port S-ATA auquel est connecté le disque qui est mort. L’interface de gestion du Firewall est claire est complète, tout comme les messages d’avertissements qu’il est possible de paramétrer de manière plus souple que ceux de Windows XP SP2 par exemple. Enfin, le nTune rassemble dans une interface agréable les fonctionnalités de flash du bios, monitoring des températures/tensions/fréquences, gestion des profils, et un mode d’overclocking dynamique malheureusement peu intéressant. Tous ces logiciels rendent le nForce 4 plus convivial, et c’est aussi sur ce point qu’il se distingue.



En pratique

Les trois déclinaisons grand public du nForce 4 sont relativement bien représentées en France, les modèles nForce 4 standards se négociant entre 100 € et 115 €, contre 110 € à 170 € pour le nForce 4 Ultra et 140 € à 230 € pour le nForce 4 SLI.

Pour ce test, MSI nous a fournit sa K8N Diamond, la carte mère SLI haut de gamme du constructeur, affichée à

tout de même. Notez que toute carte mère SLI montée avec une seule carte graphique se comporte exactement comme une carte mère nForce 4 Ultra.


La fonctionnalité la plus intéressante de cette carte mère, de notre point de vue, réside dans l’intégration d’une puce audio Creative Sound Blaster Live ! 24 bits (on se souvient que la carte mère nForce 2 de MSI était aussi particulièrement soignée sur le plan APU). Répondant à la norme HD Audio, cette puce gère l’échantillonnage 96 KHz en 24 bits, et son rapport signal/bruit atteindrait un intéressant 100 dB. On trouve notamment une sortie S/PDIF coaxiale, et une seconde optique. Pour le reste, nous avons droit à un total de 6 ports S-ATA (puce Silicon Image additionnelle), 2 ports Ethernet Gigabit, 1 port PCI Express X1 (disponible uniquement si une seule carte graphique est installée), 3 ports FireWire, 10 ports USB, 2 ports P-ATA, et un ornithorynque histoire de caler tout ça dans la boîte.

Deux ventilateurs sont présents sur la carte mère : le premier surmonte le nForce 4 SLI, ce qui est logique vu que toutes les fonctionnalités du chipset sont intégrées sur une seule puce gravée en 0.15µ (pas de southbridge). Toutes les cartes nForce 4 sont ainsi munies d’un ventirad au niveau du chipset, bien que Gigabyte travaillerait sur une version dénuée de ventilateur. Le deuxième ventilateur (moulinant à 5000 rpm) se situe au niveau des MOSFET qui sont surmontés d’un radiateur et d’un heatpipe. Nous avons beaucoup de doutes sur l’utilité réelle de ce ventilateur, sauf bien sûr pour permettre au marketing d’orienter un peu plus cette carte vers les joueurs/overclockers… Un ventirad CPU muni d’un grand ventilateur, et expulsant l’air en direction du radiateur de MOSFET sera autrement plus efficace sans rajouter de bruit.


Le bios est complet tout en restant simple au niveau de l’organisation et du nombre de réglages, ce qui est appréciable car un peu contestable sur certaines cartes Asus haut de gamme comme la P5ADE-2, extrêmement complète également mais plus fouilli. A noter qu’il est impossible de limiter le FSB à 200 MHz dans le bios, puisque la carte se fixe automatiquement à 201 MHz, en synchronisant d’ailleurs la RAM et l’HyperTransport. Toujours pénible, même si MSI ne cache pas vraiment ce fait en affichant dans le bios cette valeur de 201 MHz. Evidemment, vu l’orientation de ce comparatif il était hors de question de rester à cette valeur : le recours à clockgen nous a rapidement permis de limiter le FSB à 199,8 MHz.

Le test

Rappelons avant toute chose que cette partie n’est pas la plus importante vu la plateforme visée, contrairement à ce qui peut être le cas sur plateforme Intel Pentium 4, et plus encore sur les anciennes plateformes Athlon XP. L’élément principal à l’origine de la différence de performances entre deux chipsets réside en effet dans le contrôleur mémoire, qui est pour rappel directement intégré à l’Athlon 64. C’est donc au niveau des miettes que cela se joue actuellement entre les différents chipsets AMD, même si certains de nos résultats montrent des écarts tout de même importants. Dans tous les cas, les aspects fonctionnalités et prix devraient permettre de différencier bien plus facilement les trois chipsets actuels, sauf grosse surprise.

