Le directeur de la technologie d’AMD confirme que des Ryzen hybrides sont bien au programme

Comme Intel, qui propose deux types de cœurs CPU avec la majorité de ses Core de 12e et de 13e générations, AMD va aussi adopter une conception hybride pour ses Ryzen. Selon Mark Papermaster, c’est le meilleur moyen d’améliorer les performances des processeurs.

En marge de l’ITF World, qui s’est déroulée à Anvers en Belgique, Paul Alcorn de Tom’s Hardware US a interviewé Mark Papermaster, directeur technique et vice-président directeur de la technologie et de l’ingénierie d’AMD depuis 2011. Un long entretien que nous allons tenter de résumer en quelques lignes.

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© AMD

Pour la version très courte, Mark Papermaster a confirmé qu’AMD allait introduire une architecture hybride associant différents types de cœurs CPU dans sa gamme Ryzen grand public. Il a également insisté sur l’intégration d’accélérateurs spécifiques, comme le moteur Ryzen AI. Enfin, il a abordé trois autres thématiques : le recours à l’IA dans la conception des processeurs, l’empreinte environnementale de la fabrication des processeurs et les stratégies de refroidissement au sein des centres de données.

Davantage de cœurs CPU, mais surtout des cœurs variés

Interrogé sur la quantité maximale de cœurs CPU des processeurs Ryzen (bloquée à 16 depuis quelques générations alors qu’elle a augmenté de 50 % avec les EPYC 9004), Mark Papermaster a répondu :

« Ce que vous allez voir dans les PC, ainsi que dans les centres de données, c’est une plus grande segmentation des SKU et des processeurs sur mesure […] . Il y aura toujours un ensemble d’applications qui conviendront parfaitement aux configurations actuelles, parce que certains logiciels et applications n’évoluent pas rapidement. Dans certains cas, vous aurez besoin d’un nombre de cœurs de CPU fixe, mais d’une accélération supplémentaire. Ainsi, si vous regardez ce que nous avons fait pour les ordinateurs de bureau Ryzen, nous avons ajouté un GPU à notre CPU […]. L’autre exemple dans les PC sont les Ryzen 7040 ; nous avons en fait ajouté de l’accélération IA directement dans l’APU [référence au moteur Ryzen AI]. »

Mais ce que vous verrez aussi, c’est une plus grande variété de cœurs eux-mêmes, vous verrez des cœurs à haute performance mélangés à des cœurs économes en énergie mélangés à de l’accélération. Paul, ce vers quoi nous nous dirigeons maintenant, ce n’est pas seulement vers des variations de la quantité de cœurs, mais aussi vers des variations du type de cœur et de la manière dont vous configurez les cœurs. Il ne s’agit pas seulement d’optimiser les performances ou l’efficacité énergétique, mais aussi d’empiler les caches pour les applications qui peuvent en tirer parti et les accélérateurs que vous placez dans la puce ».

À la question de Paul Alcorn « peut-on donc dire sans risque de se tromper qu’une architecture hybride va arriver sur les PC grand public ? », Mark Papermaster a explicité : « Absolument. C’est déjà le cas aujourd’hui, et il y en aura d’autres ».

Le recours à l’IA dans la conception de puces

Au sujet de la conception assistée par l’intelligence artificielle, Mark Papermaster a précisé que c’était l’une des priorités d’AMD, en soulignant que « l’IA faisait un travail extraordinaire en ayant un appétit infini pour l’itération jusqu’à ce que l’on obtienne une solution vraiment optimale ». Il ajoute néanmoins qu’il « ne s’agit pas seulement d’itérer ; nous pouvions le faire auparavant. Il s’agit d’itérer et d’apprendre, d’étudier les modèles qui ont permis d’obtenir la conception la plus optimale, ce qui permet d’accélérer le rythme d’optimisation de la disposition des éléments de conception de la puce et, par conséquent, d’améliorer les performances et de réduire la consommation d’énergie, tout comme nous le faisons en optimisant le partitionnement et le placement des chiplets. »

Un autre domaine dans lequel AMD a recours à l’IA est le processus de vérification et de validation, avec là encore, une approche qui permet de gagner du temps et d’économiser des ressources.

Pour clore cette partie par une approche plus globale sur le recours à l’intelligence artificielle dans les prochaines années, Mark Papermaster estime qu’elle ne « remplacera pas les concepteurs, mais pense qu’elle a une énorme capacité à accélérer la conception ». Il ajoute : « Ce n’est pas différent du processus créatif au sens large. L’IA générative remplacera-t-elle l’art ? Remplacera-t-elle les romans ? Non. Mais peut-elle contribuer au processus ? Peut-elle accélérer la création de certains éléments de base par un étudiant, qui pourra ensuite y ajouter sa propre réflexion ? L’IA générative contribuera-t-elle au processus créatif des artistes et des romanciers ? Oui. Et cela accélérera-t-il la conception de futures puces ? Absolument. Mais nous devons surmonter quelques obstacles à court terme. »

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L’impact environnementale des processeurs

Les deux autres thématiques abordées par notre confrère concernent l’impact environnemental de la fabrication de processeurs et le refroidissement des centres de données.

Concernant le premier sujet, Mark Papermaster renvoie plus ou moins la balle aux fondeurs, en expliquant qu’AMD est très dépendante de leur utilisation des matériaux et processus de fabrication – tout en indiquant que les concepteurs travaillent avec ces fondeurs pour trouver de nouvelles technologies réduisant l’empreinte carbone.

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La question du refroidissement des centres de données

Ce sujet n’intéresse certainement pas tout le monde, mais Paul Alcorn a également interrogé Mark Papermaster sur la consommation d’énergie des processeurs serveurs, dont les TDP ne cessent d’augmenter. Récemment, Gigabyte a évoqué des CPU et GPU consommant 600 W et 700 W pour les centres de données d’ici 2025. Notre confrère, qui se dit impressionné par les solutions de refroidissement mis en place par certains acteurs du marché, notamment par water cooling et immersion cooling, se demande si le refroidissement par air est voué à disparaître.

Voici ce que lui a répondu Mark Papermaster : « Nous ne voyons pas encore cette limite. Chez AMD, nous allons continuer à proposer des solutions refroidies par air. Mais ce que vous allez voir de plus en plus, c’est un sous-ensemble de clients qui veulent vraiment la plus haute densité de calcul, en tirant vraiment parti de l’efficacité et de la densité des cœurs dont nous disposons. Ils choisiront en option des solutions de refroidissement en boucle fermée. C’est déjà le cas aujourd’hui avec les systèmes basés sur Genoa.

Je pense que ce que vous verrez à l’avenir, c’est un véritable choix basé sur la façon dont vous choisissez d’optimiser votre centre de données. Voulez-vous exploiter l’infrastructure existante dont vous disposez ? Si c’est le cas, nous le soutiendrons, nous aurons des solutions refroidies par air pour cela. Construisez-vous un nouveau centre de données et souhaitez-vous l’équiper pour obtenir la plus haute densité possible ? Dans ce cas, vous allez adopter des solutions de refroidissement en boucle fermée. »

Source : Tom’s Hardware US

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