Au niveau des tests synthétiques, nous avons essayé d’isoler au maximum les paramètres dont les performances sont plus issues du chipset en lui-même, que de son implémentation sur les cartes mères de test. Cela exclu par exemple de comparer la qualité des sorties audio, qui dépend avant tout du chip retenu par le constructeur de carte mère et de la qualité de son implantation. Ou encore le potentiel d’overclocking, tout simplement invérifiable sur la MSI RS480M2-IL et qui ne serait donc pas équitable. Tous les paramètres réglables via le bios ou des logiciels sous Windows ont été étalonnés à l’identique. Concernant l’A8VE-Deluse, le timing 1T a pu être activé via le logiciel A64 Tweaker (dont nous n’avons malheureusement pris connaissance qu’après le test des Pentium 4 6xx).

Configuration de test :

  • Athlon 64 4000+
  • 2 x 512 Mo Ballistix DDR400 2-2-2-5
  • X800 XT PE
  • Samsung SP1614C 160 Go SATA
  • LiteOn graveur 32x12x40x
  • TTGI 400W
  • Asus A8VE-Deluxe (Via K8T890)
  • MSI RS480M2-IL (ATI Xpress 200)
  • MSI K8N Diamond (nForce 4 SLI)
  • Derniers bios, drivers et utilitaires au 26/02

Performances synthétiques

CPU, mémoire

Comme prévu, les trois plateformes se sont comportées à l’identique sur le test CPU Mark 99 (303 points) et au niveau de la bande passante mémoire (5700 Mo/s, relevée via ScienceMark 2), avec des variations inférieures à 1 %. Ces deux facteurs ne sont donc absolument plus influencés par le chipset.

GPU

Un élément que nous avons tenu à mesurer ici est la vitesse d’un transfert de données via le bus PCI Express, dans le sens carte graphique vers mémoire centrale (inhabituel). Ce test consiste donc à calculer le rendu d’une image simplissime sur la carte graphique (afin de ne pas être limité par la puissance du GPU), puis de re-transférer cette image vers la mémoire centrale, afin d’évaluer le débit montant.


Surprise, le chipset a un grand rôle à jouer dans cette vitesse de transfert, et le nForce 4 propose ici une très belle performance ! Ce type d’accès n’est pas encore vraiment crucial pour les performances réelles, car jusqu’à présent les cartes graphiques AGP étaient limitées à 266 Mo/s (limite logicielle due aux lectures en mode PCI), ce qui fermait beaucoup de possibilités. Cela dit certaines applications spécifiques peuvent déjà tirer partie de cette bande passante. Evidemment, le GPU a aussi un rôle à jouer dans cette vitesse de transfert ; à titre de rappel nous avions mesuré avec ce même nForce 4 un débit de 1430 Mo/s avec une GeForce 6600 GT. Le maximum théorique du PCI Express X16 se situe quand a lui à 4 Go/s.


La X800 XT PE développe le même fillrate dans les trois cas, ce qui veut dire que sa puissance brute n’est pas bridée et qu’aucun des trois chipsets ne représente un goulot d’étranglement.

USB 2.0

Le chipset ATI Xpress 200 étant décrié à ce niveau, nous nous devions de vérifier ces accusations. Pour ce faire, nous avons tenu à rester dans le cadre d’une utilisation normale, bien qu’assez exigeante : le transfert d’un fichier de 2,6 Go situé sur un disque dur externe de 20 Go, vers le disque interne Samsung. Commençons par le temps mis pour effectuer ce transfert (le meilleur score étant donc le plus faible) :


Nous avons également relevé le taux d’utilisation CPU pendant ce transfert. Le plus bas est cette fois celui du nForce 4 (2 – 15 %), suivi de près par le K8T890 (4 – 19 %) alors que l’Xpress 200 est assez loin derrière (25 – 38 %). Les différences sont donc ici assez marquées, et l’Xpress 200 a effectivement un vrai problème à ce niveau avec un taux d’occupation CPU anormalement élevé, pour un débit faible. Ce problème n’est toutefois pas trop gênant en pratique vu les utilisations usuelles de l’USB 2.0, sauf si vous transférez régulièrement de gros fichiers vers un disque externe tout en exécutant d’autres applications donc.

S-ATA

Nous avons ici vérifié les performances du contrôleur SATA du chipset, avec tout d’abord un test très spécifique : la vitesse maximale de transfert entre le cache du disque et le chipset. A titre d’information, nous mesurions 113 Mo/s avec le Samsung SP1614C sur plateforme i915.


L’ATI Xpress 200 est en retrait, pour une raison simple : ses deux contrôleurs S-ATA sont interfacés via un bus PCI, car ATi a préféré inclure des contrôleurs Silicon Image. Par rapport à une solution native, la différence se ressent donc sur ce type de test. Toutefois, cela ne se ressent nullement sur le débit par exemple, avec 60,5 Mo/s mesurés dans les trois cas.

Afin de voir si les contrôleurs S-ATA jouent un rôle dans une utilisation plus classique, nous avons soumis les disques à des accès aléatoires incessants via IOMeter.


Cette fois c’est le K8T890 qui ferme la marche, alors qu’au contraire le nForce 4 reste en tête. Si l’on regarde du côté de l’utilisation CPU, on constate que c’est encore une fois le nForce 4 qui est le moins pénalisé avec 0,23 %. Le K8T890 atteint 0,45 %, et l’Xpress 200 finit dernier avec 0,67 %. Certes, tous ces taux restent très faibles et donc négligeables pour une utilisation classique. Mais dans le cas d’accès séquentiels sur un RAID 0 de 4 disques, ces taux seraient moins négligeables alors que la hiérarchie resterait inchangée.

Au final le meilleur contrôleur S-ATA est donc clairement celui du nForce 4, suivi tantôt du K8T890, tantôt du Xpress 200.

P-ATA

Nous avons ici simplement vérifié que le contrôleur P-ATA des trois chipsets ne limitait pas le débit, en mesurant le taux de transfert d’un CD-ROM via le graveur LiteOn 32x12x40x. En effet, l’utilisation du P-ATA se réserve aujourd’hui surtout aux lecteurs optiques.


Les trois débits mesurés sont identiques (tous comme les temps d’accès), ce qui est assez logique vu les faibles valeurs atteintes par un lecteur optique et la similitude des contrôleurs P-ATA des trois chipsets.

Tests pratiques

Commençons ces tests par SPECViewPerf 8.01, qui présente l’avantage de simuler des applications professionnelles particulièrement lourdes en bande passante.

SPECViewPerf 8.01
LogicielK8T890 Xpress 200 nForce 4
3DSMax16,916,917,1
Catia12,512,2
13,4
Ensight20,220,220,3
Lightscape11,611,611,6
RMaya18,318,418,3
Pro/Engineer12,711,516,5
Solideworks9,68,413,4
Unigraphics16,416,616,5

Le nForce 4 se révèle ici plus performant sur une majorité d’applications, ce qui provient en partie de chaque résultat de la page précédente. Toutefois, l’avance que nous avons mesurée sur Catia, Pro/Engineer ou encore Solideworks est très importante, et provient sans doute en partie de sa meilleure gestion du PCI Express.


Si l’avance du nForce 4 sur le Xpress 200 atteint 2,5 % en 640*480 sur Doom 3, celle-ci tombe à moins de 1 % dans une résolution jouable, c’est-à-dire rien.


L’avance en pratique est un peu plus élevée ici, avec 2,3 % de mieux pour le nForce 4 par rapport au Xpress 200. En 640*480, c’est toutefois le K8T890 qui s’en sort le mieux avec une avance de 4 %.


Far Cry est 3 % plus rapide sur nForce 4 que sur Xpress 200 : là encore, l’écart reste relativement faible.


Avec Lame MP3, la différence entre les trois chipsets ne dépasse pas 0,5 %, c’est-à-dire strictement rien au vu de la marge d’erreur de ce test.


Winrar nous procure encore le même constat.

Spécificités

Xpress 200

L’Xpress 200 intégrant un IGP dérivé du X300, nous avons voulu vérifier les performances en pratique de ce type de solution. Pour rappel, la MSI RS480M2-IL est dénuée de mémoire dédiée ce qui nous oblige à nous restreindre à la mémoire centrale via l’Hypermemory, configuré à 128 Mo. Notez que le processeur (A64 4000+) et la mémoire (DDR400 en dual channel) avantagent les chiffres absolus obtenus par cette solution, qui se destine avant tout à l’entrée de gamme.


Malgré cela, nous avons été relativement déçus des résultats : Doom 3 reste injouable dans tout les cas, avec 13,2 images/secondes mesurées sur notre démo de test en 800*600, détails minimum. Far Cry tourne à 46,5 images/secondes en 1024*768 détails minimum, mais en mode benchmark. En pratique, il faut redescendre au 800*600 pour pouvoir commencer à oublier les saccades et rentrer dans le jeu. Quand à Ground Control 2, il obtient 21 images/secondes en 800*600 détails élevés, ce qui n’est pas vraiment exploitable en pratique.

Bref, si ces performances sont supérieures aux chiffres que nous obtenions sur l’i915G, cela reste anecdotique dans la mesure où il n’est toujours pas possible de jouer dans des conditions raisonnables aux jeux 3D actuels, même sans être exigeant (la présence de mémoire dédiée SidePort n’aurait pas fondamentalement changée les chiffres). L’Xpress 200 doit donc se cantonner à la 2D, où la fonctionnalité SurroundView pourra en revanche en intéresser certains. Il s’agit de la possibilité d’utiliser la ou les sorties vidéo disponibles via l’Xpress 200 en plus des sorties d’une carte graphique PCI Express, pour atteindre 2, 3 voir 4 moniteurs. Reste que la plupart des cartes graphiques actuelles permettent de gérer le bi-écran, et que le passage au tri-écran ou quadri-écran représente un investissement qui devient très important, surtout s’il faut se restreindre à de la 2D. Par ailleurs, la limitation de cet IGP à un seul DAC est relativement pénalisante, empêchant par exemple l’utilisation simultanée d’une sortie VGA et d’une sortie TV via l’Xpress 200.

nForce 4

Le nForce 4 présente deux spécificités qui méritent quelques tests. Il y a d’abord le SLI sur lequel nous nous sommes plus particulièrement penchés dans cet article. Les choses n’ont pas encore franchement évoluées depuis à son sujet, cela reste une solution relativement lourde à mettre en œuvre (bruit, prix, alimentation, refroidissement boîtier) pour des gains qui ne sont vraiment intéressants qu’avec un CPU haut de gamme et deux 6800 GT, en l’absence de 6600 GT 256 Mo. De plus, n’oublions pas le rapport performances/prix excellent de la X800 XL qui est en outre disponible dans des versions sans ventilateurs (Gigabyte), au contraire de la 6800 GT. Les choses semblent en revanche aller mieux du côté des drivers, avec de nombreux nouveaux profils de jeux configurés sur les ForceWare 75.90 (non officiels).


La situation la plus en vue par une majorité d’acheteurs semble être l’acquisition d’une 6600 GT (elle aussi dotée d’un excellent rapport performances/prix) aujourd’hui, en se laissant la possibilité d’en installer une seconde plus tard. Ce n’est malheureusement pas la meilleure utilisation possible du SLI, et les gains seront présents mais loin d’être de 100 %. Si de plus vous avez l’habitude de revendre d’occasion votre carte graphique au moment de passer à la génération suivante, il semble qu’il soit plus sage de se baser sur le rapport performances/prix actuel des GPU pour faire votre choix, plutôt que de vouloir absolument se réserver la possibilité d’utiliser sa carte en SLI plus tard. Les cycles de renouvellement des GPU restent relativement rapides, tout comme l’augmentation régulière du rapport performances/prix des cartes de milieu de gamme : l’histoire du matériel informatique aurait plutôt tendance à prouver qu’il est inutile de spéculer à trop long terme pour choisir son matériel.

Certes, des cartes comme la 5900 Ultra contredisent quelque peu ce tableau, puisque clairement plébiscitée et reconnue comme supérieure à la 9800 Pro lors de sa sortie, à moyen terme les jeux DirectX 9 ont eu raison de cette supériorité avant que ces cartes ne deviennent obsolètes !

Le deuxième point spécifique au nForce 4 concerne l’association de l’Ethernet Gigabit avec un Firewall pris en charge de manière complètement matérielle. La gestion de l’Ethernet Gigabit est clairement très bonne ; en réalisant quelques rapides tests entre deux cartes mères nForce 4 et NTttcp (l’outil de test réseau Microsoft bien pratique), nous avons mesurés des débits de l’ordre de 920 Mb/s avec des données pré-chargées en RAM. Le Firewall implémenté par nVidia est également particulièrement efficace face à des solutions logicielles sur le plan de la sécurité, des fonctionnalités supportées ou de la souplesse de mise en œuvre. Techniquement toujours et pour terminer la chaîne, la prise en charge matérielle est également une réussite puisque dans le cas du filtrage d’un trafic réseau atteignant le Gigabit, l’ActiveArmor fait tomber l’utilisation CPU à 15 % contre 75 % pour solution logicielle à base du Firewall Norton.


Tout cela ne doit toutefois pas faire perdre de vue le fait que cette débauche de puissance n’entre pas vraiment en adéquation avec les besoins réels des utilisateurs. Avant de pouvoir soutenir le débit permis par l’Ethernet Gigabit du nForce 4 (soit environ 120 Mo/s), prévoyez en effet une array de deux Raptor II en RAID 0 pour chaque machine, et encore vous risquez d’être limité vers la fin des disques. De même, le Firewall intégré en standard à Windows XP SP2 paraît suffisant avec un système à jour niveau sécurité et vu les débits actuels permis par l’ADSL, en attendant la Freebox V35… ne parlons même pas du cas, très fréquent, où le PC relié à Internet se trouve derrière un routeur qui rendra totalement inutile tout Firewall sur cet ordinateur.

Bref, nVIDIA a voulu surfer sur la vague de la sécurité liée à Internet, très à la mode en ce moment, mais nous pensons qu’une majorité d’utilisateurs auraient plus bénéficié d’autres fonctionnalités comme le SoundStorm 2, le Matrix Raid ou encore la séparation du chipset en un traditionnel couple northbridge/southbridge, qui aurait peut-être permis l’éviction des ventilateurs bruyants dont sont munies toutes les cartes mères nForce 4.

Conclusion

Récapitulatif des fonctionnalités de base (avec les southbridge actuels)

K8T890 Xpress 200 nForce 4
Liens PCI Express
202020
Connecteurs S-ATA
24 (2 + 2)
4
Connecteurs P-ATA
222
RAID0, 1, 0+1, JBOD0, 10, 1, 0+1, JBOD
SATA II 2.0 + NCQNonNonOui
Ethernet10/10010/10010/100/1000
Ports USB
8810
SonAC’97 / Vinyl Audio
AC’97AC’97
Vidéo
Non
IGP X300
Non
ExtrasNon
NonSLI, Firewall matériel, nTune
Gravure.15µ
.13µ.15µ
Ventilation nécessaire
Non
NonLa plupart du temps

A l’issu de ce comparatif, il est indéniable que le chipset sortant nettement du lot est le nForce 4. Celui-ci se distingue des autres par trois points : le niveau de fonctionnalités intégré, les performances, et l’ensemble des utilitaires associés. Un des éléments jouant de plus en sa faveur, et que l’on craignait pourtant lors de son annonce, est son prix : la version standard du nForce 4, bien qu’assez limitée (pas de S-ATA II et donc de NCQ, de l’ActiveArmor, ni du nTune), se retrouve sur des cartes mères aux environ de 100 €, contre 110 € à 150 € pour les premières cartes nForce 4 Ultra à SLI. Même si les modèles les plus poussés dépassent les 200 € (overclocking extrême avec DFI, chip son Creative 100 dB avec MSI). C’est donc aussi ces tarifs raisonnables qui élisent le nForce 4 comme meilleur chipset actuel pour Athlon 64, car malgré les efforts indéniables de nVIDIA, les écarts de performances en pratique restent très faibles dans la plupart des cas, et les fonctionnalités gérées par le nForce 4 ne sont pas toutes aussi intéressantes que celles du nForce 2 en son temps, même si certaines valent le détour. Et vu que tout cela est proposé au même tarif que les chipsets/cartes mères concurrentes, la question ne se pose pas vraiment.

MAJ : Toutefois, le point noir de ce chipset reste son bruit, puisque la quasi-totalité des cartes mères nForce 4 disponibles en France sont munies d’un ventirad, la faute principalement à un design constitué d’une seule puce au lieu de deux (et d’une orientation certaine du chipset vers l’overclocking). Il existe toutefois deux exceptions : la nouvelle version de la Gigabyte K8NF-9, et la Chaintech VNF4, ces deux cartes mères étant encore très peu disponibles.

VIA signe avec son K8T890 un chipset sans défaut particulier mais également sans avantage quelconque, arrivant de plus assez tard bien qu’ayant été annoncé comme premier chipset PCI Express pour AMD. Sa présence se résume en fait principalement à une carte : l’A8V-E Deluxe d’Asus, qui reste d’ailleurs un peu plus chère que la fameuse A8N-SLI, cette dernière paraissant donc autrement plus intéressante bien que dénuée du Wi-Fi. Autre problème de l’A8V-E : la présence du même ventilateur de chipset que celui de l’A8N, alors que le K8T890 peut parfaitement s’en passer.

L’Xpress 200 d’ATI est la plus grosse déception de ce test. Le problème ne vient pas tant du chipset en lui-même que dans la pauvreté de son exploitation par les cartes mères actuelles, ou plutôt de la seule carte mère actuellement disponible : la MSI RS480M2-IL. Il y a clairement moyen de faire bien mieux comme l’a prouvé ATI lors du lancement avec les samples de cartes mères « Bullhead », ou dans le domaine de l’intégré pour PC Home Cinema notamment. Si cette carte mère MSI est particulièrement décevante, ne lui enlevons cependant pas son unique intérêt : il s’agit de la seule carte mère pour Athlon 64 disponible avec un IGP, permettant donc de se construire une machine 2D à moindre coût. Certes, un processeur Socket A sera encore plus économique et largement suffisant pour cet usage…

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